1x01 Glycérine - Episode Pilote
1x02 Glycerine Addict
1x03 Versus
1x04 In The First Flush Of Youth
1x05 Union don't make strength
1x06 The beginning of the end Season finale !

++ Final saison 1 de glycérine ++

1x06 The beginning of the end

Ecrit par Maeva et Lily

Dans l'ambulance transportant Lily, les ambulanciers étaient débordés. Elle perdait beaucoup de sang et était toujours inconsciente. Le temps était compté. Il fallait encore 5 minutes avant d'arriver à l'hôpital le plus proche. Le chauffeur appuya sur le champignon et de temps en temps, il entendait un "on va la perdre", ou encore un "on la ballone". L'hôpital avait été prévenu de l'arrivée d'une blessée grave : elle était touchée à l'épaule gauche, juste au dessus du cœur, et il était très rare qu'une personne ayant perdu autant de sang s'en sorte. Cependant, avec une Tueuse, tout était possible.

Générique

L'ambulance s'en était allée depuis environ 5 minutes. Maeva et Richard étaient toujours sous le choc. Ils revoyaient la scène en permanence dans leur tête, comme un film pour mauvais produit qui tournait en boucle dans une grande surface. Richard était immobile, toujours au milieu de la route. La circulation était toujours arrêtée. Il regardait en direction de la flaque... la flaque de sang de Lily. Il ne disait rien. Il était trop choqué pour parler, et trop préoccupée à se demander si il lui resterait suffisamment de sang pour pouvoir s'en sortir. Maeva, quant à elle, était tournée vers le magasin. Elle vit quelques gouttes de sang au sol. C'était celui de Jao. Soudain elle se rendit compte qu'elle tenait toujours le fusil. Elle le lâcha immédiatement et le regarda, horrifiée. Cette chose venait de tuer. Elle sentit la rage l'envahir. Pas contre Jao, ni contre les cambrioleurs... mais contre le fusil lui-même. Comment une si petite chose pouvait-elle faire autant de mal ?
Richard la rejoignit. Il prit l'arme et la mit dans une poubelle.
Maeva : Je ne comprend pas.
Richard : Personne ne le peut.
Maeva : Je veux dire... ce monde...encore une vie a été prise. Et peut-être celle d'une amie.
Richard : Elle était là au mauvais moment.
Maeva : Il n'y a plus de bons moments...écoute...
Richard : Ecoute quoi ?
Maeva : Là...le silence...ce silence...
Richard : Je l'entend.
Maeva : On dirait que rien ne s'est produit. Dans cinq minutes tout le monde fera comme si rien ne s'était passé. Même la police. C'est la violence qui cause ce silence. Je me demande...qui sont ils en train de tromper ?
Richard : Sûrement pas nous.
Maeva : Exactement...mais tu vois...malgré ça on a rien pu faire.
Richard : Si t'avais pas été là ça aurait été pire. Dis toi que t'as peut-être sauvé des vies.
Maeva : Ouais... mais pas celle que j'aurais voulu sauver.
Richard : Tu ne peux pas sauver tout le monde Maeva ! Dans un futur plus ou moins proche il y aura forcément des morts autour de nous.
Maeva : Ce futur dont tu parles vient de nous passer sous le nez...
Richard : Faut pas dire ça. Ils vont la sortir de là.

Maeva s’énerva et balança un énorme coup de pied dans la poubelle qui contenait le fusil.

Maeva : Richard réveille toi ! C'était pas un démon ou un mauvais sort ! C'était un vrai fusil avec une vraie balle ! Et Lily est humaine...comme toi , comme Spikounette...comme...oh mon Dieu Spikounette !!
Richard : Faut la prévenir !
Maeva : Je l'avais oubliée ! Mais comment on va lui dire ça !
Richard : On va la voir. Maintenant.

Richard et Maeva s'en allèrent. Ils laissèrent derrière eux le fusil, et le sang... tout ce sang.

A l'hôpital, les ambulanciers sortaient le brancard de leur ambulance. Deux médecins et deux infirmières arrivèrent en courant. L'un des ambulanciers fit un bilan rapide :
"Jeune fille de 18 ans, plaie par balle à l'épaule gauche, a perdu 300 cc de sang en cours de route et bien plus sur les lieux, retrouvée inconsciente. Tension : 9, Pouls : 70 et peu discernable. PO2 normale. Saturation à 70. Elle est stabilisée pour l'instant."
Les médecins filèrent droit en salle de chirurgie : il fallait retirer cette balle où elle allait y rester. Plusieurs médecins se battaient afin d'enfiler une combinaison stérile. Il n'était pas question de perdre une seule seconde.

Cependant, Jao, menotté et escorté par 3 hommes, pénétra dans l’enceinte du Commissariat : la salle centrale était si fortement éclairée que Jao cligna des yeux en y pénétrant. Il avait une large plaie sur la joue, celle du coup de couteau, que l’infirmière du Commissariat avait pris soin de cautériser…Le coup de couteau…pensa-t-il…CE coup de couteau…ce coup, cette entaille, ce petit filet de sang qui avait coulé le long de sa joue…qui avait provoqué sa fureur…et blessé, peut-être tué une amie…
Pourquoi avait-il fallu qu’elle passe par là, à cet instant, à l’instant fatidique où, sous la colère, il avait tiré…où, sous un élan de rage, de souvenirs remontant à la surface et qu’il avait tenté d’étouffer pendant si longtemps, il avait pressée cette putain de gâchette…pourquoi ? Mais si on se demandait toujours « pourquoi », la vie n’aurait plus aucun sens…plus aucun but…les hommes appellent cette impuissance la fatalité…foutue fatalité !
Jusque là, il n’avait jamais vraiment ressenti ce poids…le poids de la fatalité, d’une chose écrite à l’avance…le poids du passé faisant de nouveau surface…le poids d’une vie arrachée…le poids d’une amie perdue – peut-être à tout jamais…le poids de la conscience…SA conscience !
Elle aurait dû passer plus tard…ou plus tôt…ou changer de trottoir…mais le destin en avait voulu autrement…Malgré la force et le courage dont elle avait fait preuve la veille, le destin demeurait le seul ennemi invisible contre lequel personne ne pouvait lutter…et ça, Jao venait de l’apprendre, non pas à ses dépens, il se désintéressait de ce qui allait lui arriver…à lui et…à son âme…sa pauvre âme torturée…mais Lily…il ne pouvait concevoir…imaginer un instant…ses compagnons de guerre…à un enterrement…à SON enterrement…sa conscience ne pourrait le supporter…non…c’était impossible pour lui d’imaginer la fin…dès le début…

C’est ce qu’il médita tout le trajet durant, mais les agents le tirèrent de sa pensée en l’emmenant alors dans une petite pièce, où ils le firent asseoir. Un homme grand, costumé, assez âgé, fit son entrée et s’approcha de Jao, lui parlant froidement :
Homme : Bonjour Monsieur. Comment vous appelez vous ?
Jao ne répondit pas, il regardait sans cesse ses mains, et semblait ailleurs.
Homme : Je vous parle Monsieur ! Comment vous appelez vous ?
Aucune réaction.
L’agent tapa sur la table. Jao sursauta et sortit de sa méditation :
Homme (haussant le ton): Je vous ai posé une question ! Comment vous appelez vous !
Jao : Euh…Jao…Jao Paulo…
Homme : Parfait.
Il appela un autre agent d’un signe de l’index et du majeur:
Homme : Faites des recherches sur lui, je veux toute sa vie, de sa première couche à sa dernière chaussette en passant par ce qu’il a bouffé à midi…je vais le coincer…
Agent : OK j’y vais !
Dès que l’agent eut claqué la porte de la pièce sombre, l’homme repris son interrogatoire : ils étaient désormais seuls, l’un en face de l’autre :
Homme : Bon, êtes-vous au moins conscient de ce que vous avez fait ?
Jao (dans le vague) : J’ai tué un homme et blessé une amie…
Homme : Vous prenez ça à la légère…votre « amie », qui ne l’est sûrement plus désormais, est entre la vie est la mort…elle ne sortira peut-être même plus jamais de cet hôpital où vous l’avez emmenée… !
Jao écoutait ces paroles, semblait les « boire », pour ensuite les ressasser, les méditer, les cogiter, afin de torturer bien plus encore sa conscience…
Jao : Je…c’est…non…c’est que…(se rendant à l’évidence, l’air abattu bien plus encore qu’à son arrivée)…c’est vrai…
Homme : Vous ne niez donc pas les faits ?
Jao : J’ai tué…enlevé une…deux vies…
Homme : Arraché carrément ! Qu’est-ce qui vous a pris ?
Jao (dans le vague) : Si seulement je le savais…
Homme : Bon, reprenons…que faisiez-vous tout à l’heure ?
Jao : J’embauchais des amis…
Homme : La vitre cassée ?
Jao : Ils venaient de la casser, et je leur proposait de rembourser le coût de la vitrine par des services…
Homme : Ensuite ?
Jao : Je…tout est allé si vite…j’ai…oh mon Dieu…qu’est-ce que j’ai fais…mais qu’est-ce que j’ai fais ?
Homme (s’énervant, en se rapprochant de Jao et haussant la voix): Je vais vous rafraîchir la mémoire, moi : des témoins oculaires ont décrit la scène : des braqueurs, ils vous ont dit de vider la caisse pendant qu’ils se servaient du « matos », et vous nous avez alors appelé…là, ils partent, vous blessent légèrement, et vous vous saisissez d’une arme, vos 2 « amis » tentent de vous rattraper…mais trop tard, le mal est fait…première victime ! Ensuite, une jeune fille passant par là se reçoit une balle perdue…non…VOTRE balle perdue ! La première victime meurt sur le coup, le cœur a littéralement éclaté, la seconde victime est touchée au dessus du cœur, et se trouve, je dirais, physiquement, en ce moment dans une salle d’opération en train de se faire déchiqueter par la faute de qui ?…VOUS ! Le carnage aurait pu durer bien plus longtemps si une « amie » ne vous avait pas empêché de finir votre atroce « dessein », je dirais même mission !
Jao répéta ce mot…mission…il l’avait entendu la veille lors du combat, pensa-t-il…mission…
Jao n’ajouta rien d’autre.
Homme : C’est bien ce qui s’est passé ?
Jao : Oui…
Homme : Pourquoi avez-vous tiré ?
Jao : Je n’en sais rien…
Homme : D’accord, alors vous tirez trois fois, faites deux victimes, mais vous ne savez pas pourquoi ?
Jao : Je…j’étais énervé…
Homme (criant): LA, je suis énervé : j’aimerais vous voir crever…mais je me retiens, bien que mon flingue se trouve juste à ma gauche…
Jao : Je…j’ai craqué…il m’avait blessé…j’ai pas apprécié…et…je ne sais pas…j’avais plus conscience de ce que je faisais…elle…et je …quand j’ai tiré…j’ai trahi…trahi sa confiance…plus jamais…elle a dû penser…et…oh non…pourquoi…je…pardon…je…oh…je n’oserais plus jamais la regarder dans les yeux…
Homme : Encore faut-il qu’elle les rouvre un jour ! Bon, pour la victime numéro 1, j’ai un casier bien rempli et ce qu’il me faut sur le mobile, mais parlez-moi un peu de la victime numéro 2 ? Vous dîtes qu’elle est votre « amie » ?
Jao : Une fille…
Homme : Arrête, sérieux ? (criant) : Arrête de t’foutre de ma gueule ! Des gars comme toi, j’en fous tous les jours en taule à perpet’ pour moins que ça…
Jao : Elle était différente…
Homme : Différente ?
Jao : Oui…juste…différente…
Homme : Comment l’avez-vous connu ?
Jao (bas, dans le vague) : Elle et Maeva…y’avait quelque chose qu’elles me…qu’elles nous cachaient…
Homme : Je déteste les devinettes, par contre, je suis sûr que les taulards apprécieront les vôtres !
Jao : Un mystère…
Homme : De quoi parlez-vous ?
Jao : Le mystère…de ce lien…pas de l’amitié…elles se haïssent…mais pour cacher cette amitié…pourtant…leur rôle…mais j’ai dû briser ce lien…si elle meure…
Homme : J’en ai assez ! Quelles étaient vos relations avec la victime numéro 2 ?
Jao : On s’était connu la veille grâce à Maeva…
Homme : C’est tout ?
Jao : C’est tout…
Homme : J’en reviens à ma question : pourquoi avoir tiré ? Pourquoi un homme comme vous, propriétaire d’une boutique, d’âge mûr, poursuivant des études, aurait une réaction si…
Jao : Immature ? (laissant échapper un petit rire) Si je le savais…
Homme : Vous êtes donc atteint d’un grave problème mental, si vous-même ne pouvez contrôler et comprendre vos faits et gestes…
Jao : Non…c’est…c’est…le passé…il est…remonté…il m’a transpercé de nouveau…tout comme les balles…qui l’ont transpercé...qui LES ont transpercées…toutes les deux…
Homme (se rapprochant, intéressé): Toutes les deux ?…

A cet instant, Richard et Maeva arrivèrent devant la porte d'entrée de Spikounette. Ils n'étaient jamais venus auparavant et jamais ils n'auraient pensé venir ici pour la première fois avec une telle nouvelle à annoncer. Maeva s’arrêta un instant.
Richard : Qu'est ce qu'il y a ?
Maeva : J'y arriverais pas.
Richard : Il faut que quelqu'un le fasse.
Maeva : J'ai la trouille.
Richard : On a tous la trouille. J'ai aussi la trouille, Jao a la trouille.... et ... Lily...
Maeva :... va peut-être y rester...

Richard venait de réaliser ce que Maeva venait de dire. Jusque là il n'avait cessé de se dire que tout allait bien, qu'elle allait s'en sortir et que ça n'était pas grave. Le lendemain tout rentrerait dans l'ordre et ils feraient à nouveau la chasse aux démons tous ensemble. Ces quelques mots étaient pleins de sens et pesaient lourd sur sa conscience. Et si il avait pu l’empêcher ? Et si il était sorti à temps du magasin pour rattraper les cambrioleurs ? Et si seulement il avait pu empêcher Jao de tirer ? Et si...et si ? Une larme coula lentement sur sa joue. Il venait de comprendre que leur amie ne reviendrait peut-être jamais.

Maeva : Richard... si tu cèdes toi aussi je m'en sortirais jamais...
Richard : Je...c'est pas possible...

Maeva ne dit rien et le prit simplement dans ses bras. Sans dire un mot. Ils restèrent ainsi quelques minutes. Soudain Maeva inspira profondément et toqua à la porte.
Spikounette ouvrit.

Spikounette : Tiens...salut ! Ca va ?

Maeva et Richard ne répondirent pas. Spikounette comprit de suite que quelque chose n'allait pas. Elle les fit entrer et ils se dirigèrent vers le salon.

Maeva : Spikounette... écoute...on a quelque chose à te dire.
Spikounette : Vous avez pleuré. Ca se voit.
Maeva : C'est Lily...

Spikounette sentit son sang ne faire qu'un tour. Lily ? Quelque chose était arrivé à Lily ? C'était impossible. Elle l'avait vue à peine 1 heure auparavant.

Spikounette : Elle vous a raconté la dispute c'est ça ?
Richard : Non c'est beaucoup plus grave que ça..
Maeva : Elle... elle s'est fait tiré dessus...
Spikounette : Quoi ? Non je l'ai vu tout à l'heure elle allait bien !
Maeva : C'était y'a une demi heure...
Richard : On était dans un magasin...
Maeva : Des cambrioleurs sont arrivés...
Richard : Lily passait par là et ça a mal tourné...
Spikounette : Non c'est pas possible ! Dîtes moi que c'est pas vrai !
Maeva : Quelqu'un lui a tiré dessus Spikounette...
Spikounette : Mais elle sait se défendre ! Les démons elle les connaît !
Maeva : C'était Jao...

En salle d'opération :
Médecin : On fait NFS, chimie, iono, gaz du sang... Je veux trois poches d'O négatif...
Chirurgien : Pupilles réactives, bon réflexes, on l'intube !
Infirmière : La tension continue de baisser...
Médecin : Tube de 6 et demi... On passe 3 ml d'albucétol...
Chirurgien : Plateau de trachéotomie...
Médecin : Intubation réussie, on la ballone !!
Infirmière : Saturation à 60... on va la perdre... le rythme cardiaque ralentit...
Chirurgien : On l'ouvre... je ne vois pas la balle... ça pisse le sang...
Médecin : On passe encore deux poches d'O négatif !
Infirmière : La saturation chute encore... on en est à 50 !
Chirurgien : Oh non l'artère est touchée !
Médecin : On clampe !
Infirmière : Pouls à 30... on la perd...
Infirmière entrant en trombe : On a les résultats de la NFS ! Hématocrite à 20% ! Elle a perdu trop de sang !
Chirurgien : Lame de 11 ! Pince de 10 !
Infirmière : Electrocardiogramme plat !!!!!
Chirurgien : J'y suis presque !
Médecin : Chariot de réa ! Chargez les palettes à 150 ! On dégage ! "TCHAAAAAAAAAK"
Chirurgien : J'y suis ! Artère clampée ! J'enlève la balle !
Médecin : Ok rythme sinusal normal...
Infirmière : La tension remonte...
Chirurgien : J'ai la balle !
Médecin : Pouls à 90 ! On l'a récupérée !
Infirmière : Elle est stabilisée...
Chirurgien : On l'a sauvé...
Médecin : Bon... on nettoie la plaie et on referme... on la met sous antibios... bipez moi quand elle reviendra à elle... (il s'en alla)
Chirurgien : Bon boulot tout le monde.

Au Commissariat, l’interrogatoire venait de se terminer, il avait duré près de 2 heures. Jao, une goutte de sueur perlant sur son front, se leva lourdement, retenu de chaque côté par un agent. Il fut mené de nouveau à la grande salle, assis sur une chaise. Ses empreintes furent prises, et un homme se présenta à lui :
Homme : Bonjour Monsieur…(il consulta son carnet) Paulo (il ferma en un gros bruit son carnet, ce qui « réveilla » Jao). Je me propose d’être votre avocat commis d’office si vous refusez de faire appel à un avocat de votre propre chef…
Jao (en pensée, pendant que l’avocat lui lisait ses droits) : Encore un constipé habillé en pingouin…il compte se faire une réputation sur mon affaire…de toutes façons…peut importe…même si j’en ressors libre, physiquement…cette image…et ce sang…rien…tout restera…faut que je sache…
Homme : …Qu’en pensez-vous ?
Jao : Quoi ? Pourquoi vous me posez autant de questions ? Je…enfin…en réalité…vous vous foutez vraiment de tout ça hein ?
Homme : Ce n’est pas moi qui suis remis en question dans cette affaire Monsieur !
Jao : Bon, alors occupez-vous de l’affaire…qu’est-ce qu’il faut encore ?
Homme : Votre accord…
Jao : Vous l’avez.
Homme : Signez ici.
Jao s’exécuta.
Homme : Je viendrais dans votre cellule très bientôt régler quelques…papiers…
Jao : Puis-je savoir comment se porte mon amie ?
Homme (un petit rire lui échappa) : Votre « amie » ? Vous rigolez ?
Jao : Non…elle est sauve ?
Homme : Allons…c’est le coup classique du type qui a des remords, le repenti, tout ça afin de bénéficier de l’affection du jury, remise de peine et…
Jao : Si vous le dîtes…comment va-t-elle ?
Homme : J’en sais peu, mais je crois qu’elle est stabilisée pour le moment…
Jao baissa la tête, signe de remerciement et afin de montrer aux agents sa disposition à quitter les lieux, puis se laissa emmener par les policiers. Ils lui firent descendre de grandes marches, et, escorté par deux agents, il longea une rangée de cellules et fut placé dans une pièce sombre et fermée avec une petite fente qui laissait échapper une raie de lumière. On le libéra de ses menottes, il fut installé sur un lit très peu confortable et abandonné là, seul…seul avec sa conscience…ses remords…Il avait l’impression d’être un martyr qu’on jetait aux lions…Il aurait voulu retenir les deux agents, bien que ne supportant pas leur présence…mais au moins, cette présence l’aurait empêché de se retrouver face à lui-même et à ses actes…il aurait voulu être amnésique…ne plus se souvenir de quoi que ce soit…du passé…que tout soit compressé et jeté, oublié, comme une feuille remplie d’encre rouge qu’on aurait froissée et mise de côté…mais trop tard : déjà, les agents avaient quitté la pièce…son âme allait le torturer…jusqu’à ce qu’il cède…c’était ce « face à face » qu’il redoutait le plus…

Cependant, dans la salle principale, l’homme qui avait interrogé Jao pendant quelques heures faisait son « debriefing » à son chef :
Homme : Ce gars là sera dur à foutre en taule…je ne sais pas si c’est de la comédie…en tout cas, il la jouerait très bien…mais il est secoué par tout ça…le meurtre…et la fille…et il a parlé non pas d’une fille blessée, mais de deux maintenant…
Chef : Winston, vous allez me régler ça…
Homme : J’ai essayé de lui en faire dire plus, mais il est resté…enfin, il a plus dit un mot sur ça ! J’ai tout essayé, toutes les questions possibles et imaginables, mais tout restait vague, flou. Il cache quelque chose…non, ELLES cachent quelque chose…cette « Lily » et son amie « Maeva »…j’en suis certain…et je découvrirai ce que c’est…
Chef : Winston, l’enquête n’est pas sur ces deux là, on sait même pas si la victime numéro 2 survivra, alors…
Winston : Ce « Jao » ne dira rien…je sais pas quoi penser…il a des remords…mais y’a quelque chose de bizarre…de mystérieux…il nous cache quelque chose…et je suis sûr que cette « Maeva » le sait !
Chef : Bon, est-ce qu’il a confirmé les témoignages et les accusations, ou a tout nié ?
Winston : Il se dit coupable…
Chef : Parfait, alors j’vais poser ce dossier chez le Juge d’Instruction, et à partir de maintenant, vous êtes hors de cette affaire : vous êtes censé intervenir sur le terrain et procéder à des interrogatoires ! Que j’vous vois pas en faire plus. Votre curiosité ne doit pas nous salir…nous le sommes suffisamment comme ça…
Winston : Mais je vous jure que ces deux là cachent quelque chose, j’dois interroger cette « Maeva » !
Chef : Il en est hors de question Winston ! L’enquête s’arrête ici, on a recueilli leurs témoignages, il est pareil que tous les autres otages ! On en reste là, et si vous fourrez votre nez trop loin, vous risquez…
Soudain, l’agent à qui Winston avait ordonné de faire des recherches sur Jao fit irruption :
Agent : Pardon, mais j’ai là des choses très intéressantes sur le détenu !
Chef : Dîtes-nous tout !
Agent : Joao Paulo, apparemment surnommé Jao. Il est impec’, pas une infraction au Code de la route, il n’a sûrement jamais traversé en dehors des clous ! D’après les voisins interrogés, il est exemplaire et n’a jamais fait preuve d’une quelconque violence. Il suit des études tout en étant propriétaire d’un magasin de sport pas loin de chez lui ayant appartenu à son grand père, vétéran de la Guerre du Viêt-nam qui a quelque peu « perdu la tête ». Il a reçu une bourse pour ses bons résultats à la fac. Il est blanc comme neige…
Winston : Comment ça ? Pas d’antécédents criminels ?
Agent : Bah non…
Winston : Y’a un début à tout…
Chef : Continuez…
Agent : Oui, mais par contre, son passé est plutôt…
Winston : On le tient…
Agent : Pas vraiment…il avait 15 ans lorsque sa mère est morte, tuée lors d’un cambriolage, et c’est lui qui a trouvé son cadavre. Son père l’a abandonné peu après, il a alors dû habiter chez son grand-père maternel, ce qui explique…
Chef : …qu’il ait réagi violemment parce qu’il se souvenait de ce qui s’était produit et nourrissait une haine sans borne aux braqueurs…c’était un moyen de se venger…Winston, vous êtes donc officiellement relevé de cette affaire ! Reprenez vos enquêtes. On tient tout. Vous témoignerez juste devant La Cour…
Winston : Mais, je suis sûr que…
Chef (d’une voix autoritaire): Vous pouvez retourner à vos fonctions !
Winston tourna les talons et parti. En quittant la pièce, énervé et déçu :
Winston (bas) : Je découvrirais ce qu’elles cachent…


Chez Spikounette, Maeva et Richard tentaient tant bien que mal de la réconforter. Mais le fait est qu'ils ne trouvaient rien à dire pour qu'elle se sente mieux tout simplement parce qu'eux même n'allaient pas bien.
Spikounette était effondrée. Elle venait de se disputer avec Lily est peut-être que celle-ci n'allait jamais pouvoir lui pardonner. Mais pour l'instant elle s'en fichait. Elle avait juste besoin de lui dire qu'elle tenait à elle, même si les circonstances avaient faites qu'elles ne se parlaient plus.
Et Jao ? Comment avait-il pu faire ça ?

Spikounette : Mais qu'est ce qui lui a pris bon sang !
Maeva : Ne lui en veut pas.
Spikounette : Quoi ? QUOI ? Tu oses le défendre ?
(Spikounette se leva et fit face à Maeva)
Spikounette (énervée) Il a tiré sur Lily et selon toi ce n'est rien ?
Maeva : C'est déjà trop...mais on peut rien y changer ! Qu'est ce que tu veux faire ?
Spikounette : Me venger pour commencer !
Maeva : Certainement pas ! Ce n'est pas en te vengeant que tu vas arranger les choses !
Spikounette (lui criant dessus) : ET TU CROIS QU'EN NE FAISANT RIEN CA VA S'ARRANGER ?

A ce moment Richard, se mit entre les deux jeunes filles. Il voulait protéger Maeva de la sorcière.

Richard : On se calme ici. Spikounette tu sais très bien qu'on ne peut rien contre toi alors c'est pas la peine de s’énerver. Puis ça ne changera rien. Recule.

Spikounette ne bougea pas et regarda Richard d'un air méchant en bredouillant quelque chose en latin.

Richard : RECULE !

Elle s'exécuta.
Spikounette : Y'a peut-être un autre moyen...
Maeva : Lequel ?
Spikounette : Je ne sais pas si ça peut marcher...disons que... qu'il y ait un moyen de la sauver... vous le feriez ?
Richard : Bien sûr ...
Maeva : Sans hésiter une seule seconde.
Spikounette (en réfléchissant) Peut-être que si deux humains y vont... non... en tout cas je ne peux pas y aller c'est sûr...on doit tenter le coup... mais c'est trop risqué...
Maeva : Je donnerais ma vie pour effacer ce qui vient de se passer.

Spikounette, entendant ces quelques mots, n'hésita plus.

Spikounette : Ecoutez moi. Il y a un seul moyen de la sauver. Mais je ne sais pas si va marcher.
Maeva : Explique.
Spikounette : C'est... risqué... mais faisable. Si vous y allez tous les deux.
Richard : Il faut faire quoi ?
Spikounette : C'est... de la magie noire mais c'est le seul moyen. Ca ne marche que si la personne a été tuée ou blessée par accident. Et c'est la cas pour Lily. Il faut que vous vous rendiez à l'est de la ville, je vous écris l'adresse ici. Quelqu'un vous accueillera, c'est un puissant sorcier... bien plus que moi... lui seul a le pouvoir de la sauver. Si vous réussissez les épreuves, il fera ce que vous voulez, en l’occurrence sauver Lily.
Richard (en éclatant de rire nerveusement) : SAUVER WILLY !
Maeva : Richard !
Spikounette : Oui bon... vous êtes prêt à le faire ?
Maeva : Ouais... ça sera quel genre d'épreuves ?
Spikounette : Physique et mentale. A vous deux vous pouvez y arriver.
Maeva : Très bien... on va y aller...
Spikounette (leur tendant l'adresse) : Bonne chance. Je vais foncer à l'hôpital. Et aussi prévenir la tante de Lily...
Richard : On y va...

Ils commencèrent à sortir, quand soudain Maeva se retourna.
Maeva : Spikounette ?
Spikounette : Quoi ?
Maeva : Une dernière question... pourquoi... pourquoi tu ne le fais pas ? Je veux dire... tu pourrais venir avec nous ?
Spikounette : Je l'ai déjà fait.
Maeva : Déjà fait ?
Spikounette : Quand les parents de Lily ont été tués. J'ai tout fait pour les faire revenir, y compris aller voir ce sorcier. Et on ne peut le faire qu'une seule fois.
Maeva : Et qu'est ce qui s'est passé ?
Spikounette : J'ai échoué...
Maeva : Tu as essayé. C'est ce qui compte.
Spikounette: Ne le dites pas à Lily. Elle n'est pas au courant.
Maeva : Ca lui aurait fait plaisir... mais je te le promet.
Richard : Pourquoi tu ne lui a jamais dit tout ce que tu as fait pour les faire revenir ?
Spikounette : Parce qu'elle aurait cru que je faisais ça pour qu'elle me pardonne et qu'elle me redonne sa confiance.
Maeva : Elle n'aurait jamais pensé ça.

Maeva et Richard sortirent. Spikounette réfléchit quelques instants à ces dernières paroles, ferma la porte, et espéra aussi fort qu'elle le pouvait que Richard et Maeva allait réussir, et surtout, qu'ils reviendraient vivant. Elle venait de les envoyer en enfer.

Salle 278.
Une infirmière poussa la porte de la chambre. Une odeur de renfermé mêlée à celle d’anesthésiques y régnait. Elle tenait une poche de Physio, et remplaça l’ancienne, désormais vide, par la nouvelle. Elle quitta la pièce pour revenir quelques minutes plus tard, deux poches de sang à la main, et fit de même. Enfin, elle vérifia que les tuyaux censés amener le sang et les nutriments à l’organisme n’étaient pas obstrués ou bouchés : tout était normal. Elle lit ensuite la fiche du bilan de la patiente et s’assura que tout était conforme, rajouta quelques mots à l’aide d’un stylo avant de tirer les volets, ne prononçant pas un mot et quittant la pièce.
Lorsqu’elle sortit, elle croisa un médecin, avec qui elle discuta de l’état de santé de la victime :
Infirmière : Elle est stable et tout va bien. Elle a une anémie, mais on lui a donné du fer il y a moins d’une heure.
Médecin : Elle a de la famille ?
Infirmière : Morts.
Médecin : Des amis ?
Infirmière : Ils ne sont pas venus.
Médecin : Interdisez les visites, et faites en sorte que personne n’entre dans la pièce. Pas d’amis, de flics et de médias au cas où…
Infirmière : Personne n’y est, je viens de vérifier.
Le médecin acquiesça de la tête et partit.

Cependant, toujours en salle 278.
Lily était allongée et endormie dans le lit, pâle, si pâle que ses veines ressortaient sur son front et ses joues. A sa droite se tenait un jeune homme, grand, habillé de manière très sombre. Lorsqu’il sortit des ténèbres pour s’approcher du lit de Lily, on pouvait distinguer le visage de celui qui avait averti la Tueuse du danger, « Poops ». Il lui prit la main, et, tout en la regardant :
Poops : J’t’avais prévenu fillette…mais on ne m’écoute jamais moi (il se mit à marcher à travers la pièce)…peut-être parce qu’on ne me voit pas…de toutes manières, je ne peux pas influer sur le futur…ni toi…ni personne d’ailleurs…
Il alla à la fenêtre :
Poops : Qu’importe…c’est la fin…ou le début…le début…le début de la fin…mais bon, tout ça, c’est comme la météo, c’est pas une science exacte…(il sortit une cigarette et un briquet, baissa la tête et l’alluma) Tu vois…(il expira)…ffff…la vie…(inspira)…c’te putain de vie…(il jeta la cigarette par terre)…merde, faut pas fumer…(il l’écrasa)…de toutes façons c’est mauvais pour la santé…
Il regarda au dehors en écartant deux lames des volets avec sa main et retourna au chevet de Lily :
Poops : Tu crois que j’suis venu là pour te parler de ma vie ? (il laissa échapper un rire) Pfff…non…disons que…c’est pour toi …et…l’éternité m’ennuie…premiers temps…tu t’amuses à voir les filles dans les vestiaires…puis tu vas tuer, voir ce que ça procure…puis enfin…tu restes devant la télé comme un con à voir des soaps de merde…je préfère le mouvement…
Il s’approcha encore et regarda de plus près Lily :
Poops : …Et les causes perdues…en tout cas, ton copain t’as pas loupé…même si j’avais pas prévu ce coup là…enfin…tout ce qui approche est très intéressant…et je serais là…peut-être pas où tu le crois…mais j’y serais…
Il s’éloigna un peu, prit une chaise, la rapprocha, la retourna et s’assit sur cette chaise à l’envers :
Poops : C’est fascinant…enfin…tout ce qui arrive…c’est pour ça que j’suis là…et pour être franc…c’est aussi pour toi que j’suis là…pas là, maintenant, mais là, pour de bon…hé oui fillette…tu sais pas ce qui t’attend…moi-même je le sais pas d’ailleurs…enfin, en détail…sinon, ce serait plus du jeu…c’est à cause des…
Soudain, il s’arrêta de parler, et se concentra quelques secondes :
Poops : J’dois te laisser, on a besoin de moi…tiens le coup…et saches que je ne suis pas ton ennemi…
Lily entrouvrit alors un instant les yeux, et eu le temps de voir Poops la fixer avec pitié :
Poops : Ni ton ami…
Puis il disparut. Elle referma lentement les yeux…

Quelque part à l'Est de Los Angeles, dans une maison abandonnée.

Maeva : Richard ! Derrière toi !

Richard se retourna, un vampire était sur le point de lui sauter dessus. Maeva lui lança un pieu qu'il saisit en plein vol. Aussitôt il le planta en plein cœur du vampire qui se désintégra en quelques secondes.

Richard : Waow ! C'est mon premier !
Maeva : Bienvenue au club !

A cet instant, des dizaines de vampires plus assoiffés de sang les uns que les autres, les entourèrent. Ils ne savaient plus que faire. Déjà trois heures qu'ils combattaient sans relâche. Les épreuves mentales avaient été très perturbantes mais ça n'avait été rien par rapport à la suite des événements. Spikounette avait précisé que cela serait dur, mais pas aussi terrible. Ils étaient dans un état pitoyable. Richard était couvert de sang, tout comme Maeva. L'épreuve des tortures avait été la pire de toute. S'ils étaient encore capables de combattre c'est bien parce que tout au long des épreuves ils étaient restés soudé. Le pire dans tout ça, c'est qu'il ne savaient pas quand tout cela serait terminé. Ils étaient à bout de force, et sur le point de se faire dévorés.

Maeva : Ah non ! Il triche celui là !
Richard : Regarde au fond y'a une épée au mur...
Maeva : On fonce !

Maeva et Richard foncèrent droit devant, comme une boule de bowling dégommant des quilles. Au passage ils réussirent à tuer deux trois vampires mais pas plus. Ils arrivèrent devant l'épée mais au dernier moment une étrange créature se mit entre eux et la fameuse épée... c'était sans doute un démon. En fait il avait l'air humain... mais ca ne voulait pas dire que ca n'était pas un vampire. Maeva prit son pieu et le pointa droit vers son cœur... mais rien. Le pieu venait de lui passer à travers.

Richard (se débattant avec un vampire) : C'est quoi ça !
Maeva : Vous aussi vous trichez !

Aussitot la créature lui prit le poignet et appuya si fort qu'elle lâcha son pieu. Richard lui sauta dessus et atterri lourdement sur le sol, il s’assomma. Lui aussi était passé à travers.

La créature : Je viens vous aider... Je m'appelle Poops.

Mais juste à ce moment là, un vampire sauta sur Richard et commença à boire son sang. Maeva voulu lui sauter dessus mais plusieurs vampires l'en empêchèrent. En un instant, des dizaines de vampires étaient en train de la cogner. Elle perdit connaissance en quelques instants, elle n'avait même pas eu le temps se sauver son ami.

Spikounette venait de trouver, dans de vieux cartons, le numéro téléphone de la tante de Lily…Elle hésitait : celle-ci détestait Spikounette. Elle se doutait de quelque chose, et, de plus, considérait que c’était par la faute de Spikounette que Lily était si absente, aussi bien le jour que la nuit…il faut dire que Lily n’appréciait pas beaucoup sa tante…elle lui reprochait de vouloir remplacer ses parents. Ceci causait de fréquentes disputes…
Spikounette pensait aussi que Lily essayait de la repousser afin de ne pas s’attacher à elle…pour que, si sa tante venait à mourir par sa faute, elle ne souffrirai pas autant que le jour de la mort de ses parents…
Spikounette sortit, se rendit à une cabine à proximité de l’hôpital pour se sentir plus proche de sa Tueuse, puis fouilla dans ses poches. Elle y trouva une carton blanc plié. Dessus était noté le numéro de téléphone de la tante de Lily. Elle mit quelques pièces dans l’appareil, pianota le numéro, et attendit…BIP BIP BIP…à chaque « BIP », son cœur faisait des bonds dans sa poitrine…par quoi allait-elle commencer…et la tante de Lily allait lui en vouloir, lui dire que tout était de sa faute…et c’était bien vrai…mais il le fallait…on ne peut cacher ce genre de choses…ce n’est plus le moment de cacher quoi que ce soit…on ne joue plus…
Enfin, après plusieurs secondes d’attente, une femme décrocha :
Interlocutrice : Allô ?
Spikounette : Oh mon Dieu…
Interlocutrice : Allô ?
Spikounette perdit aussitôt tous ses moyens en entendant la voix de la femme…tout resurgit à la surface…le passé, les premières patrouilles…la mort des parents de Lily…l’incident…l’enterrement…
Interlocutrice : Allô ? Y’a quelqu’un ?
Spikounette, sans réfléchir, raccrocha. Elle remit le combiné en place, lentement, puis se laissa glisser le long de la cabine au sol. Elle sanglota en silence quelque secondes, mais soudain, quelqu’un tapa à la vitre de la cabine :
Homme : J’ai besoin d’appeler, sortez de là !
Spikounette se releva aussitôt, sortit de la cabine, et saisit l’homme par le cou, le soulevant au-dessus du sol. L’homme agrippa ses doigts à ceux de Spikounette afin de se « libérer » mais elle était trop forte. Puis soudain, Spikounette ferma les yeux, et réalisa qu’elle agissait mal. Elle jeta l’homme à terre, puis se mit à courir en direction de l’hôpital…

De retour à la maison abandonnée de Los Angeles Est.
Par terre, les corps de Maeva et Richard gisaient. Poops était debout en train de faire les cents pas.

Poops : Pourquoi j'ai fait ça...

D'un coup, Maeva repris connaissance.

Maeva (se tenant le bras de douleur) : Aaaah.... qu'est ce qui s'est passé ??

Poops : Bon réveil ! Ca va mieux ? Mauvaise posture tout à l'heure ! Mal quelque part ? Ils se réveille votre ami ? Ah au fait ! Je suis Poops !

Maeva : Oui ca vous l'avez déjà dit ! (elle se penche au dessus de Richard)
Richard (se réveillant) : Maman je suis au paradis !
Maeva : Richard c'est moi !
Richard : Je me disais aussi... (voyant Poops) Aah ! Encore un !

Maeva et Richard étaient tous deux dans un piteux état. Richard avait terriblement mal aux côtes. Plusieurs étaient sans doute cassées. Sa jambe lui faisait très mal, son visage était en sang, ses vêtements déchirés. Maeva ne s'en sortait pas mieux. Elle avait un poignet cassé, des bleus partout, la lèvre en sang, l'arcade explosée. Elle discernait à peine le visage de Poops à travers le sang qui coulait sur ses yeux.

Maeva : Merci. Je sais que c'est grâce à vous si on est toujours là.
Poops : Non non non ! Vous ne me devez rien.
Maeva : On est toujours en vie ?
Poops : Oui.
Richard : Les épreuves sont terminées ?
Poops : Je pense.
Maeva : Alors c'est grâce à vous. Mais vous êtes qui bon sang ? Poops ? Ca me dit quelque chose!
Richard : Ouais moi aussi...
Poops : J'ai quelque chose pour vous...

Il leur tendit une fiole contenant un liquide verdâtre.

Poops : C'est pour votre amie. Ceci la sauvera.
Maeva : C'est de vous que Lily parlait ! Elle a bredouillé quelque chose à votre sujet en s'évanouissant tout à l'heure !

Poops : Désolé, je dois y aller...
Maeva : Pas si vite !

Poops disparu progressivement. Sa voix se fit entendre à travers toute la pièce : "Si j'étais vous je me dépêcherais d'apporter cette fiole à Lily. La fin est proche."

Maeva regarda Richard. Sans un seul mot, ils se mirent à courir en direction de la sortie. Richard boitait mais peu importe. Ils réussirent à oublier la douleur et coururent du plus vite qu'ils purent, jusqu'à s'en rendre malade. Ils ne pensaient qu'à une chose : Lily. Il ne fallait pas perdre une seule seconde.

Jao, dans sa cellule sombre, tenait sa tête entre ses bras, recroquevillé dans un coin de la pièce, tout en gémissant faiblement. Il ne pouvait y croire : il venait de tuer un homme de sang froid, et de blesser peut-être même tuer Lily. Il n’avait eu aucune nouvelles de Richard et Maeva : ils doivent lui en vouloir pensait-il…il avait honte de lui. Pourquoi avait-il agi comme ça ? Il ne méritait que la mort…il n’avait plus de raison de vivre…quelques coups de fusils, quelques vulgaires balles de plomb, avaient détruit des vies, pas seulement la sienne…celles d’amis qui croyaient en lui…il revoyait l’image de Maeva, pleurant, tombant dans les bras de Richard, pendant qu’on emmenait le corps de Lily à l’hôpital…le sang…il croyait que son sang ne s’arrêterait pas de couler…ne s’arrêterait jamais…le trottoir étais inondé de son sang…Maeva en avait plein les mains et les vêtements…elle avait tenté de stopper l’hémorragie…elle pleurait…mais elle…était évanouie…peut-être morte…Il gémit alors sourdement tout en marmonnant quelques excuses…
Soudain, il entendit une voix murmurer quelques mots à son oreille :
Voix : Tu as tué quelqu’un qui avait placé toute sa confiance en toi…te sens-tu plus puissant…ou ne ressens-tu que de la honte et des remords ?
Jao (des larmes dans la voix) : Non ! Ce n’est pas vrai ! Elle n’est pas…
Voix : Tu ne veux pas y croire, mais elle meure en ce moment même, pendant que toi, tu vis…
Jao (tournant son visage de l’autre côté): NON !

Il pouvait soudainement voir ce qui se tramait à l'hôpital, dans la chambre de Lily. L’électrocardiogramme venait de s'affoler. Plus aucun rythme cardiaque. Deux médecins et trois infirmières entrèrent en trombe.
Ils hurlaient dans tous les sens. L'un deux saisit les palettes de l'électrochoc.

Spikounette arrivait dans le couloir, elle cherchait la chambre de Lily. D'un coup elle vit une infirmière courir vers une chambre. Numéro 278.... c'était la chambre de Lily. Spikounette retint son souffle en approchant de la chambre.
Au dehors, Richard et Maeva poursuivaient leur folle traversée de la ville. Plus que quelques rues. Maeva traversait la route sans regarde, une voiture manque de la renverser. Richard était un peu à la traîne mais elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour qu'il accélère le pas. Tout le monde les regardait étrangement, ils étaient plein de sang.

Jao (qui voyait toute la scène à l’hôpital, de sa cellule, et en pleurs) : NONNN…non…arrêtez…
Voix : Oui, elle meure…lentement…mais elle meure…
Jao voyait encore les images de Lily, mourante, entendant les bruits des électrochocs mêlés aux voix des chirurgiens, puis il se fit un grand silence : il n’entendait plus que les battements du cœur de Lily qui, lentement, s’arrêtait de battre …

C'était la troisième fois que les médecins défibrillaient Lily. Toujours sans résultats. Ils n'avaient eu encore aucun mort aujourd'hui et ils ne voulaient pas commencer par une jeune fille.

Spikounette arriva à la porte. Elle voyait ce qui se passait à l'intérieur de la pièce grâce à une petite lucarne : des médecins, des infirmières et Lily. Des quantités de produits lui étaient administrés pour faire repartir son cœur. Elle sentit l'horreur l'envahir. Une larme s'écoula le long de sa jour et alla mourir sur son visage. Pourtant elle ne perdait pas espoir.

Richard et Maeva étaient devant l’hôpital, à bout de souffle. Maeva tenait la fiole comme si sa propre vie en dépendait. Pour rien au monde elle ne l'aurait lâché, rien. Ils continuèrent leur course.

Spikounette était effondrée. Son amie mourrait sous ses yeux. Les médecins s'agitaient mais rien n'y faisait…
Au bout du couloir, Maeva et Richard arrivèrent.

Maeva : Spikounette ! On va la sauver !

Maeva et Richard rejoignirent Spikounette qui s'écarta pour les laisser passer, ils ouvrirent la porte afin de donner la fiole à Lily...

Dans la chambre de Lily. Les médecins arrétèrent. Les infirmières ressortirent et commencèrent à ranger le matériel.
Médecin : Heure du décès : 8h35.

Jao (en pleurs, ayant assisté à la mort de Lily) : NON NON NON ! Je ne voulais pas…
Voix : Mais tu l’as fait !
Soudain, Jao eu l’illusion de voir du sang sur ses mains :
Jao (répugnant ce qu’il avait sur les doigts, effrayé, paniqué): NON, ARRETEZ CA ! NON NON NONNNN ! ! !
Voix (avec rage) : C’est toi qui a commis ce meurtre…tu lui as ôté la vie…
Jao regarda ses mains, il n’y avait plus rien :
Jao : Je ne savais pas…
Voix : Tu ne peux pas retourner en arrière…
Jao : Je ne…
Voix : Elle était innocente…et tu lui as fauché sa vie en un coup de fusil…
Jao (pleurant) : Je ne voulais pas…
Voix : Non, tu le voulais, ça faisait longtemps…ça te chatouillais de tuer quelqu’un, ça y est, c’est fait…tu pourras le raconter à tes petits enfants…comme les histoires que ton grand-père te racontait quand tu étais jeune, et innocent toi aussi…
Il pensa soudainement à son grand-père, l’homme qui, pour la Justice, aurait tout sacrifié, l’homme courageux, qui avait sauvé des vies…qu’allait-il en penser…qu’allait-il lui dire ?
Jao (en pleurs) : Nooonnnn…il…et elle…comment…il ne supportera pas…je ne supporterais pas…il va vouloir…oh nonnn…
Voix : Tu le voulais, secrètement, tu voulais battre cette…Tueuse…cette fille…tu valais mieux qu’elle…c’était toi qui avait l’arme…c’était l’occasion de lui montrer ce que tu valais ! Tu pensais à ça à cet instant précis où tu as pressé la gâchette ?
Jao (hurlant et se débattant) : Vous mentez !
Voix : Non, tu le sais…et je le sais…elle était si jeune…tu sentirais enfin que tu valais quelque chose face à celle que tu avais vu combattre la veille…
Jao : NON ! (plus bas) Non…
Voix : Tu peux arrêter tout ça !
Jao : Non je ne peux pas…

Lily venait de mourir. Maeva sentit son cœur s'arrêter. Elle avait la fiole. Lily était morte. A quelques secondes près... mais c'était trop tard. Richard était immobile. Il n'en croyait pas ses yeux. Du sang coulait encore le long de son front, épuisé, il s'effondra sur le sol, la douleur était revenue. Il se mit à pleurer dans un coin de la pièce.
Spikounette ne disait rien, elle pleurait. Tout simplement. Elle sortit de la pièce, ses yeux ne pouvaient en supporter davantage.
Quant à Maeva, elle ne pouvait le croire. Elle avait envie d'hurler aux médecins de continuer, que ce n'était pas la fin, qu'elle avait le remède. Elle ne pouvait enlever son regard du corps de Lily, mort. En un instant, elle lâcha la fiole qui se brisa en mille morceaux sur le sol. Le liquide s'éparpilla autour d'elle. Comment était-ce possible ?
Elle sentit un immense vide dans le fond de son coeur. Son amie, la seule qui la comprenait, venait de mourir. Tout ne serait jamais plus pareil. Elle tomba à genoux et vida toutes les larmes de son corps. Elle pleurait, et elle fixait Lily... sa Lily.

Jao (hurlant et se débattant face à la souffrance) : Non, arrêtez ça ! Arrêtez !
Voix : Tu le peux…
Jao (se reprenant, en sueur, quelques gouttes ruisselant sur son front) : Oui…je vais…arrêter tout ça…

On vit alors le visage de Lily, pâle, et l’électrocardiogramme, désormais plat, qui affichait une courbe verte rectiligne…un petit bruit constant s’en échappait…elle était morte…on entendait ce bruit, le bruit de l’appareil…et on voyait le corps de Jao qui venait de se pendre dans sa cellule à l’aide d’une ceinture…le son de l’électrocardiogramme se faisait plus sourd…on entendit alors un rire qui résonnait dans les couloirs de la prison… quelqu’un sortait de la cellule de Jao en passant à travers la porte…cet être immatériel se retourna, contempla une dernière fois son « œuvre » : le cadavre de Jao…on pouvait alors reconnaître les traits de Mme Kim…mais c’était trop tard…c’en était fini de Jao et de Lily…


A l'extérieur de l'hôpital. Spikounette. Elle leva la tête au ciel et poussa un cri du tonnerre. La rage s'était emparée d'elle. Elle n'avait plus qu'une idée en tête : se venger. Elle voulait tuer Jao. C’est alors qu’une voiture fonça droit vers elle. Elle la vit, et d'un geste, arrêta le véhicule, qu’en un mouvement de main, elle retourna.
En l’espace d’une seconde, Spikounette s’était téléportée dans la cellule de Jao. Elle était déjà épuisée, mais la rage, l’envie, la soif de vengeance, lui donnaient encore plus de force. Elle se sentait invincible, elle était folle de colère. Lily…SA Lily…SA Tueuse…celle avec qui elle avait tant partagé…c’était impossible…elle devait donner une raison à sa mort…ou plutôt venger sa mort…Elle aurait tout imaginé, toute mort possible : démons, vampires, et autres…mais une balle…et par un ami…c’était plus dur encore…mais elle le devait…elle devait le faire…pour elle…et pour Lily…elle le devait…pour honorer son âme…
Il lui fallu quelques secondes avant de se remettre du « trajet », puis enfin, elle se reprit. Elle était face à la porte de la cellule, Jao derrière…ses yeux devenaient rouges…elle semblait transportée par un vent terrible, un tourbillon effroyable, ses cheveux partaient en arrière…de ses mains jaillissaient des « éclairs »…elle se souleva du sol, flottait au dessus…elle rassembla ses mains, tout en récitant des formules en latin. Enfin, elle s’adressa, de dos, à Jao :
Spikounette : Tu n’aurais pas dû…tu vas le payer de ta vie…comment as-tu pu…(des sanglots dans la voix)…pourquoi tant de rage ? Qu’est-ce qu’elle t’avais fait ? (elle se reprit) Mais ne t’inquiète plus pour elle…sa souffrance est finie…la tienne va commencer…si tu ne l’avais pas…tuée…elle serait là…et je lui aurais tout dit…ce que je pense…mais je vais lui dire…enfin…tu lui diras…en Enfer…
Elle se retourna alors en flottant dans l’air, et, comme emportée par un souffle, les yeux encore plus rouges que jamais, des éclairs jaillissant de ses mains, elle prononça quelques dernières paroles tout en dirigeant ses bras vers Jao…mais elle le vit inerte…inerte suspendu…au plafond de sa cellule…encore un filet de sang, mais cette fois-ci, le long de la ceinture qu’il avait utilisé pour se pendre…il était mort…lui aussi…
Une larme ruissela alors sur la joue de la jeune fille…une larme rouge…une larme de sang…


FIN