Dans l'ambulance transportant Lily,
les ambulanciers étaient débordés. Elle perdait beaucoup
de sang et était toujours inconsciente. Le temps était compté.
Il fallait encore 5 minutes avant d'arriver à l'hôpital le plus proche.
Le chauffeur appuya sur le champignon et de temps en temps, il entendait un "on
va la perdre", ou encore un "on la ballone". L'hôpital avait
été prévenu de l'arrivée d'une blessée grave
: elle était touchée à l'épaule gauche, juste au dessus
du cur, et il était très rare qu'une personne ayant perdu
autant de sang s'en sorte. Cependant, avec une Tueuse, tout était possible.
Générique L'ambulance s'en était allée depuis
environ 5 minutes. Maeva et Richard étaient toujours sous le choc. Ils
revoyaient la scène en permanence dans leur tête, comme un film pour
mauvais produit qui tournait en boucle dans une grande surface. Richard était
immobile, toujours au milieu de la route. La circulation était toujours
arrêtée. Il regardait en direction de la flaque... la flaque de sang
de Lily. Il ne disait rien. Il était trop choqué pour parler, et
trop préoccupée à se demander si il lui resterait suffisamment
de sang pour pouvoir s'en sortir. Maeva, quant à elle, était tournée
vers le magasin. Elle vit quelques gouttes de sang au sol. C'était celui
de Jao. Soudain elle se rendit compte qu'elle tenait toujours le fusil. Elle le
lâcha immédiatement et le regarda, horrifiée. Cette chose
venait de tuer. Elle sentit la rage l'envahir. Pas contre Jao, ni contre les cambrioleurs...
mais contre le fusil lui-même. Comment une si petite chose pouvait-elle
faire autant de mal ? Richard la rejoignit. Il prit l'arme et la mit dans
une poubelle. Maeva : Je ne comprend pas. Richard : Personne ne le peut.
Maeva : Je veux dire... ce monde...encore une vie a été prise.
Et peut-être celle d'une amie. Richard : Elle était là
au mauvais moment. Maeva : Il n'y a plus de bons moments...écoute...
Richard : Ecoute quoi ? Maeva : Là...le silence...ce silence...
Richard : Je l'entend. Maeva : On dirait que rien ne s'est produit. Dans
cinq minutes tout le monde fera comme si rien ne s'était passé.
Même la police. C'est la violence qui cause ce silence. Je me demande...qui
sont ils en train de tromper ? Richard : Sûrement pas nous. Maeva
: Exactement...mais tu vois...malgré ça on a rien pu faire. Richard
: Si t'avais pas été là ça aurait été
pire. Dis toi que t'as peut-être sauvé des vies. Maeva : Ouais...
mais pas celle que j'aurais voulu sauver. Richard : Tu ne peux pas sauver
tout le monde Maeva ! Dans un futur plus ou moins proche il y aura forcément
des morts autour de nous. Maeva : Ce futur dont tu parles vient de nous passer
sous le nez... Richard : Faut pas dire ça. Ils vont la sortir de là.
Maeva sénerva et balança un énorme coup de pied
dans la poubelle qui contenait le fusil. Maeva : Richard réveille
toi ! C'était pas un démon ou un mauvais sort ! C'était un
vrai fusil avec une vraie balle ! Et Lily est humaine...comme toi , comme Spikounette...comme...oh
mon Dieu Spikounette !! Richard : Faut la prévenir ! Maeva : Je
l'avais oubliée ! Mais comment on va lui dire ça ! Richard :
On va la voir. Maintenant. Richard et Maeva s'en allèrent. Ils laissèrent
derrière eux le fusil, et le sang... tout ce sang. A l'hôpital,
les ambulanciers sortaient le brancard de leur ambulance. Deux médecins
et deux infirmières arrivèrent en courant. L'un des ambulanciers
fit un bilan rapide : "Jeune fille de 18 ans, plaie par balle à
l'épaule gauche, a perdu 300 cc de sang en cours de route et bien plus
sur les lieux, retrouvée inconsciente. Tension : 9, Pouls : 70 et peu discernable.
PO2 normale. Saturation à 70. Elle est stabilisée pour l'instant."
Les médecins filèrent droit en salle de chirurgie : il fallait
retirer cette balle où elle allait y rester. Plusieurs médecins
se battaient afin d'enfiler une combinaison stérile. Il n'était
pas question de perdre une seule seconde. Cependant, Jao, menotté
et escorté par 3 hommes, pénétra dans lenceinte du
Commissariat : la salle centrale était si fortement éclairée
que Jao cligna des yeux en y pénétrant. Il avait une large plaie
sur la joue, celle du coup de couteau, que linfirmière du Commissariat
avait pris soin de cautériser
Le coup de couteau
pensa-t-il
CE
coup de couteau
ce coup, cette entaille, ce petit filet de sang qui avait
coulé le long de sa joue
qui avait provoqué sa fureur
et
blessé, peut-être tué une amie
Pourquoi avait-il
fallu quelle passe par là, à cet instant, à linstant
fatidique où, sous la colère, il avait tiré
où,
sous un élan de rage, de souvenirs remontant à la surface et quil
avait tenté détouffer pendant si longtemps, il avait pressée
cette putain de gâchette
pourquoi ? Mais si on se demandait toujours
« pourquoi », la vie naurait plus aucun sens
plus aucun
but
les hommes appellent cette impuissance la fatalité
foutue
fatalité ! Jusque là, il navait jamais vraiment ressenti
ce poids
le poids de la fatalité, dune chose écrite à
lavance
le poids du passé faisant de nouveau surface
le
poids dune vie arrachée
le poids dune amie perdue
peut-être à tout jamais
le poids de la conscience
SA conscience
! Elle aurait dû passer plus tard
ou plus tôt
ou changer
de trottoir
mais le destin en avait voulu autrement
Malgré la
force et le courage dont elle avait fait preuve la veille, le destin demeurait
le seul ennemi invisible contre lequel personne ne pouvait lutter
et ça,
Jao venait de lapprendre, non pas à ses dépens, il se désintéressait
de ce qui allait lui arriver
à lui et
à son âme
sa
pauvre âme torturée
mais Lily
il ne pouvait concevoir
imaginer
un instant
ses compagnons de guerre
à un enterrement
à
SON enterrement
sa conscience ne pourrait le supporter
non
cétait
impossible pour lui dimaginer la fin
dès le début
Cest ce quil médita tout le trajet durant, mais les
agents le tirèrent de sa pensée en lemmenant alors dans une
petite pièce, où ils le firent asseoir. Un homme grand, costumé,
assez âgé, fit son entrée et sapprocha de Jao, lui parlant
froidement : Homme : Bonjour Monsieur. Comment vous appelez vous ? Jao
ne répondit pas, il regardait sans cesse ses mains, et semblait ailleurs.
Homme : Je vous parle Monsieur ! Comment vous appelez vous ? Aucune réaction.
Lagent tapa sur la table. Jao sursauta et sortit de sa méditation
: Homme (haussant le ton): Je vous ai posé une question ! Comment vous
appelez vous ! Jao : Euh
Jao
Jao Paulo
Homme : Parfait.
Il appela un autre agent dun signe de lindex et du majeur: Homme
: Faites des recherches sur lui, je veux toute sa vie, de sa première couche
à sa dernière chaussette en passant par ce quil a bouffé
à midi
je vais le coincer
Agent : OK jy vais ! Dès
que lagent eut claqué la porte de la pièce sombre, lhomme
repris son interrogatoire : ils étaient désormais seuls, lun
en face de lautre : Homme : Bon, êtes-vous au moins conscient
de ce que vous avez fait ? Jao (dans le vague) : Jai tué un homme
et blessé une amie
Homme : Vous prenez ça à la
légère
votre « amie », qui ne lest sûrement
plus désormais, est entre la vie est la mort
elle ne sortira peut-être
même plus jamais de cet hôpital où vous lavez emmenée
! Jao écoutait ces paroles, semblait les « boire », pour
ensuite les ressasser, les méditer, les cogiter, afin de torturer bien
plus encore sa conscience
Jao : Je
cest
non
cest
que
(se rendant à lévidence, lair abattu bien plus
encore quà son arrivée)
cest vrai
Homme
: Vous ne niez donc pas les faits ? Jao : Jai tué
enlevé
une
deux vies
Homme : Arraché carrément ! Quest-ce
qui vous a pris ? Jao (dans le vague) : Si seulement je le savais
Homme
: Bon, reprenons
que faisiez-vous tout à lheure ? Jao :
Jembauchais des amis
Homme : La vitre cassée ? Jao
: Ils venaient de la casser, et je leur proposait de rembourser le coût
de la vitrine par des services
Homme : Ensuite ? Jao : Je
tout
est allé si vite
jai
oh mon Dieu
quest-ce que
jai fais
mais quest-ce que jai fais ? Homme (sénervant,
en se rapprochant de Jao et haussant la voix): Je vais vous rafraîchir la
mémoire, moi : des témoins oculaires ont décrit la scène
: des braqueurs, ils vous ont dit de vider la caisse pendant quils se servaient
du « matos », et vous nous avez alors appelé
là,
ils partent, vous blessent légèrement, et vous vous saisissez dune
arme, vos 2 « amis » tentent de vous rattraper
mais trop tard,
le mal est fait
première victime ! Ensuite, une jeune fille passant
par là se reçoit une balle perdue
non
VOTRE balle perdue
! La première victime meurt sur le coup, le cur a littéralement
éclaté, la seconde victime est touchée au dessus du cur,
et se trouve, je dirais, physiquement, en ce moment dans une salle dopération
en train de se faire déchiqueter par la faute de qui ?
VOUS ! Le carnage
aurait pu durer bien plus longtemps si une « amie » ne vous avait
pas empêché de finir votre atroce « dessein », je dirais
même mission ! Jao répéta ce mot
mission
il
lavait entendu la veille lors du combat, pensa-t-il
mission
Jao
najouta rien dautre. Homme : Cest bien ce qui sest
passé ? Jao : Oui
Homme : Pourquoi avez-vous tiré
? Jao : Je nen sais rien
Homme : Daccord, alors vous
tirez trois fois, faites deux victimes, mais vous ne savez pas pourquoi ? Jao
: Je
jétais énervé
Homme (criant): LA,
je suis énervé : jaimerais vous voir crever
mais je me
retiens, bien que mon flingue se trouve juste à ma gauche
Jao
: Je
jai craqué
il mavait blessé
jai
pas apprécié
et
je ne sais pas
javais plus
conscience de ce que je faisais
elle
et je
quand jai tiré
jai
trahi
trahi sa confiance
plus jamais
elle a dû penser
et
oh
non
pourquoi
je
pardon
je
oh
je noserais plus
jamais la regarder dans les yeux
Homme : Encore faut-il quelle
les rouvre un jour ! Bon, pour la victime numéro 1, jai un casier
bien rempli et ce quil me faut sur le mobile, mais parlez-moi un peu de
la victime numéro 2 ? Vous dîtes quelle est votre « amie
» ? Jao : Une fille
Homme : Arrête, sérieux ?
(criant) : Arrête de tfoutre de ma gueule ! Des gars comme toi, jen
fous tous les jours en taule à perpet pour moins que ça
Jao : Elle était différente
Homme : Différente
? Jao : Oui
juste
différente
Homme : Comment lavez-vous
connu ? Jao (bas, dans le vague) : Elle et Maeva
yavait quelque
chose quelles me
quelles nous cachaient
Homme : Je
déteste les devinettes, par contre, je suis sûr que les taulards
apprécieront les vôtres ! Jao : Un mystère
Homme
: De quoi parlez-vous ? Jao : Le mystère
de ce lien
pas de
lamitié
elles se haïssent
mais pour cacher cette amitié
pourtant
leur
rôle
mais jai dû briser ce lien
si elle meure
Homme : Jen ai assez ! Quelles étaient vos relations avec la
victime numéro 2 ? Jao : On sétait connu la veille grâce
à Maeva
Homme : Cest tout ? Jao : Cest tout
Homme : Jen reviens à ma question : pourquoi avoir tiré
? Pourquoi un homme comme vous, propriétaire dune boutique, dâge
mûr, poursuivant des études, aurait une réaction si
Jao : Immature ? (laissant échapper un petit rire) Si je le savais
Homme : Vous êtes donc atteint dun grave problème mental,
si vous-même ne pouvez contrôler et comprendre vos faits et gestes
Jao : Non
cest
cest
le passé
il est
remonté
il
ma transpercé de nouveau
tout comme les balles
qui lont
transpercé...qui LES ont transpercées
toutes les deux
Homme (se rapprochant, intéressé): Toutes les deux ?
A
cet instant, Richard et Maeva arrivèrent devant la porte d'entrée
de Spikounette. Ils n'étaient jamais venus auparavant et jamais ils n'auraient
pensé venir ici pour la première fois avec une telle nouvelle à
annoncer. Maeva sarrêta un instant. Richard : Qu'est ce qu'il
y a ? Maeva : J'y arriverais pas. Richard : Il faut que quelqu'un le fasse.
Maeva : J'ai la trouille. Richard : On a tous la trouille. J'ai aussi
la trouille, Jao a la trouille.... et ... Lily... Maeva :... va peut-être
y rester... Richard venait de réaliser ce que Maeva venait de dire.
Jusque là il n'avait cessé de se dire que tout allait bien, qu'elle
allait s'en sortir et que ça n'était pas grave. Le lendemain tout
rentrerait dans l'ordre et ils feraient à nouveau la chasse aux démons
tous ensemble. Ces quelques mots étaient pleins de sens et pesaient lourd
sur sa conscience. Et si il avait pu lempêcher ? Et si il était
sorti à temps du magasin pour rattraper les cambrioleurs ? Et si seulement
il avait pu empêcher Jao de tirer ? Et si...et si ? Une larme coula lentement
sur sa joue. Il venait de comprendre que leur amie ne reviendrait peut-être
jamais. Maeva : Richard... si tu cèdes toi aussi je m'en sortirais
jamais... Richard : Je...c'est pas possible... Maeva ne dit rien et
le prit simplement dans ses bras. Sans dire un mot. Ils restèrent ainsi
quelques minutes. Soudain Maeva inspira profondément et toqua à
la porte. Spikounette ouvrit. Spikounette : Tiens...salut ! Ca va ?
Maeva et Richard ne répondirent pas. Spikounette comprit de suite
que quelque chose n'allait pas. Elle les fit entrer et ils se dirigèrent
vers le salon. Maeva : Spikounette... écoute...on a quelque chose
à te dire. Spikounette : Vous avez pleuré. Ca se voit. Maeva
: C'est Lily... Spikounette sentit son sang ne faire qu'un tour. Lily ?
Quelque chose était arrivé à Lily ? C'était impossible.
Elle l'avait vue à peine 1 heure auparavant. Spikounette : Elle
vous a raconté la dispute c'est ça ? Richard : Non c'est beaucoup
plus grave que ça.. Maeva : Elle... elle s'est fait tiré dessus...
Spikounette : Quoi ? Non je l'ai vu tout à l'heure elle allait bien
! Maeva : C'était y'a une demi heure... Richard : On était
dans un magasin... Maeva : Des cambrioleurs sont arrivés... Richard
: Lily passait par là et ça a mal tourné... Spikounette
: Non c'est pas possible ! Dîtes moi que c'est pas vrai ! Maeva : Quelqu'un
lui a tiré dessus Spikounette... Spikounette : Mais elle sait se défendre
! Les démons elle les connaît ! Maeva : C'était Jao...
En salle d'opération : Médecin : On fait NFS, chimie,
iono, gaz du sang... Je veux trois poches d'O négatif... Chirurgien
: Pupilles réactives, bon réflexes, on l'intube ! Infirmière
: La tension continue de baisser... Médecin : Tube de 6 et demi...
On passe 3 ml d'albucétol... Chirurgien : Plateau de trachéotomie...
Médecin : Intubation réussie, on la ballone !! Infirmière
: Saturation à 60... on va la perdre... le rythme cardiaque ralentit...
Chirurgien : On l'ouvre... je ne vois pas la balle... ça pisse le sang...
Médecin : On passe encore deux poches d'O négatif ! Infirmière
: La saturation chute encore... on en est à 50 ! Chirurgien : Oh non
l'artère est touchée ! Médecin : On clampe ! Infirmière
: Pouls à 30... on la perd... Infirmière entrant en trombe :
On a les résultats de la NFS ! Hématocrite à 20% ! Elle a
perdu trop de sang ! Chirurgien : Lame de 11 ! Pince de 10 ! Infirmière
: Electrocardiogramme plat !!!!! Chirurgien : J'y suis presque ! Médecin
: Chariot de réa ! Chargez les palettes à 150 ! On dégage
! "TCHAAAAAAAAAK" Chirurgien : J'y suis ! Artère clampée
! J'enlève la balle ! Médecin : Ok rythme sinusal normal...
Infirmière : La tension remonte... Chirurgien : J'ai la balle !
Médecin : Pouls à 90 ! On l'a récupérée
! Infirmière : Elle est stabilisée... Chirurgien : On l'a
sauvé... Médecin : Bon... on nettoie la plaie et on referme...
on la met sous antibios... bipez moi quand elle reviendra à elle... (il
s'en alla) Chirurgien : Bon boulot tout le monde. Au Commissariat,
linterrogatoire venait de se terminer, il avait duré près
de 2 heures. Jao, une goutte de sueur perlant sur son front, se leva lourdement,
retenu de chaque côté par un agent. Il fut mené de nouveau
à la grande salle, assis sur une chaise. Ses empreintes furent prises,
et un homme se présenta à lui : Homme : Bonjour Monsieur
(il
consulta son carnet) Paulo (il ferma en un gros bruit son carnet, ce qui «
réveilla » Jao). Je me propose dêtre votre avocat commis
doffice si vous refusez de faire appel à un avocat de votre propre
chef
Jao (en pensée, pendant que lavocat lui lisait ses
droits) : Encore un constipé habillé en pingouin
il compte
se faire une réputation sur mon affaire
de toutes façons
peut
importe
même si jen ressors libre, physiquement
cette image
et
ce sang
rien
tout restera
faut que je sache
Homme :
Quen
pensez-vous ? Jao : Quoi ? Pourquoi vous me posez autant de questions ? Je
enfin
en
réalité
vous vous foutez vraiment de tout ça hein ?
Homme : Ce nest pas moi qui suis remis en question dans cette affaire
Monsieur ! Jao : Bon, alors occupez-vous de laffaire
quest-ce
quil faut encore ? Homme : Votre accord
Jao : Vous lavez.
Homme : Signez ici. Jao sexécuta. Homme : Je viendrais
dans votre cellule très bientôt régler quelques
papiers
Jao : Puis-je savoir comment se porte mon amie ? Homme (un petit rire
lui échappa) : Votre « amie » ? Vous rigolez ? Jao : Non
elle
est sauve ? Homme : Allons
cest le coup classique du type qui a
des remords, le repenti, tout ça afin de bénéficier de laffection
du jury, remise de peine et
Jao : Si vous le dîtes
comment
va-t-elle ? Homme : Jen sais peu, mais je crois quelle est stabilisée
pour le moment
Jao baissa la tête, signe de remerciement et afin
de montrer aux agents sa disposition à quitter les lieux, puis se laissa
emmener par les policiers. Ils lui firent descendre de grandes marches, et, escorté
par deux agents, il longea une rangée de cellules et fut placé dans
une pièce sombre et fermée avec une petite fente qui laissait échapper
une raie de lumière. On le libéra de ses menottes, il fut installé
sur un lit très peu confortable et abandonné là, seul
seul
avec sa conscience
ses remords
Il avait limpression dêtre
un martyr quon jetait aux lions
Il aurait voulu retenir les deux agents,
bien que ne supportant pas leur présence
mais au moins, cette présence
laurait empêché de se retrouver face à lui-même
et à ses actes
il aurait voulu être amnésique
ne
plus se souvenir de quoi que ce soit
du passé
que tout soit compressé
et jeté, oublié, comme une feuille remplie dencre rouge quon
aurait froissée et mise de côté
mais trop tard : déjà,
les agents avaient quitté la pièce
son âme allait le
torturer
jusquà ce quil cède
cétait
ce « face à face » quil redoutait le plus
Cependant,
dans la salle principale, lhomme qui avait interrogé Jao pendant
quelques heures faisait son « debriefing » à son chef : Homme
: Ce gars là sera dur à foutre en taule
je ne sais pas si cest
de la comédie
en tout cas, il la jouerait très bien
mais
il est secoué par tout ça
le meurtre
et la fille
et
il a parlé non pas dune fille blessée, mais de deux maintenant
Chef : Winston, vous allez me régler ça
Homme : Jai
essayé de lui en faire dire plus, mais il est resté
enfin,
il a plus dit un mot sur ça ! Jai tout essayé, toutes les
questions possibles et imaginables, mais tout restait vague, flou. Il cache quelque
chose
non, ELLES cachent quelque chose
cette « Lily » et
son amie « Maeva »
jen suis certain
et je découvrirai
ce que cest
Chef : Winston, lenquête nest pas
sur ces deux là, on sait même pas si la victime numéro 2 survivra,
alors
Winston : Ce « Jao » ne dira rien
je sais pas
quoi penser
il a des remords
mais ya quelque chose de bizarre
de
mystérieux
il nous cache quelque chose
et je suis sûr que
cette « Maeva » le sait ! Chef : Bon, est-ce quil a confirmé
les témoignages et les accusations, ou a tout nié ? Winston
: Il se dit coupable
Chef : Parfait, alors jvais poser ce dossier
chez le Juge dInstruction, et à partir de maintenant, vous êtes
hors de cette affaire : vous êtes censé intervenir sur le terrain
et procéder à des interrogatoires ! Que jvous vois pas en
faire plus. Votre curiosité ne doit pas nous salir
nous le sommes
suffisamment comme ça
Winston : Mais je vous jure que ces deux
là cachent quelque chose, jdois interroger cette « Maeva »
! Chef : Il en est hors de question Winston ! Lenquête sarrête
ici, on a recueilli leurs témoignages, il est pareil que tous les autres
otages ! On en reste là, et si vous fourrez votre nez trop loin, vous risquez
Soudain, lagent à qui Winston avait ordonné de faire des
recherches sur Jao fit irruption : Agent : Pardon, mais jai là
des choses très intéressantes sur le détenu ! Chef :
Dîtes-nous tout ! Agent : Joao Paulo, apparemment surnommé Jao.
Il est impec, pas une infraction au Code de la route, il na sûrement
jamais traversé en dehors des clous ! Daprès les voisins interrogés,
il est exemplaire et na jamais fait preuve dune quelconque violence.
Il suit des études tout en étant propriétaire dun magasin
de sport pas loin de chez lui ayant appartenu à son grand père,
vétéran de la Guerre du Viêt-nam qui a quelque peu «
perdu la tête ». Il a reçu une bourse pour ses bons résultats
à la fac. Il est blanc comme neige
Winston : Comment ça
? Pas dantécédents criminels ? Agent : Bah non
Winston
: Ya un début à tout
Chef : Continuez
Agent
: Oui, mais par contre, son passé est plutôt
Winston :
On le tient
Agent : Pas vraiment
il avait 15 ans lorsque sa mère
est morte, tuée lors dun cambriolage, et cest lui qui a trouvé
son cadavre. Son père la abandonné peu après, il a
alors dû habiter chez son grand-père maternel, ce qui explique
Chef :
quil ait réagi violemment parce quil se souvenait
de ce qui sétait produit et nourrissait une haine sans borne aux
braqueurs
cétait un moyen de se venger
Winston, vous êtes
donc officiellement relevé de cette affaire ! Reprenez vos enquêtes.
On tient tout. Vous témoignerez juste devant La Cour
Winston
: Mais, je suis sûr que
Chef (dune voix autoritaire): Vous
pouvez retourner à vos fonctions ! Winston tourna les talons et parti.
En quittant la pièce, énervé et déçu : Winston
(bas) : Je découvrirais ce quelles cachent
Chez
Spikounette, Maeva et Richard tentaient tant bien que mal de la réconforter.
Mais le fait est qu'ils ne trouvaient rien à dire pour qu'elle se sente
mieux tout simplement parce qu'eux même n'allaient pas bien. Spikounette
était effondrée. Elle venait de se disputer avec Lily est peut-être
que celle-ci n'allait jamais pouvoir lui pardonner. Mais pour l'instant elle s'en
fichait. Elle avait juste besoin de lui dire qu'elle tenait à elle, même
si les circonstances avaient faites qu'elles ne se parlaient plus. Et Jao
? Comment avait-il pu faire ça ?
Spikounette : Mais qu'est ce qui
lui a pris bon sang ! Maeva : Ne lui en veut pas. Spikounette : Quoi ?
QUOI ? Tu oses le défendre ? (Spikounette se leva et fit face à
Maeva) Spikounette (énervée) Il a tiré sur Lily et selon
toi ce n'est rien ? Maeva : C'est déjà trop...mais on peut rien
y changer ! Qu'est ce que tu veux faire ? Spikounette : Me venger pour commencer
! Maeva : Certainement pas ! Ce n'est pas en te vengeant que tu vas arranger
les choses ! Spikounette (lui criant dessus) : ET TU CROIS QU'EN NE FAISANT
RIEN CA VA S'ARRANGER ? A ce moment Richard, se mit entre les deux jeunes
filles. Il voulait protéger Maeva de la sorcière. Richard
: On se calme ici. Spikounette tu sais très bien qu'on ne peut rien contre
toi alors c'est pas la peine de sénerver. Puis ça ne changera
rien. Recule. Spikounette ne bougea pas et regarda Richard d'un air méchant
en bredouillant quelque chose en latin. Richard : RECULE ! Elle
s'exécuta. Spikounette : Y'a peut-être un autre moyen... Maeva
: Lequel ? Spikounette : Je ne sais pas si ça peut marcher...disons
que... qu'il y ait un moyen de la sauver... vous le feriez ? Richard : Bien
sûr ... Maeva : Sans hésiter une seule seconde. Spikounette
(en réfléchissant) Peut-être que si deux humains y vont...
non... en tout cas je ne peux pas y aller c'est sûr...on doit tenter le
coup... mais c'est trop risqué... Maeva : Je donnerais ma vie pour
effacer ce qui vient de se passer. Spikounette, entendant ces quelques
mots, n'hésita plus. Spikounette : Ecoutez moi. Il y a un seul moyen
de la sauver. Mais je ne sais pas si va marcher. Maeva : Explique. Spikounette
: C'est... risqué... mais faisable. Si vous y allez tous les deux. Richard
: Il faut faire quoi ? Spikounette : C'est... de la magie noire mais c'est
le seul moyen. Ca ne marche que si la personne a été tuée
ou blessée par accident. Et c'est la cas pour Lily. Il faut que vous vous
rendiez à l'est de la ville, je vous écris l'adresse ici. Quelqu'un
vous accueillera, c'est un puissant sorcier... bien plus que moi... lui seul a
le pouvoir de la sauver. Si vous réussissez les épreuves, il fera
ce que vous voulez, en loccurrence sauver Lily. Richard (en éclatant
de rire nerveusement) : SAUVER WILLY ! Maeva : Richard ! Spikounette :
Oui bon... vous êtes prêt à le faire ? Maeva : Ouais...
ça sera quel genre d'épreuves ? Spikounette : Physique et mentale.
A vous deux vous pouvez y arriver. Maeva : Très bien... on va y aller...
Spikounette (leur tendant l'adresse) : Bonne chance. Je vais foncer à
l'hôpital. Et aussi prévenir la tante de Lily... Richard : On
y va... Ils commencèrent à sortir, quand soudain Maeva se
retourna. Maeva : Spikounette ? Spikounette : Quoi ? Maeva : Une dernière
question... pourquoi... pourquoi tu ne le fais pas ? Je veux dire... tu pourrais
venir avec nous ? Spikounette : Je l'ai déjà fait. Maeva
: Déjà fait ? Spikounette : Quand les parents de Lily ont été
tués. J'ai tout fait pour les faire revenir, y compris aller voir ce sorcier.
Et on ne peut le faire qu'une seule fois. Maeva : Et qu'est ce qui s'est passé
? Spikounette : J'ai échoué... Maeva : Tu as essayé.
C'est ce qui compte. Spikounette: Ne le dites pas à Lily. Elle n'est
pas au courant. Maeva : Ca lui aurait fait plaisir... mais je te le promet.
Richard : Pourquoi tu ne lui a jamais dit tout ce que tu as fait pour les
faire revenir ? Spikounette : Parce qu'elle aurait cru que je faisais ça
pour qu'elle me pardonne et qu'elle me redonne sa confiance. Maeva : Elle
n'aurait jamais pensé ça. Maeva et Richard sortirent. Spikounette
réfléchit quelques instants à ces dernières paroles,
ferma la porte, et espéra aussi fort qu'elle le pouvait que Richard et
Maeva allait réussir, et surtout, qu'ils reviendraient vivant. Elle venait
de les envoyer en enfer. Salle 278. Une infirmière poussa la
porte de la chambre. Une odeur de renfermé mêlée à
celle danesthésiques y régnait. Elle tenait une poche de Physio,
et remplaça lancienne, désormais vide, par la nouvelle. Elle
quitta la pièce pour revenir quelques minutes plus tard, deux poches de
sang à la main, et fit de même. Enfin, elle vérifia que les
tuyaux censés amener le sang et les nutriments à lorganisme
nétaient pas obstrués ou bouchés : tout était
normal. Elle lit ensuite la fiche du bilan de la patiente et sassura que
tout était conforme, rajouta quelques mots à laide dun
stylo avant de tirer les volets, ne prononçant pas un mot et quittant la
pièce. Lorsquelle sortit, elle croisa un médecin, avec
qui elle discuta de létat de santé de la victime : Infirmière
: Elle est stable et tout va bien. Elle a une anémie, mais on lui a donné
du fer il y a moins dune heure. Médecin : Elle a de la famille
? Infirmière : Morts. Médecin : Des amis ? Infirmière
: Ils ne sont pas venus. Médecin : Interdisez les visites, et faites
en sorte que personne nentre dans la pièce. Pas damis, de flics
et de médias au cas où
Infirmière : Personne ny
est, je viens de vérifier. Le médecin acquiesça de la
tête et partit. Cependant, toujours en salle 278. Lily était
allongée et endormie dans le lit, pâle, si pâle que ses veines
ressortaient sur son front et ses joues. A sa droite se tenait un jeune homme,
grand, habillé de manière très sombre. Lorsquil sortit
des ténèbres pour sapprocher du lit de Lily, on pouvait distinguer
le visage de celui qui avait averti la Tueuse du danger, « Poops ».
Il lui prit la main, et, tout en la regardant : Poops : Jtavais
prévenu fillette
mais on ne mécoute jamais moi (il se
mit à marcher à travers la pièce)
peut-être parce
quon ne me voit pas
de toutes manières, je ne peux pas influer
sur le futur
ni toi
ni personne dailleurs
Il alla à
la fenêtre : Poops : Quimporte
cest la fin
ou
le début
le début
le début de la fin
mais
bon, tout ça, cest comme la météo, cest pas une
science exacte
(il sortit une cigarette et un briquet, baissa la tête
et lalluma) Tu vois
(il expira)
ffff
la vie
(inspira)
cte
putain de vie
(il jeta la cigarette par terre)
merde, faut pas fumer
(il
lécrasa)
de toutes façons cest mauvais pour la
santé
Il regarda au dehors en écartant deux lames des
volets avec sa main et retourna au chevet de Lily : Poops : Tu crois que jsuis
venu là pour te parler de ma vie ? (il laissa échapper un rire)
Pfff
non
disons que
cest pour toi
et
léternité
mennuie
premiers temps
tu tamuses à voir les filles
dans les vestiaires
puis tu vas tuer, voir ce que ça procure
puis
enfin
tu restes devant la télé comme un con à voir des
soaps de merde
je préfère le mouvement
Il sapprocha
encore et regarda de plus près Lily : Poops :
Et les causes perdues
en
tout cas, ton copain tas pas loupé
même si javais
pas prévu ce coup là
enfin
tout ce qui approche est très
intéressant
et je serais là
peut-être pas où
tu le crois
mais jy serais
Il séloigna un peu,
prit une chaise, la rapprocha, la retourna et sassit sur cette chaise à
lenvers : Poops : Cest fascinant
enfin
tout ce qui arrive
cest
pour ça que jsuis là
et pour être franc
cest
aussi pour toi que jsuis là
pas là, maintenant, mais
là, pour de bon
hé oui fillette
tu sais pas ce qui tattend
moi-même
je le sais pas dailleurs
enfin, en détail
sinon, ce serait
plus du jeu
cest à cause des
Soudain, il sarrêta
de parler, et se concentra quelques secondes : Poops : Jdois te laisser,
on a besoin de moi
tiens le coup
et saches que je ne suis pas ton ennemi
Lily entrouvrit alors un instant les yeux, et eu le temps de voir Poops la
fixer avec pitié : Poops : Ni ton ami
Puis il disparut. Elle
referma lentement les yeux
Quelque part à l'Est de Los Angeles,
dans une maison abandonnée. Maeva : Richard ! Derrière toi
! Richard se retourna, un vampire était sur le point de lui sauter
dessus. Maeva lui lança un pieu qu'il saisit en plein vol. Aussitôt
il le planta en plein cur du vampire qui se désintégra en
quelques secondes. Richard : Waow ! C'est mon premier ! Maeva : Bienvenue
au club ! A cet instant, des dizaines de vampires plus assoiffés
de sang les uns que les autres, les entourèrent. Ils ne savaient plus que
faire. Déjà trois heures qu'ils combattaient sans relâche.
Les épreuves mentales avaient été très perturbantes
mais ça n'avait été rien par rapport à la suite des
événements. Spikounette avait précisé que cela serait
dur, mais pas aussi terrible. Ils étaient dans un état pitoyable.
Richard était couvert de sang, tout comme Maeva. L'épreuve des tortures
avait été la pire de toute. S'ils étaient encore capables
de combattre c'est bien parce que tout au long des épreuves ils étaient
restés soudé. Le pire dans tout ça, c'est qu'il ne savaient
pas quand tout cela serait terminé. Ils étaient à bout de
force, et sur le point de se faire dévorés. Maeva
: Ah non ! Il triche celui là ! Richard : Regarde au fond y'a une épée
au mur... Maeva : On fonce ! Maeva et Richard foncèrent droit
devant, comme une boule de bowling dégommant des quilles. Au passage ils
réussirent à tuer deux trois vampires mais pas plus. Ils arrivèrent
devant l'épée mais au dernier moment une étrange créature
se mit entre eux et la fameuse épée... c'était sans doute
un démon. En fait il avait l'air humain... mais ca ne voulait pas dire
que ca n'était pas un vampire. Maeva prit son pieu et le pointa droit vers
son cur... mais rien. Le pieu venait de lui passer à travers. Richard
(se débattant avec un vampire) : C'est quoi ça ! Maeva : Vous
aussi vous trichez ! Aussitot la créature lui prit le poignet et
appuya si fort qu'elle lâcha son pieu. Richard lui sauta dessus et atterri
lourdement sur le sol, il sassomma. Lui aussi était passé
à travers. La créature : Je viens vous aider... Je m'appelle
Poops. Mais juste à ce moment là, un vampire sauta sur Richard
et commença à boire son sang. Maeva voulu lui sauter dessus mais
plusieurs vampires l'en empêchèrent. En un instant, des dizaines
de vampires étaient en train de la cogner. Elle perdit connaissance en
quelques instants, elle n'avait même pas eu le temps se sauver son ami.
Spikounette venait de trouver, dans de vieux cartons, le numéro
téléphone de la tante de Lily
Elle hésitait : celle-ci
détestait Spikounette. Elle se doutait de quelque chose, et, de plus, considérait
que cétait par la faute de Spikounette que Lily était si absente,
aussi bien le jour que la nuit
il faut dire que Lily nappréciait
pas beaucoup sa tante
elle lui reprochait de vouloir remplacer ses parents.
Ceci causait de fréquentes disputes
Spikounette pensait aussi
que Lily essayait de la repousser afin de ne pas sattacher à elle
pour
que, si sa tante venait à mourir par sa faute, elle ne souffrirai pas autant
que le jour de la mort de ses parents
Spikounette sortit, se rendit
à une cabine à proximité de lhôpital pour se
sentir plus proche de sa Tueuse, puis fouilla dans ses poches. Elle y trouva une
carton blanc plié. Dessus était noté le numéro de
téléphone de la tante de Lily. Elle mit quelques pièces dans
lappareil, pianota le numéro, et attendit
BIP BIP BIP
à
chaque « BIP », son cur faisait des bonds dans sa poitrine
par
quoi allait-elle commencer
et la tante de Lily allait lui en vouloir, lui
dire que tout était de sa faute
et cétait bien vrai
mais
il le fallait
on ne peut cacher ce genre de choses
ce nest plus
le moment de cacher quoi que ce soit
on ne joue plus
Enfin, après
plusieurs secondes dattente, une femme décrocha : Interlocutrice
: Allô ? Spikounette : Oh mon Dieu
Interlocutrice : Allô
? Spikounette perdit aussitôt tous ses moyens en entendant la voix de
la femme
tout resurgit à la surface
le passé, les premières
patrouilles
la mort des parents de Lily
lincident
lenterrement
Interlocutrice : Allô ? Ya quelquun ? Spikounette, sans
réfléchir, raccrocha. Elle remit le combiné en place, lentement,
puis se laissa glisser le long de la cabine au sol. Elle sanglota en silence quelque
secondes, mais soudain, quelquun tapa à la vitre de la cabine : Homme
: Jai besoin dappeler, sortez de là ! Spikounette se releva
aussitôt, sortit de la cabine, et saisit lhomme par le cou, le soulevant
au-dessus du sol. Lhomme agrippa ses doigts à ceux de Spikounette
afin de se « libérer » mais elle était trop forte. Puis
soudain, Spikounette ferma les yeux, et réalisa quelle agissait mal.
Elle jeta lhomme à terre, puis se mit à courir en direction
de lhôpital
De retour à la maison abandonnée
de Los Angeles Est. Par terre, les corps de Maeva et Richard gisaient. Poops
était debout en train de faire les cents pas. Poops : Pourquoi j'ai
fait ça... D'un coup, Maeva repris connaissance. Maeva (se
tenant le bras de douleur) : Aaaah.... qu'est ce qui s'est passé ?? Poops
: Bon réveil ! Ca va mieux ? Mauvaise posture tout à l'heure ! Mal
quelque part ? Ils se réveille votre ami ? Ah au fait ! Je suis Poops !
Maeva : Oui ca vous l'avez déjà dit ! (elle se penche au
dessus de Richard) Richard (se réveillant) : Maman je suis au paradis
! Maeva : Richard c'est moi ! Richard : Je me disais aussi... (voyant
Poops) Aah ! Encore un ! Maeva et Richard étaient tous deux dans
un piteux état. Richard avait terriblement mal aux côtes. Plusieurs
étaient sans doute cassées. Sa jambe lui faisait très mal,
son visage était en sang, ses vêtements déchirés. Maeva
ne s'en sortait pas mieux. Elle avait un poignet cassé, des bleus partout,
la lèvre en sang, l'arcade explosée. Elle discernait à peine
le visage de Poops à travers le sang qui coulait sur ses yeux. Maeva
: Merci. Je sais que c'est grâce à vous si on est toujours là.
Poops : Non non non ! Vous ne me devez rien. Maeva : On est toujours en
vie ? Poops : Oui. Richard : Les épreuves sont terminées
? Poops : Je pense. Maeva : Alors c'est grâce à vous. Mais
vous êtes qui bon sang ? Poops ? Ca me dit quelque chose! Richard :
Ouais moi aussi... Poops : J'ai quelque chose pour vous... Il leur
tendit une fiole contenant un liquide verdâtre. Poops : C'est pour
votre amie. Ceci la sauvera. Maeva : C'est de vous que Lily parlait ! Elle
a bredouillé quelque chose à votre sujet en s'évanouissant
tout à l'heure ! Poops : Désolé, je dois y aller...
Maeva : Pas si vite ! Poops disparu progressivement. Sa voix se fit
entendre à travers toute la pièce : "Si j'étais vous
je me dépêcherais d'apporter cette fiole à Lily. La fin est
proche." Maeva regarda Richard. Sans un seul mot, ils se mirent à
courir en direction de la sortie. Richard boitait mais peu importe. Ils réussirent
à oublier la douleur et coururent du plus vite qu'ils purent, jusqu'à
s'en rendre malade. Ils ne pensaient qu'à une chose : Lily. Il ne fallait
pas perdre une seule seconde. Jao, dans sa cellule sombre, tenait sa tête
entre ses bras, recroquevillé dans un coin de la pièce, tout en
gémissant faiblement. Il ne pouvait y croire : il venait de tuer un homme
de sang froid, et de blesser peut-être même tuer Lily. Il navait
eu aucune nouvelles de Richard et Maeva : ils doivent lui en vouloir pensait-il
il
avait honte de lui. Pourquoi avait-il agi comme ça ? Il ne méritait
que la mort
il navait plus de raison de vivre
quelques coups de
fusils, quelques vulgaires balles de plomb, avaient détruit des vies, pas
seulement la sienne
celles damis qui croyaient en lui
il revoyait
limage de Maeva, pleurant, tombant dans les bras de Richard, pendant quon
emmenait le corps de Lily à lhôpital
le sang
il croyait
que son sang ne sarrêterait pas de couler
ne sarrêterait
jamais
le trottoir étais inondé de son sang
Maeva en avait
plein les mains et les vêtements
elle avait tenté de stopper
lhémorragie
elle pleurait
mais elle
était évanouie
peut-être
morte
Il gémit alors sourdement tout en marmonnant quelques excuses
Soudain, il entendit une voix murmurer quelques mots à son oreille
: Voix : Tu as tué quelquun qui avait placé toute sa confiance
en toi
te sens-tu plus puissant
ou ne ressens-tu que de la honte et
des remords ? Jao (des larmes dans la voix) : Non ! Ce nest pas vrai
! Elle nest pas
Voix : Tu ne veux pas y croire, mais elle meure
en ce moment même, pendant que toi, tu vis
Jao (tournant son visage
de lautre côté): NON ! Il pouvait soudainement voir
ce qui se tramait à l'hôpital, dans la chambre de Lily. Lélectrocardiogramme
venait de s'affoler. Plus aucun rythme cardiaque. Deux médecins et trois
infirmières entrèrent en trombe. Ils hurlaient dans tous les
sens. L'un deux saisit les palettes de l'électrochoc. Spikounette
arrivait dans le couloir, elle cherchait la chambre de Lily. D'un coup elle vit
une infirmière courir vers une chambre. Numéro 278.... c'était
la chambre de Lily. Spikounette retint son souffle en approchant de la chambre.
Au dehors, Richard et Maeva poursuivaient leur folle traversée de la
ville. Plus que quelques rues. Maeva traversait la route sans regarde, une voiture
manque de la renverser. Richard était un peu à la traîne mais
elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour qu'il accélère le pas.
Tout le monde les regardait étrangement, ils étaient plein de sang.
Jao (qui voyait toute la scène à lhôpital, de
sa cellule, et en pleurs) : NONNN
non
arrêtez
Voix :
Oui, elle meure
lentement
mais elle meure
Jao voyait encore
les images de Lily, mourante, entendant les bruits des électrochocs mêlés
aux voix des chirurgiens, puis il se fit un grand silence : il nentendait
plus que les battements du cur de Lily qui, lentement, sarrêtait
de battre
C'était la troisième fois que les médecins
défibrillaient Lily. Toujours sans résultats. Ils n'avaient eu encore
aucun mort aujourd'hui et ils ne voulaient pas commencer par une jeune fille.
Spikounette arriva à la porte. Elle voyait ce qui se passait à
l'intérieur de la pièce grâce à une petite lucarne
: des médecins, des infirmières et Lily. Des quantités de
produits lui étaient administrés pour faire repartir son cur.
Elle sentit l'horreur l'envahir. Une larme s'écoula le long de sa jour
et alla mourir sur son visage. Pourtant elle ne perdait pas espoir. Richard
et Maeva étaient devant lhôpital, à bout de souffle.
Maeva tenait la fiole comme si sa propre vie en dépendait. Pour rien au
monde elle ne l'aurait lâché, rien. Ils continuèrent leur
course. Spikounette était effondrée. Son amie mourrait sous
ses yeux. Les médecins s'agitaient mais rien n'y faisait
Au bout
du couloir, Maeva et Richard arrivèrent. Maeva : Spikounette ! On
va la sauver ! Maeva et Richard rejoignirent Spikounette qui s'écarta
pour les laisser passer, ils ouvrirent la porte afin de donner la fiole à
Lily... Dans la chambre de Lily. Les médecins arrétèrent.
Les infirmières ressortirent et commencèrent à ranger le
matériel. Médecin : Heure du décès : 8h35. Jao
(en pleurs, ayant assisté à la mort de Lily) : NON NON NON ! Je
ne voulais pas
Voix : Mais tu las fait ! Soudain, Jao eu lillusion
de voir du sang sur ses mains : Jao (répugnant ce quil avait
sur les doigts, effrayé, paniqué): NON, ARRETEZ CA ! NON NON NONNNN
! ! ! Voix (avec rage) : Cest toi qui a commis ce meurtre
tu lui
as ôté la vie
Jao regarda ses mains, il ny avait
plus rien : Jao : Je ne savais pas
Voix : Tu ne peux pas retourner
en arrière
Jao : Je ne
Voix : Elle était innocente
et
tu lui as fauché sa vie en un coup de fusil
Jao (pleurant) :
Je ne voulais pas
Voix : Non, tu le voulais, ça faisait longtemps
ça
te chatouillais de tuer quelquun, ça y est, cest fait
tu
pourras le raconter à tes petits enfants
comme les histoires que ton
grand-père te racontait quand tu étais jeune, et innocent toi aussi
Il pensa soudainement à son grand-père, lhomme qui, pour
la Justice, aurait tout sacrifié, lhomme courageux, qui avait sauvé
des vies
quallait-il en penser
quallait-il lui dire ? Jao
(en pleurs) : Nooonnnn
il
et elle
comment
il ne supportera
pas
je ne supporterais pas
il va vouloir
oh nonnn
Voix
: Tu le voulais, secrètement, tu voulais battre cette
Tueuse
cette
fille
tu valais mieux quelle
cétait toi qui avait
larme
cétait loccasion de lui montrer ce que tu
valais ! Tu pensais à ça à cet instant précis où
tu as pressé la gâchette ? Jao (hurlant et se débattant)
: Vous mentez ! Voix : Non, tu le sais
et je le sais
elle était
si jeune
tu sentirais enfin que tu valais quelque chose face à celle
que tu avais vu combattre la veille
Jao : NON ! (plus bas) Non
Voix : Tu peux arrêter tout ça ! Jao : Non je ne peux pas
Lily venait de mourir. Maeva sentit son cur s'arrêter. Elle
avait la fiole. Lily était morte. A quelques secondes près... mais
c'était trop tard. Richard était immobile. Il n'en croyait pas ses
yeux. Du sang coulait encore le long de son front, épuisé, il s'effondra
sur le sol, la douleur était revenue. Il se mit à pleurer dans un
coin de la pièce. Spikounette ne disait rien, elle pleurait. Tout simplement.
Elle sortit de la pièce, ses yeux ne pouvaient en supporter davantage.
Quant à Maeva, elle ne pouvait le croire. Elle avait envie d'hurler
aux médecins de continuer, que ce n'était pas la fin, qu'elle avait
le remède. Elle ne pouvait enlever son regard du corps de Lily, mort. En
un instant, elle lâcha la fiole qui se brisa en mille morceaux sur le sol.
Le liquide s'éparpilla autour d'elle. Comment était-ce possible
? Elle sentit un immense vide dans le fond de son coeur. Son amie, la seule
qui la comprenait, venait de mourir. Tout ne serait jamais plus pareil. Elle tomba
à genoux et vida toutes les larmes de son corps. Elle pleurait, et elle
fixait Lily... sa Lily. Jao (hurlant et se débattant face à
la souffrance) : Non, arrêtez ça ! Arrêtez ! Voix : Tu
le peux
Jao (se reprenant, en sueur, quelques gouttes ruisselant sur
son front) : Oui
je vais
arrêter tout ça
On
vit alors le visage de Lily, pâle, et lélectrocardiogramme,
désormais plat, qui affichait une courbe verte rectiligne
un petit
bruit constant sen échappait
elle était morte
on
entendait ce bruit, le bruit de lappareil
et on voyait le corps de
Jao qui venait de se pendre dans sa cellule à laide dune ceinture
le
son de lélectrocardiogramme se faisait plus sourd
on entendit
alors un rire qui résonnait dans les couloirs de la prison
quelquun
sortait de la cellule de Jao en passant à travers la porte
cet être
immatériel se retourna, contempla une dernière fois son «
uvre » : le cadavre de Jao
on pouvait alors reconnaître
les traits de Mme Kim
mais cétait trop tard
cen était
fini de Jao et de Lily
A l'extérieur de l'hôpital.
Spikounette. Elle leva la tête au ciel et poussa un cri du tonnerre. La
rage s'était emparée d'elle. Elle n'avait plus qu'une idée
en tête : se venger. Elle voulait tuer Jao. Cest alors quune
voiture fonça droit vers elle. Elle la vit, et d'un geste, arrêta
le véhicule, quen un mouvement de main, elle retourna. En lespace
dune seconde, Spikounette sétait téléportée
dans la cellule de Jao. Elle était déjà épuisée,
mais la rage, lenvie, la soif de vengeance, lui donnaient encore plus de
force. Elle se sentait invincible, elle était folle de colère. Lily
SA
Lily
SA Tueuse
celle avec qui elle avait tant partagé
cétait
impossible
elle devait donner une raison à sa mort
ou plutôt
venger sa mort
Elle aurait tout imaginé, toute mort possible : démons,
vampires, et autres
mais une balle
et par un ami
cétait
plus dur encore
mais elle le devait
elle devait le faire
pour elle
et
pour Lily
elle le devait
pour honorer son âme
Il lui
fallu quelques secondes avant de se remettre du « trajet », puis enfin,
elle se reprit. Elle était face à la porte de la cellule, Jao derrière
ses
yeux devenaient rouges
elle semblait transportée par un vent terrible,
un tourbillon effroyable, ses cheveux partaient en arrière
de ses
mains jaillissaient des « éclairs »
elle se souleva du
sol, flottait au dessus
elle rassembla ses mains, tout en récitant
des formules en latin. Enfin, elle sadressa, de dos, à Jao : Spikounette
: Tu naurais pas dû
tu vas le payer de ta vie
comment as-tu
pu
(des sanglots dans la voix)
pourquoi tant de rage ? Quest-ce
quelle tavais fait ? (elle se reprit) Mais ne tinquiète
plus pour elle
sa souffrance est finie
la tienne va commencer
si
tu ne lavais pas
tuée
elle serait là
et je
lui aurais tout dit
ce que je pense
mais je vais lui dire
enfin
tu
lui diras
en Enfer
Elle se retourna alors en flottant dans lair,
et, comme emportée par un souffle, les yeux encore plus rouges que jamais,
des éclairs jaillissant de ses mains, elle prononça quelques dernières
paroles tout en dirigeant ses bras vers Jao
mais elle le vit inerte
inerte
suspendu
au plafond de sa cellule
encore un filet de sang, mais cette
fois-ci, le long de la ceinture quil avait utilisé pour se pendre
il
était mort
lui aussi
Une larme ruissela alors sur la joue
de la jeune fille
une larme rouge
une larme de sang
FIN |