Another time, another place


Auteur : Tanis
Résumé : Dawn s'éprend de Ravel, un jeune démon. Pour lui prouver son amour, celui-ci exauce son vœu le plus fou : que Buffy rencontre Spike avant que celui-ci ne soit vampirisé par Drusilla ! Et voilà nos héros plongés dans un univers parallèle, en 1880, ayant bien évidemment tout oublié les uns des autres…
Note de l'auteur : Saison 6. Après la rupture entre Spike et Buffy. La tentative de viol n'a pas eu lieu et Spike n'a pas couché avec Anya.Heu… au fait, les feedbacks sont les bienvenus ! Alors, n'hésitez pas…
Disclaimer : Je signale en passant que les auteurs écrivent pour leurs plaisirs ainsi que le votre.Les personnages et les droits des series ne leurs appartiennent pas.Les series 'Buffy' et 'Angel' ainsi que les produits dérivés sont la propriété de Joss Whedon , Upn et la fox ........


Interlude

Le jeune homme se pencha pour caresser la longue chevelure châtaigne de sa compagne. Elle était jeune, si jeune. Mais lui n'était guère plus âgé qu'elle lorsqu'il avait entamé sa carrière démoniaque. Il s'interrogeait. Devait-il lui avouer la vérité ? Oui, le moment était venu. Mais il n'avait pas envie de la perdre. Elle était ce qu'il avait vu de plus pur et de plus innocent depuis bien longtemps.
- Embrasse-moi, demanda-t-elle d'une voix câline.
Il s'exécuta.
- Je t'aime, Ravel, fit-elle avec le plus grand sérieux.
Ces mots, c'était la première fois qu'elle les prononçait, et elle voulait se souvenir à jamais de ce merveilleux moment. Ça n'avait rien à voir avec ce qu'elle avait pu éprouver précédemment.
Ravel sentit son cœur cogner violemment contre ses côtes. Lui aussi l'aimait. Il devait l'admettre. Il était prêt à tout lui accorder pour la garder à ses côtés. Et le fait que sa sœur et ses amis soient les pires ennemis de ceux de sa race n'y changerait rien.
- Je t'aime aussi, Dawn, souffla-t-il avant de poser à nouveau sa bouche sur la sienne. Pour toujours et à jamais…


Chapitre 1 : Refrain connu

La nuit était paisible, et la clarté sereine de la lune propice à la douceur et aux émois amoureux. Le vent automnal bruissait doucement dans les branches des arbres, l'air embaumait de senteurs. Tout respirait la tranquillité dans la petite ville de Sunnydale. Tout… excepté l'endroit le plus réputé pour son silence. Le cimetière, à cette heure avancée, résonnait de paroles violentes et cruelles.
Buffy Summers, alias la Tueuse, exprimait brutalement son opinion au vampire excédé qui lui faisait face, les poings serrés sur ses hanches. Elle était si en colère qu'elle aurait pu le tuer sans le moindre remords.
- Ça suffit, Spike ! On a déjà eu cette conversation !
- Et bien, on l'aura encore !
- Je t'ai dit et répété que tout était fini entre nous ! Pourquoi ne veux-tu pas le comprendre ? !
- Parce que c'est faux ! Tu m'aimes, même si tu es trop orgueilleuse pour te l'avouer !
Il lui saisit brusquement les poignets, mais elle se dégagea sans douceur.
- Ne t'avise pas de me toucher ! hurla-t-elle.
- Tu ne disais pas ça la semaine dernière ! ironisa Spike.
Le sarcasme. C'était devenu son modus operandi, depuis quelques temps. Tout, plutôt que de lui laisser voir la souffrance qui lui tordait les entrailles. Lui laisser voir qu'elle le rendait fou.
- La semaine dernière, rétorqua froidement Buffy, c'était la semaine dernière. Aujourd'hui est un autre jour !
- Epargne-moi les clichés, tu veux ! Si Riley n'était pas revenu, jamais tu n'aurais rompu !
- Peut-être, concéda la jeune fille. Mais il est revenu, il nous a surpris, et je ne veux plus jamais ressentir une telle honte !
Spike accusa le coup. Il était blessé mais ne voulait pas le montrer.
- Alors tu as honte de moi, hein ? Je ne suis pas assez bien pour tes amis !
- Tu n'es assez bien pour personne, Spike ! asséna la tueuse, cruelle.
- Et quand je te faisais jouir, dis-moi, tu avais honte ? (Il passait à la contre-attaque.) J'étais assez bien pour toi, au plumard ?
Ce fut au tour de Buffy d'encaisser le coup bas. Au fil du temps, chacun avait acquis une connaissance intime de l'autre et tous deux connaissaient les phrases qui font mal. Il se torturait en se disant que jamais il ne serait à son niveau, et elle se dégoûtait de le vouloir, d'avoir envie de lui au point de le violer, là, tout de suite, en plein cimetière.
- Tu n'es bon qu'au plumard, Spike ! s'exclama-t-elle durement. Ne rêve pas, tu ne feras jamais un petit ami acceptable !
Le coup de poing partit tout seul. Lorsque Buffy se releva, la lèvre tuméfiée, le vampire regardait sa main d'un air stupéfait. Il n'avait pas voulu la frapper, il voulait juste discuter, mais comme d'habitude, ça s'était terminé en pugilat. Une violente savate au plexus le plia en deux, le souffle coupé. La tueuse était vraiment folle de rage, ce coup-ci.
- Hors de ma vue, Spike ! Sinon, Dieu me pardonne, je vais vraiment te planter un pieu dans le thorax !
- Buffy… Je suis désolé…
- C'est toujours la même refrain avec toi !
- Buffy, je t'aime…
- Même chanson, deuxième couplet ! ironisa la jeune fille, excédée. Ras-le-bol ! Dégage !
Le vampire, désespéré, la saisit par les bras et la plaqua contre lui. Il chercha sa bouche avec fougue mais Buffy se débattit comme une diablesse. Un brusque coup de genou à l'entrejambes et elle se retrouva libre, haletante.
- Tu n'as aucun sens de la décence, tu n'es qu'un monstre ! Que dois-je faire pour que tu sortes de ma vie une bonne fois pour toutes ! ?
Elle était comme possédée, ne se contrôlait plus. Il lui jeta un regard fou, puis tourna les talons et s'en fut en courant. La tueuse le suivit des yeux, cherchant vainement à reprendre une respiration normale.
Partir… Fuir… Loin d'elle, loin de la torture qu'elle représentait, loin de tout… L'espace d'un instant, Spike eut vraiment envie d'en finir avec l'existence. Une boule d'angoisse monta au fond de sa gorge, lui donnant une furieuse envie d'éclater en sanglots.
Seigneur ! En était-il donc arrivé là, lui, William le sanguinaire ? Etait-il donc tombé si bas à cause d'une femme ? Même Dru n'avait pas réussi à le détruire à ce point !
Il quitta le cimetière d'un pas pressé, et, au détour de la grille, se heurta à une autre personne qui venait en sens inverse.
- Eh, doucement, mon vieux ! fit une voix grave.
Spike vit en face de lui un jeune homme de dix-huit ans environ, les cheveux bruns, les yeux verts, taillé en athlète. Un humain. Dommage ! Sinon, il aurait pu se défouler sur lui !
- Ça va, Spike ? s'enquit l'inconnu.
Le vampire fronça les sourcils.
- On se connaît ?
Au moment même où il posait la question, il se souvint. Ravel, le petit ami de Dawn. Une affaire assez sérieuse, apparemment, puisque l'adolescente l'avait présenté au scooby gang un mois plut tôt. Il sursauta néanmoins lorsque cette dernière les rejoignit.
- Spike ! En train de… te promener ? s'exclama-t-elle, se reprenant à temps.
Dawn se serait donnée des gifles. Elle avait failli employer le terme " patrouiller ", à la place, mais s'était heureusement arrêtée. Ravel ne savait pas que sa sœur était la tueuse, ni que Spike était un vampire, même s'il devait commencer à soupçonner quelque chose de pas très net. C'était son premier petit ami sérieux, elle était folle de lui et n'avait pas franchement envie que tout s'arrête du jour au lendemain.
- Euh… oui, répondit Spike. Et vous, les jeunes, qu'est-ce que vous faîtes dans le coin ?
- On est venu voir s'il y avait des suceurs de sang dans le coin ! répondit tranquillement Ravel.
Dawn sursauta violemment.
- Ravel ! C'est pour ça que tu as voulu venir ici ?
- Bien sûr ! Pas toi, Dawnie ?
La jeune fille se sentit rougir. Elle n'allait quand même pas avouer qu'elle espérait se faire peloter dans les coins sombres !
Spike eut un sourire carnassier en regardant le jeune couple.
- Vous feriez mieux d'aller vous bécoter dans un endroit discret, tous les deux !
- C'est pas une si mauvaise idée, Spike ! fit Ravel en lui décrochant un clin d'œil. Essaie de faire de même avec la tueuse !
Il entraîna à sa suite une Dawn totalement éberluée.
- Tu… tu… connais… la tueuse ? balbutia-t-elle, au bord du malaise.
Le jeune homme éclata de rire.
- Bien sûr ! C'est ta sœur, non ?
- Ravel ! Tu savais ?
Elle était au bord du malaise.
- Bien sûr ! Je ne suis pas tombé de la dernière pluie, bébé !
Dawn ne savait trop si elle devait être soulagée ou déçue. Après un instant d'hésitation, ce fut le premier sentiment qui l'emporta sur l'autre. Elle sauta au cou du jeune homme.
- Ravel, j'avais si peur !
- Mais… de quoi ?
- Que tu me jettes en apprenant qui j'étais !
Il lui sourit tendrement.
- Jamais, bébé, jamais ! Je suis trop accro ! Tu es devenue ma drogue…
Les deux adolescents s'embrassèrent passionnément, se serrant l'un contre l'autre avec la certitude éperdue que rien n'importait à part eux. Puis ils reprirent leur route, marchant en silence dans la nuit complice. Dawn était heureuse. Tout était parfait. Au-delà des mots.
Pourtant, après quelques minutes, elle sentit peu à peu le corps de Ravel se contracter. Quelque chose le gênait. Lui jetant un coup d'œil furtif, elle vit qu'il semblait contrarié. Ses sourcils froncés en témoignaient. Elle attendit jusqu'à n'en plus pouvoir.
- Bon, dis-moi ce qu'il y a, s'il te plait ! fit-elle en s'arrêtant net.
- Quoi ? Que veux-tu dire ?
- Ne fais pas l'innocent ! Quelque chose te tracasse. Si c'est à cause de ma famille…
- Non, bien sûr que non.
Il s'interrompit, angoissé. Devait-il tout lui dire ? Il craignait par-dessus tout de la perdre. Et si elle décidait de ne plus jamais le revoir ? Pire encore, si elle essayait de le tuer ?
Dawn le fixait, attendant une explication qui ne venait pas. Alors, elle crut comprendre. Ses yeux s'embuèrent, ses lèvres se mirent à trembler.
- Tu… tu vois quelqu'un d'autre ? demanda-t-elle.
Si elle devait souffrir, autant être fixée une bonne fois pour toutes. Ravel fut stupéfait. Quoi ? Elle pensait vraiment qu'il la trompait ? A cette seule idée, il fut pris d'un fou rire nerveux. Ce qui mit Dawn dans une colère noire.
- Ne te moque pas de moi ! C'est ça, hein, tu as une autre petite amie ? !
Il semblait incapable de s'arrêter. Alors elle tourna les talons et partit en courant, furieuse et blessée. Ravel la prit en chasse et la rattrapa. Il n'avait plus du tout envie de rire.
- Dawn, attends ! Ecoute-moi, bon sang !
- Non, laisse-moi ! hurla-t-elle en se débattant comme une forcenée.
Il voulut la maîtriser, mais elle lui décocha un coup de pied dans le tibia. Le jeune homme grimaça de douleur, mais ne la relâcha pas pour autant.
- Laisse-moi t'expliquer… ce n'est pas du tout ce que tu crois !
Elle le mordit à la main.
- Bon sang, Dawn ! Moi aussi, j'ai peur de te perdre !
L'adolescente se calma. Son instinct lui souffla que la suite n'allait pas lui plaire. Un frisson glacé parcourut sa nuque.
- Que… Que veux-tu dire ?
Ravel poussa un profond soupir. Il ne pouvait plus reculer, désormais.
- Dawn, fit-il d'un ton grave. Je dois t'avouer quelque chose sur moi… Je suis un démon.

Interlude

Le démon se retourna vers le vampire avec un rugissement effroyable. Son serviteur s'agenouilla obséquieusement, espérant échapper à la colère de son maître. Peine perdue ! Les griffes acérées déchiquetèrent un peu plus son visage mutilé.
- Répète-moi ça, ordonna la créature infernale d'un ton doucereux.
- Je n'y suis pour rien, maître ! geignit le vampire. J'ai essayé de l'approcher, mais la tueuse patrouillait dans le secteur ! Or, il est toujours en compagnie de sa sœur !
- Vraiment ? Que fait-il donc avec elle ?
Le vampire hésita longuement. Devait-il révéler ce qu'il avait appris en espionnant la sœur de la tueuse ? Nul doute que son maître n'allait guère apprécier !
- Parle !
- Maître, le seigneur Bahal a révélé à la sœur de la tueuse qu'il était un démon !
Si l'instant n'avait été aussi dramatique pour lui, le vampire aurait éclaté de rire devant la stupéfaction qui se peignit sur le visage de son maître. Mais celui-ci retrouva vite son rictus malfaisant.
- Tiens dons ! Ainsi Bahal est amoureux… Très intéressant. Il me faut surveiller le développement de cette petite histoire.
Il demeura un instant pensif, contemplant sans la voir la créature tremblante à genoux devant lui.
- Cela change la donne, mais au final, rien ni personne n'empêchera la bouche de l'enfer de se rouvrir…

Chapitre 2 : Révélations


De toute sa jeune vie, Dawn Summers n'avait jamais connu une telle stupeur. Si le ciel s'était ouvert devant elle pour laisser apparaître Dieu en personne, elle n'aurait pas été plus effarée. Mais rapidement, ce sentiment laissa la place à la colère et à la peur. Le jeune homme dont elle était tombée éperdument amoureuse n'était autre que son pire ennemi. Quelqu'un qu'elle devait affronter et tuer !
Elle se mit à reculer tout doucement, s'assurant subrepticement que le pieu pointu qui ne la quittait jamais le soir était à sa place. Sous sa ceinture.
- Inutile, Dawn. Il ne te servira à rien, je ne vais pas te faire de mal.
La jeune fille ne fit même pas semblant d'ignorer de quoi il parlait.
- Oh, vraiment ?
Elle avait voulu mettre toute l'ironie possible dans ce simple mot, mais à sa grande horreur, sa voix n'était rien d'autre qu'apeurée.
- Dawn, écoute-moi ! supplia le démon. Tu sais que je suis sincère. Lis dans mon cœur, il n'appartient qu'à toi.
Une vague de chaleur envahit son jeune corps. Se pouvait-il qu'il l'aime pour de bon ? Oui, mais c'était un démon, tout de même !
- A demi seulement, fit-il, semblant lire dans ses pensées.
- Comment ça, à demi ? sursauta-t-elle.
Ravel haussa les épaules.
- Ma mère était humaine, dit-il simplement.
- Génial ! Et ça doit tout arranger, je suppose ! Mais au fait, quel âge as-tu ?
- Oh… et bien, en fait…
Il essayait vainement d'éluder la question.
- Oui ? insista-t-elle.
- A peine une petite centaine d'années. Je suis un tout jeune démon.
Dawn faillit tomber à la renverse. Rien que ça ! Elle sortait juste avec un type qui avait cent ans de plus qu'elle !
- Et bien entendu, Ravel Dennison n'est pas ton vrai nom ! siffla-t-elle.
- C'est mon nom en tant qu'humain…
- Et ton nom démoniaque ?
Il hésita un instant, un reste de prudence l'incitant à se taire, mais se ravisa très vite. Au point où il en était, autant tout lui avouer !
- C'est… Bahal.
Dawn ne répondit rien. Il lui était totalement inconnu, mais elle se promit intérieurement de faire des recherches dans la boutique de magie. Ravel lui saisit les mains. Il était vital pour lui qu'elle le croie.
- Dawn, je t'en prie, je t'ai dit la vérité parce que je t'aime. Il ne peut y avoir d'amour sans confiance, et j'ai mis mon sort entre tes mains.
Non, il ne mentait pas. L'adolescente en eut soudain la certitude. Les yeux sont les miroirs de l'âme, dit le proverbe, et à cet instant, ceux du jeune homme ne reflétaient qu'une franchise absolue. Mais elle ne pouvait pas lui répondre ce qu'il souhaitait entendre. Pas encore.
- Ravel… Je… J'ai besoin de temps pour réfléchir…
Elle dégagea doucement ses mains, et il ne fit aucun effort pour l'en empêcher.
- Laisse-moi… digérer la nouvelle, okay ?
Il inclina la tête en guise d'assentiment. Au moins, ce n'était pas une fin de non-recevoir pure et simple. Elle voulait du temps ? Il lui laisserait tout le temps du monde, mais elle finirait par revenir vers lui.
Dawn se détourna pour partir, mais il lui prit délicatement le menton.
- Tu ne m'embrasses pas ? murmura-t-il.
Elle eut un signe de dénégation. Ravel n'insista pas. Tous deux brûlaient de se retrouver dans les bras l'un de l'autre, mais ils se quittèrent ainsi. Surtout, ne pas précipiter les choses…
Ce fut une patrouille sans grande surprise, mais quand Buffy Summers rentra à la maison, elle était éreintée. Elle s'était défoulée à loisir de ses frustrations émotionnelles et… sexuelles. La jeune fille ne se sentait vraiment pas en état d'entamer de longues discussions, aussi réprima-t-elle difficilement un mouvement d'impatience en trouvant Alex sur le perron.
Il arborait une mine désormais familière depuis quelques semaines : celle du chien battu. Elle eut envie de le secouer d'importance. Au lieu de s'apitoyer sur son sort, il ferait bien mieux d'essayer de reconquérir Anya !
Buffy soupira. C'était Alex, son meilleur ami, celui qui avait toujours été là pour elle dans les moments les plus difficiles. Elle ne pouvait pas le traiter aussi mal. Au contraire, elle se devait de lui accorder une oreille compatissante.
- Entre, Alex, fit-elle en souriant. Tu ne vas pas rester sur le pas de la porte !
- Je n'en sais rien, Buff, je n'ai vraiment pas le moral. Ça risque d'être contagieux.
- Ça m'étonnerait que ce soit pire qu'en ce moment, soupira-t-elle en le faisant entrer.
Tous deux s'installèrent sur le canapé avec quelques bières. Buffy jeta un regard interrogateur à son compagnon.
- Je me suis encore disputé avec Anya, dit-il en réponse à sa question muette.
- A propos de quoi ?
- Toujours la même chose ! Notre mariage raté, notre relation ratée… etc.
- Tu as l'air encore plus abattu que d'habitude !
- Elle m'a dit qu'elle s'était envoyée en l'air avec quelqu'un d'autre ! fit-il, amer.
- Qui ? !
Buffy était au comble de la stupeur. Elle s'était attendue à tout sauf à ça !
- Elle n'a rien voulu me dire, répondit Alex. Tout ce qu'elle a lâché, c'est que ce type avait la quarantaine et que c'était un amant exceptionnel !*
La tueuse était sidérée. Anya avec un type qui avait l'âge d'être son père ? Sans savoir pourquoi, elle se mit à penser à Giles. Anya avec un type comme Giles ? ! Impossible ! Quoique… A bien y réfléchir, après l'épisode Tabula Rasa, où le sort jeté par Willow avait extrêmement mal tourné, elle s'était demandé s'il ne s'était rien passé entre eux. Après tout, ils se croyaient fiancés ! Buffy en avait d'ailleurs parlé avec Spike, lors d'une de leurs rares discussions, et celui-ci avait l'air d'en savoir long sur le sujet…
Bon ! Assez pensé à ce salaud de Spike ! Inutile de repenser à sa bouche courant sur tout son corps frémissant, à sa langue la faisant gémir de plaisir, aux mouvements de son corps en elle… Stop ! Un gémissement avait du lui échapper, car Alex la regarda d'un air surpris.
- Tout va bien, Buffy ?
Le bruit de la porte d'entrée qui s'ouvrait l'empêcha de répondre à cette embarrassante question.
Buffy se releva d'un bond, furieuse.
- Dawn ! Tu as vu l'heure qu'il est ! ?
- Oh, ça va, Buffy ! Demain, c'est samedi !
- Ce n'est pas une raison !
- Bien sûr ! Tout ce que je fais est mal, je ne suis qu'une gamine stupide qu'il faut surveiller comme le lait sur le feu ! explosa l'adolescente.
- C'est Ravel, n'est-ce pas ? Tu étais encore avec lui ? la taquina Alex, amusé.
- Oui, et alors ? ! En quoi est-ce que ça te regarde ? !
- Dawn !
Le rappel à l'ordre de Buffy n'eut aucun effet sur la jeune fille.
- J'en ai marre ! Tu en as toujours après moi, en ce moment ! Demande-toi donc pourquoi !
- Que veux-tu dire ? questionna la tueuse, glaciale.
- Si tu n'as personne dans ton lit, ce n'est pas de ma faute !
Alex les regarda tour à tour. Il se sentait très mal à l'aise. Buffy attrapa sa sœur par le bras et serra si fort qu'elle lui arracha une grimace de douleur.
- Explique-toi, et vite !
- Tu tiens vraiment à ce que je parle devant Alex ? ironisa sa sœur.
- Je n'ai aucun secret pour Alex !
- Ah oui ? (L'adolescente se tourna vers le jeune homme sidéré.) Alors, tu es au courant que Buffy couchait avec Spike il n'y a pas si longtemps ?
Alex ouvrit et referma brusquement la bouche, comme un poisson manquant d'oxygène. Aucun son n'en sortit. Buffy et Dawn se toisèrent.
- Pourquoi tu as baisé avec lui si tu ne l'aimes pas ? !
- Comment es-tu au courant ?
- Je t'en prie, Buffy, tu me prends pour une idiote ou quoi ? ! J'ai des yeux pour voir !
Buffy la relâcha brusquement. Elle n'en revenait pas de ce que sa sœur lui assénait. Elle n'en revenait pas de voir que Dawn était à ce point bouleversée. De voir qu'elle avait les larmes aux yeux.
- Spike, lui, il t'aime ! Qu'est-ce que tu veux de plus ? sanglota l'adolescente. Angel a refait sa vie ! Quand comprendras-tu que c'est fini entre vous?
- Je l'ai déjà compris, merci.
Alex se leva à son tour du canapé, sonné.
- Quand je pense au nombre de fois où j'ai raillé Spike en lui disant que tu étais trop bien pour lui et qu'il ne t'aurait jamais !
- Alex…
- Quel foutu imbécile j'ai été ! fit-il avec mépris. Décidément, je n'ai jamais rien compris aux femmes !
Saisissant son blouson, il se dirigea vers la porte d'entrée, qu'il claqua derrière lui sans un regard en arrière. Les deux sœurs restèrent face à face.
- Là, tu es contente, je suppose ! ?
La voix de la tueuse avait claqué comme un fouet.
- Buffy, pourquoi tu as rompu avec Spike ?
- Pour des raisons que tu ne comprendrais pas…
- Explique-moi !
La jeune fille soupira, légèrement calmée devant les larmes de sa sœur.
- Dawn, j'ai cassé parce que Riley nous a surpris au lit, Spike et moi. J'ai cassé parce que cette relation était en train de me détruire, parce que je n'éprouvais plus que de la honte et du dégoût pour moi-même…
- Mais…
Dawn était désespérée par ce qu'elle venait d'entendre. Elle aurait tellement souhaité que sa sœur tombe amoureuse de Spike !
- Dawnie… Je ne peux pas oublier que sans sa puce, cet homme ne serait qu'un monstre assoiffé de sang, et mon pire ennemi.
- Et… si tu l'avais rencontré alors qu'il n'était encore que William ? demanda timidement Dawn. Tu crois que tu aurais pu l'aimer ? S'il n'avait été que William, et non un vampire…
La question prit Buffy par surprise. Aurait-elle pu aimer William le poète ? L'humain ? Elle en savait si peu sur celui qu'il avait été. Lorsqu'il en parlait, Spike n'avait que des mots méprisants et cinglants envers " l'idiot désespérément romantique et bien élevé " qu'il avait été autrefois. Pourtant, à sa grande surprise, elle se dit qu'elle aurait aimé connaître cet homme-là.
- Oui, s'entendit-elle répondre. Je crois que j'aurais pu aimer ce William-là…
Dawn ne dit rien. Après un instant de silence, elle embrassa sa sœur, lui souhaita une bonne nuit et monta lentement les escaliers pour aller se coucher. William et Buffy ? Pourquoi pas, après tout ? Une idée délirante commençait à germer dans sa tête. En tant que démon, Bahal/Ravel devait être capable d'exaucer le moindre souhait, non ? Et si elle lui demandait comme preuve d'amour de rendre cette rencontre possible ? Dès le lendemain, elle irait le retrouver. Peut-être même avant, dans son sommeil…
A peine sa tête eut-elle touchée l'oreiller que l'adolescente plongea dans les bras de Morphée. Ses rêves furent peuplés de longues robes à crinoline, de costumes de tweed, ainsi que de Ravel et du scooby gang parlant bizarrement avec un accent britannique très prononcé…

Interlude

La sensation d'une caresse sur sa peau lui fit ouvrir les yeux. Son amour était là, à côté d'elle, et elle lui sourit, l'esprit encore tout embrumé.
- Ravel ? murmura-t-elle. Que fais-tu dans mes rêves ?
Le démon eut un sourire éclatant.
- Tu m'y as appelé, ma douce…
Complètement réveillée, Dawn s'assit dans le lit. Elle jeta un coup d'œil à la pendule. Il était trois heures du matin.
- Vraiment ?
- Tu me demandais de t'accorder un vœu en gage d'amour.
Dawn se blottit contre lui avec un soupir, puis émit un gloussement en se remémorant son idée délirante. Ravel déposa un baiser sur sa chevelure.
- Quel souhait voulais-tu me voir exaucer ? demanda-t-il.
- Oh, rien ! Une idée ridicule et impossible…
- Vas-y, dis-moi…
Elle réfléchit un instant puis se jeta à l'eau.
- Ma sœur a largué Spike. Je lui ai demandé si elle aurait pu l'aimer… s'il avait été William et non Spike.
- Tu veux dire l'être humain au lieu du vampire ? Mais ils ne vivent pas à la même époque, chérie !
- Je sais, soupira Dawn. C'était complètement dingue ! Buffy, rencontrer William en 1880 ? C'est irréalisable !
Un petit sourire se peignit sur les lèvres du jeune homme.
- Pas aussi irréalisable que tu le crois…
Sa compagne sursauta.
- Tu pourrais le faire ? !
- Pour te prouver mes sentiments, oui !
Dawn hésita. Son instinct lui disait de faire confiance à Ravel, mais que se passerait-il si l'expérience dérapait ? S'ils étaient définitivement bloqués en 1880 ? Et… pouvait-elle faire confiance à Bahal ?
" Oh, et puis zut ! Si ça peut rendre Buffy amoureuse de Spike ! "
Elle regarda pensivement son petit ami.
- Okay, Ravel, ça marche ! s'écria-t-elle enfin. Je souhaite que Buffy et William se rencontrent avant qu'il ne devienne un vampire !
- Dawn, je veux que tu comprennes bien quelque chose avant d'exaucer ton souhait, fit-il d'un ton grave.
- Quoi ?
- Il n'y aura pas de retour en arrière possible…


Chapitre 3 : Londres, 1880


Pendant un court instant, ce fut le néant total. Cette étrange sensation que l'on a parfois, le matin, pendant quelques brèves secondes, entre les vestiges du sommeil et l'état de conscience. Cette impression d'amnésie complète, où l'on ne sait plus qui l'on est ni d'où l'on vient. Et si les souvenirs vont un jour revenir…
Buffy Anne Summers ouvrit tout grand ses yeux clairs. L'environnement ne lui semblait guère familier. Puis elle se remémora. Londres, elle était à Londres depuis deux mois. Quel rêve étrange ! La jeune fille éclata de rire.
Mon dieu ! Elle avait imaginé qu'elle vivait en 2002, qu'elle était une tueuse de vampires et surtout qu'elle portait les tenues les plus indécentes qu'on n'ait jamais vu ! A ce souvenir, une grimace de dégoût lui tordit la bouche. Seigneur ! Plaise au ciel que les femmes ne s'habillent jamais comme ça 120 ans dans le futur !
C'était vraiment… bizarre. Elle avait aussi rêvé de lady Anya Emerson, la pire pimbêche de toute l'angleterre. Dans son sommeil, celle-ci était son amie. Stupide ! " Songe, mensonge ", dit le proverbe. Ô combien vrai ! Ce qui lui paraissait nettement plus plausible, c'était qu'elle lui apparaisse sous les traits d'une démone nommée Anyanka !
Buffy se renversa sur son lit à baldaquin, en proie à un fou rire inextinguible. Ce fut dans cette position que la trouva Joyce Summers. L'amusement de la jeune fille cessa aussitôt. Elle avait aussi vu la mort de sa mère dans ce rêve.
- Buffy ! Mais enfin, que t'arrive-t-il ? On t'entend rire depuis le couloir !
- Maman !
La jeune fille se jeta d'un bond dans les bras de Joyce, pétrifiée de stupeur.
- Buffy !
- Maman ! Je suis si heureuse que tu sois là !
- Chérie, on dirait que tu ne m'as pas vue depuis des mois !
- J'ai fait un cauchemar, maman, un horrible cauchemar…
Elle n'en dit pas plus, et Joyce n'insista pas, la serrant contre elle avec un tendre sourire. Sa fille était souvent une jeune femme volontaire et intrépide. Mais elle était aussi parfois une enfant désarmée.
Joyce Summers, veuve depuis deux ans, avait hérité de son époux une fortune colossale. Après de nombreuses hésitations, elle avait décidé de se changer les idées en voyageant de par le monde. Ce que lui permettaient ses revenus. Un mois plus tôt, elle s'était fixée à Londres, où elle espérait secrètement que sa fille trouverait un parti convenable. La gentry londonienne, habituellement si select, s'était rapidement entichée de ces deux blondes américaines, et on se les arrachait dans les soirées mondaines, où l'humour et le mordant de Joyce, alliés à la beauté et au caractère de Buffy, faisaient des ravages.
Joyce sentait que Buffy avait quelquefois la nostalgie du pays, mais si tout se passait comme elle le souhaitait, leur séjour en Angleterre deviendrait définitif. Le duc de Roxburgh, charmant quinquagénaire, s'intéressait à Mme Summers. Lui aussi était veuf, et elle n'était pas insensible à son charme…
Buffy avait compris tout ça à demi-mot, mais elle n'était pas certaine d'arriver à oublier le continent américain aussi facilement. La Californie était un endroit tellement agréable ! Les pensées de la jeune fille revinrent à son rêve. Sunnydale… Quel nom stupide pour une ville !
Et puis… les vampires, ça n'existait pas ! Dommage… Il y en avait de rudement sexy dans son rêve ! Elle fronça les sourcils, mais impossible de se rappeler leurs noms. Angelo ? Stike ? Tout s'enfuyait, lui échappait et elle se demandait si elle avait vraiment envie de le rattraper… Mais quoi ? Ou qui ?
- Buffy… Je t'ai parlé…
La voix douce de Joyce la ramena à la réalité.
- Tu disais, maman ?
- Je disais que tu devrais songer à te lier d'amitié avec d'autres jeunes filles de ton âge… Lady Anya Emerson est tout à fait charmante !
Hoquet de stupeur horrifié.
- Maman ! Cette pimbêche ne peut pas me souffrir ! Et je le lui rends bien !
- Bien… Peut-être que cette petite Cécilia Clary…
- Cécilia Clary ? s'exclama Buffy, épouvantée. Maman, elle est dix fois pire que Anya Emerson ! Je n'aime guère Anya, mais on peut au moins lui reconnaître une franchise à toute épreuve. Cécilia, c'est tout à fait le genre à faire des minauderies par devant et à te poignarder dans le dos par derrière !
Joyce poussa un soupir découragé. Parfois, elle aurait souhaité que sa fille soit moins… américaine.
- N'y a-t-il personne avec qui tu souhaiterais nouer des relations amicales ?
L'espace d'un instant, Buffy revit le visage de la jeune rousse qu'elle avait croisé dans ses songes. Elle la connaissait de vue, car les deux jeunes filles s'étaient croisés lors d'une réception chez les Emerson. Lorsque Buffy, attirée sans savoir pourquoi par cette curieuse personne que tout le monde semblait laisser pour compte, avait demandé à Cécilia Clary si elle pouvait lui être présentée, cette dernière avait eu un sursaut horrifié.
- Vous n'y pensez pas, ma chère ! C'est Willow Rosenberg !
- Et alors ?
- La fille du banquier Joshua Rosenberg. Elle est juive !
La jeune fille blonde avait alors compris que le racisme était partout, et pas seulement en Amérique… Elle avait admiré la façon dont Willow restait dans son coin, la tête fièrement dressée, tandis que la jeune noblesse anglaise lui jetait sous cape des regards moqueurs. A un moment donné, leurs regards s'étaient croisés, et sans savoir pourquoi, elles avaient échangé un sourire complice.
Joyce attendait toujours patiemment une réponse à sa question.
- Willow Rosenberg, maman, répondit Buffy.
- En effet, approuva sa mère, c'est une jeune fille très naturelle, et d'une grande gentillesse.
- Nous pourrions peut-être l'inviter pour le thé ?
- Inutile, tu la verras ce soir chez les Clary.
Buffy fit la grimace.
- Suis-je vraiment obligée d'y aller ?
- Oui, Buffy, répondit patiemment Joyce. Tu l'es, et moi aussi. Ce sont des gens charmants.
- Leur fille est une sale peste !
- Buffy Anne Summers !
Ce rappel à l'ordre laissa la jeune fille de glace. Elle eut un espiègle sourire et embrassa spontanément sa mère sur la joue.
- D'accord, je vais faire un effort, c'est promis !

Dans un autre quartier de la city, Sir William Graves1 , assis à son bureau, tentait vainement depuis une heure de faire rimer les mots " beauté " et " vanité " dans un vers qui soit correctement écrit. Il voulait que la coquette cruelle qui se moquait de lui depuis si longtemps comprenne enfin ce qu'elle lui faisait endurer. Mais hélas ! La muse semblait l'avoir complètement déserté ! Il avait beau faire, il ne parvenait pas à terminer ce poème…
William ajusta ses lunettes et s'étira en soupirant. Passant une main dans sa chevelure chataîn, perpétuellement indisciplinée, il repensa à la belle Cécilia Clary. Son corps de déesse le rendait fou. Le jeune homme rougit quand ses pensées devinrent vraiment impudiques. A vingt-cinq ans, William avait déjà connu de nombreuses jeunes femmes, mais elles n'étaient guère fréquentables. Des actrices, des courtisanes, des théâtreuses… Il était du genre fidèle quand il avait une liaison, mais ces filles n'avaient jamais su toucher son cœur, uniquement son corps.
William était un romantique. Il attendait l'amour, le vrai, et pensait l'avoir trouvé en la personne de la troublante Cécilia. Malheureusement, depuis qu'il avait entrepris de lui faire une cour assidue, elle ne lui témoignait que mépris et raillerie. Tant pis ! Il repartirait à la charge !
La soirée donnée par les parents de la jeune fille, à laquelle il était convié, lui fournirait une excellente occasion. William se sentit le cœur gonflé d'allégresse. Il eut envie de sortir faire un tour pour calmer son exaltation.
Sur le seuil, il croisa son voisin de palier, Alexander Harris, un jeune irlandais qui travaillait en tant que pigiste pour la prestigieuse revue " The Strand2 ". Les deux jeunes gens se saluèrent aimablement. William songea qu'il devrait inviter un de ces jours son voisin à prendre un verre afin d'apprendre à mieux le connaître. La revue publiait les plus grands auteurs contemporains, et Harris devait avoir des foules de choses passionnantes à raconter.
Marchant d'un pas rapide, il repensa au rêve qu'il avait fait la nuit dernière. Harris, Anya Emerson, Willow Rosenberg et même cette jeune américaine, nouvellement débarquée en étaient les personnages principaux. Comment s'appelait-elle, déjà ? Ah oui, Buffy. Buffy Anne Summers. Un nom étrange pour une si belle jeune personne. Il ne lui avait jamais été présenté, mais il l'avait aperçue plusieurs fois auparavant.
Dans ce curieux songe, tous vivaient en l'an de grâce 2002. Il était un vampire, et Buffy la tueuse chargée de l'éliminer. Ils passaient leur temps à se disputer et à essayer de se tuer. Pourtant, leurs rapports étaient devenus par la suite très… intimes. Il se revit en train de la caresser, de la pénétrer, de jouir en elle… A cette pensée, le jeune homme se sentit très gêné. Il était amoureux de Cécilia, et le voilà qui fantasmait sur une parfaite inconnue !
- Tu perds la tête, William ! sifflota-t-il gaiement, le cœur soudain en fête, sans trop savoir pourquoi.
Oui, malgré tout, la vie était belle…
1 Un peu d'humour pour le nom de William : Graves, en anglais, signifie Tombes.
2 Pour la petite histoire, le Strand magazine était une prestigieuse revue littéraire. Elle publia notamment les aventures de Sherlock Holmes.

Interlude

Le vampire retint un soupir de soulagement. Son maître n'avait pas l'air furieux, cette fois-ci. Au contraire, il riait à gorge déployée.
-Excellent ! C'est vraiment excellent !
-Oui, seigneur Abaddon.
Le suceur de sang ne voyait vraiment pas où était la plaisanterie dans cette lamentable histoire, mais il préférait ne pas mécontenter son tortionnaire en faisant étalage de son ignorance.
-Drago, tu es vraiment stupide, susurra le démon. Tu ne vois vraiment pas toute la subtilité, toute l'ironie du plan de Bahal ?
-Non, seigneur, répondit Drago, tout tremblant.
-Abaddon poussa un soupir de lassitude résignée.
-Pendant que toute l'équipe se retrouve à Londres en 1880, expliqua-t-il patiemment à son subordonné, Sunnydale se retrouve sans protection.
-La tueuse et ses amis dans le passé… Plus rien ne vous empêchera de réactiver la porte de l'enfer, Monseigneur !
Drago était stupéfait. Le plan de Bahal était brillant. Mais ce dernier n'avait-il obéi qu'à des considérations purement machiavéliques ou était-il vraiment tombé amoureux de la sœur de la tueuse ? Dans les deux cas, peu importait. Bientôt, Abaddon et les légions de l'enfer régneraient en maîtres sur Sunnydale, puis… sur le monde.


Chapitre 4

Tout le gratin de la haute-société anglaise s'était donné rendez-vous chez les Clary, ce soir-là. Toilettes somptueuses, parfums enchanteurs, queues-de-pie classiques et sobres, ces messieurs et dames rivalisaient d'élégance en l'honneur de leurs hôtes.
Cécilia Clary, piquante brune aux yeux noirs, accueillait sagement auprès de ses parents les invités. Sa taille fine était sanglée dans une robe de brocart bleu marine, dont le décolleté dévoilait avantageusement ses formes généreuses. Elle poussa un long soupir d'ennui en donnant sa main à baiser au jeune homme longiligne qui lui faisait face.
-Pour l'amour du ciel, William ! Promettez-moi de ne plus m'importuner avec vos sonnets grotesques !
-Cécilia…
-Oui, William. Je serais à jamais votre amie fidèle si vous cessez de m'assommer avec vos vers…
Elle eut un tel rire de gorge que le jeune homme n'eut d'autre choix que de lui faire cette promesse.
Dieu miséricordieux, soyez loué ! intervint lord Ambroise Clary, le père de la jeune fille. William le sanguinaire ne nous écorchera pas les oreilles, ce soir !
Le jeune homme se sentit devenir tomate, tandis qu'autour de lui, l'assistance s'esclaffait bruyamment. Son regard croisa celui, infiniment compréhensif, de Willow Rosenberg. La carnation de rousse de la jeune femme était agréablement mise en valeur par une robe vert pâle. Elle lui adressa un sourire timide, pour bien lui montrer qu'elle n'approuvait pas ce genre d'attitude. William eut soudain envie de la rejoindre, afin de lui parler de cet étrange rêve, où elle tenait une grande place. Mais ils n'avaient jamais encore été présentés l'un à l'autre. Oserait-il y aller seul ? Non, jamais ! Son éducation n'était pas celle d'un malotru…
De son côté, Willow hésitait. Tout ceci était terriblement troublant. Comment s'y prendrait-elle pour parler à ce jeune homme et à l'Américaine de cet étrange songe dans lequel ils avaient été les personnages principaux ? Sans parler de ses pouvoirs de sorcellerie ! Et de son… attirance pour les filles ! A cette pensée, la jeune fille fronça les sourcils. Quel scandale ! Le prochain millénaire était vraiment dépravé…
Il y eut un frisson d'anticipation dans la grande salle de réception, lorsque le majordome annonça pompeusement Mme Joyce Summers et Mlle Buffy Anne Summers. Tout le monde se pressa autour des deux femmes.
-Buffy ! Quel prénom ridicule ! siffla Anya Emerson entre ses dents.
Deux ladies d'un certain âge, qui avaient entendu sa réflexion, lui jetèrent un regard courroucé par dessus leur éventail. Anya leur tira la langue et elles s'éloignèrent, scandalisées.
Se retournant, elle aperçut un jeune homme brun, aux yeux candides, qui l'observait timidement. Elle le toisa, détaillant avec un mépris clairement affiché la tenue de soirée lustrée aux coudes, qui n'avait plus l'air de la première jeunesse.
" Seigneur ! Encore un pauvre niais qui va me faire une déclaration d'amour ! " songea-t-elle en le voyant s'approcher.
Elle lui tourna résolument le dos, l'ignorant avec superbe.
-Ex… Excusez-moi, Milady, balbutia l'importun.
Malgré sa ferme résolution de faire comme s'il n'existait pas, Anya ne put s'empêcher de le regarder, non sans une exclamation de stupeur horrifiée.
-Dieu du ciel ! Où diable avez-vous pris un accent pareil ? !
Le jeune homme rougit violemment. Il était vexé.
-Je suis irlandais, milady, dit-il d'un ton sec. Pardonnez-moi si mon accent vous offusque !
Alex Harris fit volte-face et planta là cette pintade enrubannée. Il se sentait bouillir de colère. Que faisait-ils parmi ces gens ? ! Ce n'était vraiment pas son monde, ça ne l'avait jamais été ! Il retint le rire amer qui lui montait aux lèvres. Dire qu'il avait osé aborder lady Anya Emerson, lui dire qu'il avait rêvé d'elle, que dans ce rêve ils étaient amoureux et allaient se marier ! Comble de stupidité, ils vivaient en 2002 ! 122 ans dans le futur !
Allons, il devenait fou ! Il voyait son voisin de palier, William Graves, en vampire décoloré ; la jeune américaine Buffy Summers, en Tueuse portant des jupes courtes et moulantes ; la rousse Willow Rosenberg en… homosexuelle ! Fou, il devenait fou !
Tout à ces pensées déstabilisantes, il se heurta violemment à quelqu'un.
-Oh, je suis désolé…
Il s'arrêta net et blêmit en reconnaissant Willow Rosenberg.
-Non, c'est moi qui suis confuse, je ne regardais pas où j'allais, répondit la jeune fille.
Son teint laiteux s'était délicatement coloré. Les deux jeunes gens restaient là, les bras ballants, se demandant ce qu'il convenait de faire, lorsqu'une troisième personne déboula sur eux sans crier gare.
-Ouch !
-Oops ! Désolée !
Buffy, Alex et Willow se retrouvèrent face à face, désemparés, ayant clairement conscience de l'étrange rêve de la nuit. Chacun amorça un mouvement de retrait, lorsque la jeune américaine décida soudain de se jeter à l'eau. Elle leur tendit tour à tour une main franche.
-Enchantée, je suis Buffy Anne Summers.
Après un instant d'hésitation, Alex serra la main tendue.
-Alexander Harris, charmé.
-Willow Rosenberg, fit la rousse, en saisissant, elle aussi, la main tendue.
Jetant un œil autour d'elle, Buffy saisit les deux autres par le coude. Personne ne faisait attention à eux. Elle les entraîna dans un coin reculé de la salle de bal.
-Pardonnez-moi ma familiarité, mais je crois que nous avons des choses à nous dire, attaqua-t-elle d'entrée.
Les yeux de Willow étincelèrent.
-J'en étais sûre ! Vous aussi, vous avez fait ce rêve bizarre, n'est-ce pas ?
-Sunnydale… , murmura Alex.
Les deux jeunes filles sursautèrent, puis le regardèrent.
-Dieu merci, je ne suis pas folle ! reprit Buffy. A votre avis, qu'est-ce que ça veut dire ?
-Je n'en sais rien, répondit Willow en fronçant les sourcils. Peut-être sommes-nous liés, d'une manière ou d'une autre ?
-Liés… Je serai liée avec… Anya Emerson ? s'exclama Buffy, horrifiée.
Willow lui fit un clin d'œil complice avant de couler un regard discret à Alex, rouge brique.
-Apparemment, certains d'entre nous sont plus liés que d'autres avec elle…
-Oui, bon, ça va ! Moi, au moins je ne couche pas avec William le sanguinaire ! rétorqua l'irlandais.
Tous trois se tournèrent vers William, assis à l'écart, regardant d'un air d'adoration Cécilia Clary et sa cour. Buffy était vraiment curieuse.
-Qui est ce jeune homme ? Et pourquoi le surnomme-t-on ainsi ? demanda-t-elle.
-Un chic type, pour le peu que j'en sais, reprit Alex avec plus de chaleur. Nous sommes voisins, et c'est le père de cette pimbêche (Il désigna avec un reniflement de mépris la belle brune) qui lui a donné cette épithète ridicule. Il prétend que sa poésie lui écorche les oreilles.
-Ce sont des gens charmants ! ironisa Buffy.
Willow acquiesça vigoureusement.
-Oh, non ! murmura-t-elle soudain, les yeux fixés vers un point derrière Buffy et Alex.
-Quoi ? Que se passe-t-il ?
Non loin de leur petit groupe, William venait de sortir un calepin et avançait d'un pas décidé vers Cécilia et son petit groupe d'admirateurs. Un blondinet un peu fade, le voyant approcher, le bouscula violemment et lui arracha le carnet. Des rires fusèrent autour d'eux.
-Rendez-moi ça ! cria William en tentant de se relever.
Malheureusement, les amis du plaisantin le ceinturèrent. Il essaya vainement de se débattre.
-Eh ! Rendez-lui ça immédiatement ! cria Alex, furieux.
Son exclamation de colère passa complètement inaperçue dans le brouhaha général. D'un même mouvement, les trois jeunes gens voulurent s'approcher pour soutenir William, mais la foule qui s'était attroupée autour de lui était déjà bien trop dense.
Le jeune blond leva le carnet bien haut et commença à déclamer avec ostentation :
-Douce Cécile, vous êtes belle
Mes yeux sont fixés sur la mouche.
Douce Cécile qui m'ensorcèle,
Mouche si près de la bouche…
De temps en temps je vous observe
Quand vous sortez vous promener.
Votre mouchoir je désespère
Un jour de voir tomber…
Si vous pouviez, seulement, m'écouter !
Si je pouvais, de vous, me faire aimer !
Tout ce que je ferai, pour vous, belle Cécile…
La salle entière partit dans un fulgurant éclat de rire.
-C'est du grand art ! se moqua quelqu'un.
-Le nouveau Shakespeare ! renchérit-on alentour.
Les rires redoublèrent. La rage et l'humiliation éclatèrent dans le cerveau de William comme une bombe. Il se dégagea d'un mouvement brusque. Son poing alla s'abattre sur le visage de son tourmenteur. Le coup fut si violent que le sang gicla.
Un silence de mort plana sur l'assemblée, qui comprit que la farce était allée beaucoup trop loin. William rajusta sa veste, releva fièrement la tête, puis reprit son carnet et quitta la salle d'un pas nerveux. La foule s'écarta sur son passage comme la mer devant Moïse.
Buffy, Willow et Alex échangèrent un long regard.
--J'y vais, fit la jeune américaine. On ne peut pas le laisser partir comme ça. Nous reprendrons notre conversation plus tard.
D'un bref signe de tête, Willow et Alex donnèrent leur assentiment.
-Nous devrions essayer de parler à Anya, reprit la rousse.
-Et essayer de savoir qui sont ce Rupert Giles et cette Tara… , murmura Harris.
Ils restèrent tous deux seuls, songeurs, incertains devant cet étrange songe et cette aventure incroyable qu'ils ne faisaient encore que pressentir.
Tandis que Buffy Anne Summers, en toilette bleue vaporeuse, s'enfonçait dans la nuit à la suite d'un curieux poète blessé…

Interlude
- Le conseil est très inquiet, Rupert…
Rupert Giles leva les sourcils et essuya machinalement ses lunettes. Un signe qui ne trompait pas, pour une personne qui le connaissait bien. L'observateur était nerveux.
- Que se passe-t-il ? Les activités démoniaques ont toujours été florissantes, à Sunnydale, répondit-il tranquillement. D'où leur vient cette inquiétude soudaine ?
- Du fait que la tueuse et ses amis semblent avoir complètement disparus de la surface de cette planète…
- QUOI ? !
Giles se redressa brusquement dans son siège, terrassé par la surprise.
- Oui, Rupert, depuis cinq jours environ, Buffy Summers, Alex Harris, Anya Emerson, Willow Rosenberg et son amie Tara ont disparu. De même que Spike et Dawn Summers.
- Je comprends que vous soyez inquiet ! Et ce n'est que maintenant que vous jugez bon de me mettre au courant ! s'exclama l'ancien observateur, furieux.
Son compagnon leva la main en signe d'apaisement.
- Du calme, Rupert.
- Avez-vous pu savoir ce qui s'était passé ?
- Non, pas vraiment. Mais nous pensons que tout cela est lié au nouveau petit ami de Dawn.
Giles allait de surprise en surprise. Dawn avait un petit copain ? Et depuis quand ?
- Et qui est ce petit ami, Martin ? demanda-t-il à son vis à vis.
- Nous avons contacté l'Initiative car il nous était inconnu, reprit Martin. Mais pas à eux…
- Vas-tu te décider, enfin ? !
- Il s'appelle Ravel Dennison. Ce nom te dit quelque chose ?
Giles hocha la tête en signe de dénégation.
- Peut-être le connais-tu mieux sous le nom de… Bahal ?
- Nom de… ! Bahal est un tout jeune démon, mais il est lié à Abaddon, le chef des légions infernales !
Sans plus se préoccuper de son compagnon, Rupert Giles saisit le téléphone et composa rapidement un numéro. Ses traits étaient figés dans une intense concentration, que Martin ne jugea pas opportun d'interrompre.
- Allô, Cordélia ? Ici, Rupert Giles. Passe-moi Angel, s'il te plait, c'est extrêmement important !


Chapitre 5 : Quand William rencontre Buffy

William Graves était fou de rage. Comment avaient-ils osé lui faire ça ? ! L'humilier ainsi en public ! Et le rire de Cécilia… Mon dieu, son rire ! Il résonnait dans sa tête et s'infiltrait dans sa chair comme du sel sur une plaie… Une boule de désespoir se forma dans sa gorge, et le jeune homme dut s'appuyer contre un mur tout proche pour se calmer. Pas question de se mettre à pleurer comme un gosse !
Un bruit de pas pressé se fit entendre derrière lui, et il se retourna vivement. Emergeant de la nuit sans lune, Buffy Summers arriva à sa hauteur, à peine essoufflée.
- Attendez ! Vous ne pouvez pas partir ainsi…
Il eut envie de lui dire de se mêler de ses affaires. Encore une autre pimbêche, celle-là ! Mais il préféra finalement se détourner, de crainte de laisser encore exploser la colère qui bouillonnait en lui. Une main fine se posa sur son bras.
- Moi, je l'ai aimé, votre poème, William, fit Buffy d'une voix douce.
Il la regarda dans les yeux, cherchant une trace de moquerie. Il n'y lut qu'une infinie compassion. Et ce fut pire. Sentir qu'une aussi jolie personne n'éprouvait que de la pitié pour lui, c'était vraiment le début de l'enfer. Il se dégagea avec brusquerie.
- Gardez votre pitié pour vos pauvres ! Moi, je n'en ai que faire !
Il s'éloigna d'un pas vif, la plantant là, éberluée. Mais Buffy Summers n'était pas du genre à se laisser rembarrer aussi facilement. La moutarde lui monta au nez. Elle le rattrapa et lui fit faire volte-face avec une brusquerie fort peu féminine, qui le laissa à son tour pantois.
- Je vais vraiment finir par croire que vous n'êtes qu'un crétin malpoli qui a mérité ce qui lui arrive ce soir ! cria-t-elle.
- Croyez ce que vous voulez, bon dieu ! hurla William en retour, hors de lui. Mais surtout, foutez-moi la paix !
Une gifle bien sentie lui remit momentanément les idées en place. Les deux jeunes gens se regardèrent, stupéfaits de s'être laissés entraîner si loin.
A deux mètres de là, un curieux trio leur jeta un coup d'œil amusé avant de se détourner. Un homme et deux femmes vêtus avec une grande élégance. La première jeune femme donnait le bras à son compagnon, lui susurrant de temps en temps à l'oreille quelque chose qui le faisait rire. Parfois, tous deux se tournaient vers leur compagne avec un brin d'agacement. Celle-ci semblait maussade.
- Enfin, Drusilla ! explosa la première, une magnifique blonde aux yeux pervenche. Tu n'es guère amusante, ce soir !
- Je m'ennuie, bouda sa compagne. Je n'ai personne. Toi, tu as Angélus, mais moi, je n'ai pas d'homme pour s'occuper de moi !
- Et bien trouve-t-en un ! rétorqua le dénommé Angélus avec un rictus.
Il désigna d'un hochement de tête moqueur le couple formé par Buffy et William, à peine visible dans la pénombre.
- Pourquoi pas l'imbécile, là-bas ? Quant à Darla et moi, nous pourrions nous occuper de la petite pucelle qui l'accompagne…
- Hummm… J'adore ton idée, chéri, fit Darla en passant une main voluptueuse sur son torse.
- Arrêtez de vous ficher de moi ! grommela Drusilla en passant devant eux.
Inconscients de l'intérêt dangereux qu'ils avaient éveillé, la jeune américaine et le poète se faisaient toujours face. William voulut s'excuser de sa grossièreté, mais les sons ne purent franchir ses lèvres. Buffy, quant à elle, voulait se faire pardonner la gifle, mais ne savait que dire. Leur colère était brutalement retombée. Finalement, elle passa son bras sous le sien et l'entraîna en silence. Ils s'éloignèrent pour une marche nocturne, n'éprouvant pas le besoin de perdre leur temps en vaines paroles.
Chez les Clary, Willow et Alex, quant à eux, faisaient le tour de l'assistance en posant aussi discrètement que possible des questions sur un certain Rupert Giles. Hélas ! Ce digne gentleman semblait inconnu de tous ! De plus, Alex se sentait bouillir devant l'attitude condescendante de la haute-société envers sa compagne. Plusieurs personnes s'étaient subtilement éloignées lorsque la jeune rousse avait essayé de leur parler.
Willow n'avait rien dit, mais Alex avait senti qu'elle était blessée. Lui se fichait pas mal de ce que les gens pensaient. Ils ne voyaient en lui qu'un petit scribouillard mal payé, luttant pour joindre les deux bouts, mais il savait bien valoir mieux que ça, et un jour, il le montrerait au monde entier ! A commencer par cette garce d'Anya Emerson !
- Venez, Miss Rosenberg, allons parler tranquillement.
- Willow, rectifia-t-elle doucement. Appelez-moi Willow, je vous prie.
Ils se dirigèrent vers une petite pièce isolée, plongée dans la pénombre, qui s'avéra être le bureau de travail du maître des lieux.
- Ah, enfin ! Vous en avez mis du temps !
Les deux jeunes gens sursautèrent violemment. Quelqu'un les attendait !
- Tara… ? hasarda Willow.
- Non, Will, ce n'est pas ta petite copine !
La propriétaire de cette voix caverneuse fit soudain de la lumière en allumant une lampe à pétrole. Alex et Willow reculèrent avec effroi. C'était le visage diabolique qu'ils avaient vu dans leurs songes.
- Relax ! C'est moi, Anyanka, fit la démone.
- Par… pardon ? balbutia le journaliste.
- Coucou, chéri, contente de te revoir !
Willow et Alex étaient au comble de la stupeur. Mais que diable se passait-il ici ? ! Leur sentiment de malaise croissant était la seule réalité tangible à laquelle se raccrocher. La démone leur jeta un coup d'œil surpris avant de comprendre.
- Suis-je bête ! fit-elle en se frappant le front. Vous aussi vous avez tout oublié !
- Que voulez-vous dire ? fit Willow.
- Anya non plus ne se rappelle de rien, répondit tranquillement Anyanka. Depuis que je me suis manifestée, la pauvre petite est persuadée de devenir folle !
- Vous pouvez vous expliquer, bon sang ! ? explosa Alex. J'ai l'impression de perdre la tête, moi aussi !
- Vous n'êtes pas le seul…
Willow était carrément hypnotisée par la figure démoniaque qui leur faisait face. Si ce qu'elle commençait à entrevoir était justifié, leurs rêves à tous… n'étaient pas des rêves.
- D'accord, d'accord ! reprit Anyanka. Je vous explique : tous les trois nous venons du futur. Nous vivons en 2002.
- Mais oui, c'est ça ! ricana Alex. Allons, venez, Willow, partons !
Sa compagne le retint par la manche.
- Alex… Je pense que nous devrions écouter ce qu'elle a à nous dire.
La gravité de son visage incita le jeune homme à lui faire confiance. Tous deux se tournèrent vers Anyanka pour l'inviter à poursuivre.
- Vous devenez raisonnables, c'est bien ! ironisa-t-elle. Bien, je continue ma petite histoire…
Elle s'assit sur un moelleux sofa, et les invita à en faire autant sur les fauteuils en face.
- Buffy Summers est ce que l'on appelle l'élue, reprit-elle. Une tueuse de vampires. Il y en a qu'une par génération, et elles dépassent rarement les trente ans. Vous deux, vous êtes ses meilleurs amis. Rupert Giles est l'observateur de Buffy, son mentor, si vous préférez ! Quant à moi, ou plutôt Anya, ma moitié humaine, j'étais la fiancée d'Alex avant qu'il ne me laisse tomber devant l'autel !
La dernière phrase fut prononcée avec une très nette amertume, et le jeune homme se tassa dans son fauteuil, mal à l'aise.
- Au fait, Willow, tu es lesbienne, et Tara est le prénom de ta petite amie !
La rousse eut un hoquet avant de rougir.
- Mais si nous sommes vraiment tout ce que vous dîtes, fit-elle, que nous est-il arrivé ?
- Nous combattions les démons et autres vampires dans un endroit appelé…
- Sunnydale ! coupa Alex.
Anyanka le fusilla du regard.
- Eh, coco ! C'est toi qui raconte ou c'est moi ? !
- Pardon, dit-il, tout penaud.
- Ça va pour cette fois ! Donc, Sunnydale a été construite sur la bouche de l'enfer, et régulièrement, les monstres essaient de la rouvrir. Après avoir cogité un peu, j'en suis venue à cette conclusion : quelqu'un -certainement un très puissant démon-, nous a renvoyés dans le passé en nous jetant un sort afin que nous oublions tout de notre vie à Sunnydale.
- Et pendant ce temps, compléta Willow, ils ont le champ libre pour rouvrir cette fameuse… heu…
- Bouche de l'enfer ! termina Alex.
- Miracle ! Ils ont suivi ! lança la démone, sarcastique. Vos petites cervelles se remettent enfin à fonctionner !
Les deux amis ne songèrent même pas à s'offusquer. Ils étaient bien trop atterrés.
- Mais… que vient faire William Graves dans tout ça ? s'enquit le journaliste.
- C'est vrai, vous n'avez pas parlé de lui… Et pourquoi n'avez-vous pas tout oublié, vous aussi ? renchérit Willow.
La démone eut un rictus gêné.
- Alors là, ça se complique un peu… Le sort a affecté ma moitié humaine, mais ne pouvait affecter l'autre moitié, car il ne peut agir sur nous autres, démons. Quant à William le sanguinaire, dans notre futur, c'est un vampire très dangereux, qui a longtemps été l'ennemi de Buffy. Il a essayé un nombre incalculable de fois de la tuer !
Les visages en face d'elle reflétaient la plus grande consternation. Elle haussa philosophiquement les épaules.
- Rassurez-vous ! La carrière de notre suceur de sang a été brutalement plombée quand un groupe paramilitaire, l'Initiative, lui a inséré dans le cerveau une puce le rendant inoffensif. Ensuite, cet imbécile n'a rien trouvé de mieux que de tomber amoureux de la tueuse ! Alors, la mémoire vous revient ?
- Heu… Non.
La réponse avait été faite dans un bel ensemble, et Anyanka se sentit vraiment découragée. Ce qui lui suffit pour perdre sa concentration sans faille. Elle se tordit en deux, le souffle coupé, en murmurant :
- Non… Pas maintenant !
Et soudain ne resta devant Willow et Alex stupéfaits qu'une jeune fille terrifiée, toute morgue momentanément disparue. Anya Emerson.
- Vous… vous croyez qu'elle a dit la vérité ? demanda-t-elle.
Sa voix n'était qu'un mince filet apeuré…
La lune, cachée par les nuages, boudait toujours le ciel étoilé. Dans les rues de Londres, une jeune fille blonde et un poète marchaient côte à côte, légèrement appuyés l'un contre l'autre. Bizarrement gênés. Et bizarrement… en complète harmonie.
- Je suis désolé(e), commencèrent-ils en même temps.
Ce qui les fit éclater de rire.
- Pardon pour la gifle, murmura Buffy.
Elle se sentait étrangement attirée par ce jeune homme romantique.
- C'est moi qui vous supplie de me pardonner pour vous avoir parlé ainsi !
Contemplant le fin visage de porcelaine, William se surprit à trouver la beauté de Cécilia Clary soudainement fade…
Comme aimantés l'un à l'autre, les deux jeunes gens se firent face. Leurs regards se soudèrent, émerveillés devant l'émergence d'un sentiment nouveau pour eux. La lune, comme si elle n'attendait que ce signal, s'écarta des nuages pour éclairer leurs visages resplendissants et innocents. Mais la magie de l'instant fut brutalement rompue par une voix aiguë.
- Oh, Angélus ! Il est parfait ! Il me le faut !
Drusilla posait sur le jeune homme un regard brûlant d'envie. Buffy et William se retournèrent vers les intrus, stupéfaits. Un homme très grand, séduisant, et deux femmes elles aussi très belles. La tueuse croisa le regard brun de l'homme, et frissonna, glacée. C'était un regard dépourvu d'âme, ne reflétant que la concupiscence, et une cruauté sans limites. Elle comprit qu'elle voyait la mort en face.
- Bonsoir, les amoureux ! lança Angélus d'un ton sarcastique.
Juste avant de leur montrer son visage vampirique

Interlude

Dawn battit des mains comme une toute petite fille, au comble de l'excitation. Tout se déroulait encore mieux qu'elle ne l'espérait. Elle se trouvait dans l'appartement de son petit ami, confortablement installée sur un moelleux sofa.
- Oh, Ravel ! C'est fantastique ! Elle l'a giflé, il l'a insultée, et maintenant ils se sont excusés ! Ils vont tomber amoureux, c'est certain !
Le jeune démon sourit devant l'enthousiasme de sa compagne. Il venait de lui montrer, dans une gigantesque boule de cristal, ce qui se passait en 1880.
- Pourquoi ne me montres-tu pas la suite ? Je veux savoir !
- Parce qu'il faut nous restaurer, ma chérie…
- Mais je n'ai pas faim ! fit Dawn, boudeuse.
- Mais moi, si !
Le ton commençait à monter. La jeune fille comprit qu'il était temps pour elle de se montrer cajoleuse. Elle caressa doucement la joue de son compagnon.
- Mon amour, pourquoi ne vas-tu pas nous chercher quelque chose au MacDo ? J'en profiterai pour surveiller la suite…
Elle eut un sourire à faire fondre le plus endurci des démons. Ravel prit une profonde inspiration, vaincu. Il passa la main sur la surface cristalline, et celle-ci s'éclaircit.
- D'accord ! Je reviens tout de suite…
Sur un rapide baiser, il disparut. Avec un soupir d'aise, l'adolescente se tourna vers les images que diffusait l'écran rond. On y voyait Buffy et William face à face avec Angélus, Darla et Drusilla.
- Oh, non ! murmura Dawn, horrifiée. Problèmes en vue !


Chapitre 6 : Traque nocturne

Si, dans cette dimension, la tueuse et le vampire décoloré n'étaient que d'innocents jeunes gens, ils savaient néanmoins reconnaître très facilement quelque chose de dangereux pour eux. C'est pourquoi ils firent volte-face avec une rapidité que n'eut pas désavoué un sprinter.
La fuite leur sembla la seule issue pour sauver leur vie. Mais hélas, les vampires bougent rapidement, eux aussi. C'est pourquoi nos deux héros se trouvèrent nez à nez avec Darla.
- Oh, fit-elle, faussement ennuyée, vous voulez déjà nous quitter ?
- Nous sommes attendus, désolée ! biaisa Buffy, en serrant le bras de son compagnon à le lui arracher.
- Il me la faut, énonça calmement Angélus, en saisissant le menton de la jeune fille. Toi et Dru, vous pouvez vous amuser avec le blanc-bec, mais moi, je veux celle-là !
- Et bien, navré, mais personne ne s'amusera avec personne ! s'écria William.
Et il balança une droite bien calibrée dans la mâchoire du vampire, stupéfait. Buffy en profita pour bousculer Darla, et les deux jeunes gens s'enfuirent dans la nuit, la peur leur donnant des ailes. Drusilla voulut s'élancer à leur poursuite, mais son compagnon la retint.
- Donnons-leur un peu d'avance, la chasse n'en sera que plus passionnante…
William et Buffy coururent jusqu'à en perdre haleine et finirent par se jeter contre un mur, essoufflés.
- Oh, mon dieu ! s'écria la jeune fille avec horreur. Qu'est-ce que c'étaient que ces… choses ?
- Des vampires, répondit William en essayant de reprendre sa respiration. Vous n'avez pas lu Bram Stoker ?
- Celui qui a écrit Dracula ? Mais je croyais que rien de tout ça n'était réel !
- Il faut croire que si…
- Vous croyez que nous les avons semés, William ?
Le jeune homme n'eut pas le temps de répondre. Une voix gutturale le fit à sa place.
- Cachez-vous bien, les petits… On arrive !
Buffy et William échangèrent un regard de pure terreur. Jetant un coup d'œil circulaire pour essayer de trouver une échappatoire, le jeune homme avisa tout à coup une bouche d'égout.
- Par là, c'est la seule solution !
Le joli nez de Buffy se plissa en une moue écœurée.
- Vous êtes fou ! C'est une infection, là-dedans !
William la toisa sans aménité.
- Que préférez-vous ? Vous faire saigner comme une truie ou empester ?
- Vu sous cet angle…
Les deux jeunes gens se précipitèrent dans les égouts. Ils eurent soin de refermer le couvercle avec le plus grand soin pour éviter de signaler leur passage.
Alors commença une fuite éperdue dans les eaux sales et infestées. Buffy se retenait fréquemment de ne pas hurler. Mais elle ne voulait pour rien au monde donner à son compagnon l'impression de n'être qu'une pleurnicharde apeurée.
De son côté, William tenait à tout prix à endosser l'uniforme de l'homme fort, du héros sauveur de belles en détresse. Même si, intérieurement, il était lui aussi terrorisé.
Ils marchèrent en silence dans l'eau immonde, lorsque Buffy poussa soudain un cri strident.
- Que se passe-t-il ?
- Quelque chose m'a frôlée !
William regarda attentivement autour d'elle.
- Ce n'est rien, ce ne sont que des rats !
- Des rats ! s'époumona-t-elle. C'est ignoble !
- Calmez-vous, voyons !
- Mais j'ai horreur des rats ! Oh, comme je regrette de vous avoir suivi ! J'aurais du rester à l'intérieur avec les autres !
- C'est ça, ironisa William. Vous auriez dû me laisser saigner par ses créatures, tant que vous y êtes ! D'ailleurs, je ne comprendrais jamais pourquoi vous êtes venue me parler ! Pour vous donner bonne conscience, sans doute !
- Espèce de sale type ! explosa l'ex-tueuse.
Sa main se leva brutalement vers la joue du jeune homme, mais celui-ci avait anticipé le mouvement, cette fois-ci, et lui tordit violemment le bras. La jeune fille eut une grimace de douleur.
- Aïe !
Elle se débattit comme une diablesse, et se faisant, se retrouva tout contre lui. William s'empara alors de ses lèvres avec fougue. Et Buffy lui rendit son baiser avec rage, les pointes de ses seins soudainement dressées sous son corsage.
Au bout d'un moment, le jeune homme se rendit compte qu'il se comportait comme un rustre, et lâcha sa compagne, les joues en feu.
- Je… vous prie de m'excuser… C'est… impardonnable !
- William, cessez donc de vous excuser toutes les trente secondes, c'est agaçant, à la fin !
Elle lui adressa un demi-sourire, avant de lancer négligemment :
- Ça m'a plu, vous savez !
- Moi aussi, murmura-t-il en la regardant péniblement continuer sa route.
Angélus était fou de rage. De rage… et de désir. Il lui fallait cette fille. Dès qu'il l'avait vue en pleine lumière, il avait su qu'elle devait être à lui. Il devait la soumettre, entendre ses cris terrifiés tandis qu'il plongerait en elle et la saignerait pour en faire une des leurs…
Darla lisait ses sentiments sur son visage aussi clairement qu'un livre ouvert, et elle en conçut une pointe de jalousie, comme jadis lorsqu'il avait voulu Drusilla. Ça passerait avec le temps.
- Et voilà ! bouda Drusilla. Si tu n'avais pas insisté pour qu'on leur laisse de l'avance, tout serait terminé ! Maintenant, on a perdu leur trace !
- Du calme, Dru, fit Darla. Nous allons les retrouver, c'est promis !
- En attendant, on ne sent même plus leur odeur !
- Mais où diable peuvent-ils être ? murmura Angélus, soudain perplexe.
Comment avaient-ils pu s'évaporer dans la nature ? Et pourquoi ne captait-il plus leur odeur ? Regardant attentivement autour de lui, il comprit soudain.
- Les égouts ! s'exclama-t-il. Ah, les petits malins ! Ils sont descendus dans les égouts !
- Bien sûr ! renchérit Darla. Avec les odeurs nauséabondes qui y règnent, impossible de les capter…
- Sauf si nous descendons nous aussi là-dedans ! compléta Angélus.
- Vous êtes malades ! Vous voulez que nous allions dans cette immonde cloaque ?
Drusilla était prête à vomir de dégoût. Angélus lui saisit le menton avec douceur, le regard hypnotique.
- Dru, ma douce, tu veux ce garçon, n'est-ce pas ?
- Plus que tout, murmura la jeune vampire.
Elle l'avait voulu dès qu'elle l'avait aperçu sous la clarté lunaire. Ce visage romantique de poète… Elle était certaine qu'il ferait un vampire des plus cruels et des plus sanguinaires. Oui, il devait être à elle. Et à voir de près le visage d'Angélus, elle comprit qu'il pensait de même au sujet de sa blonde compagne.
- Nous allons les retrouver, conclut Darla. Ils ne nous échapperont pas.
Et la confiance qui se lisait sur son visage terrifiant réconforta ses deux compagnons. La chasse était ouverte…
- Et quant nous les aurons retrouvés, susurra Angélus, nous devrons les punir comme il se doit pour cette petite… promenade dans les immondices !
Ils avaient marché pendant plus d'une heure. La boue et la saleté ralentissaient leur progression. Buffy était fatiguée, mais ne l'aurait montré pour rien au monde. William n'était guère en meilleur état. Regardant à la dérobée sa compagne, il vit les profonds cernes qui se creusaient sous ses yeux. Lorsqu'elle trébucha, il la retint et la serra contre lui, espérant lui insuffler un peu de sa chaleur. Elle lui adressa un sourire reconnaissant.
- William… Nous n'irons pas plus loin, il nous faut trouver un abri où nous cacher.
- Sans compter que nous ne savons même pas à quel endroit nous sommes, renchérit le poète, pensif.
Jetant un regard circulaire, Buffy avisa une autre bouche, semblable à celle qu'ils avaient emprunté.
- Par-là ! fit-elle. Il n'y a qu'un seul moyen de savoir, c'est de refaire surface !
Et elle monta résolument les quelques barreaux de fer menant à la sortie. William lui emboîta le pas. Les deux jeunes gens se retrouvèrent dans l'obscurité, épuisés, à peine conscients de la réalité. Cette étrange nuit leur apparaissait comme un cauchemar sans fin, dont on espère sans cesse se réveiller pour retrouver la rassurante lueur du jour.
- Où sommes-nous ? demanda Buffy.
- Cherringham street, peut-être, répondit William en regardant autour de lui.
- Venez, allons nous renseigner dans cette demeure, et y demander de l'aide.
Buffy désignait une maison de style empire, brillamment éclairée, et où retentissaient des cris et des rires. La fête avait l'air de battre son plein à l'intérieur. Celui lui redonna confiance.
La jeune américaine vit soudain son compagnon changer de couleur comme un vrai caméléon. Il passa du blanc au rouge brique en quelques secondes.
- Heu… Buffy ? Nous ne pouvons pas aller là…
- Et pourquoi donc ? Où sommes-nous ? s'enquit-elle avec curiosité.
- Nous sommes dans Montague Street, venez…
Il la saisit par le bras et voulut l'entraîner, mais elle se dégagea vivement.
- Et pourquoi ne pourrions-nous aller demander de l'aide ici, je vous prie, William ? !
Cette fois, elle était franchement agacée. Il avait beau embrasser comme un dieu, et être tout aussi séduisant, il y avait des moments où elle avait vraiment envie de le gifler, lui et sa bonne éducation !
- Buffy…
Ce qu'elle pouvait être énervante ! Il ne pouvait tout de même pas lui dire la vérité sur cet endroit… ce ne serait pas correct ! Et pourtant, elle était tellement têtue qu'elle n'en démordrait pas. Il se jeta à l'eau avec un soupir excédé.
- Buffy, nous ne pouvons entrer dans cet endroit car il n'est pas fait pour les jeunes filles comme vous…
Les joues de l'américaine se colorèrent à leur tour alors qu'elle comprenait tout à coup ce que lui expliquait à mots couverts son compagnon.
- Vous voulez dire que c'est… une… maison… une maison…
- Une maison close, termina calmement William. Un endroit pour les gentlemen…
- Pour les porcs, oui ! s'écria Buffy, scandalisée.
- Vous voulez toujours entrer à l'intérieur ? la défia le jeune anglais. Ce n'est guère moral…
Buffy Summers n'avait jamais su résister à un défi, et ce n'était certainement pas maintenant que ça allait changer.
- Que préférez-vous, William ? lança-t-elle avec un sourire vengeur. Vous faire saigner comme un cochon ou être perdu de réputation ?

Interlude

C'était le chaos absolu. Dès que la nuit tombait, les habitants de Sunnydale se calfeutraient dans leurs maisons, priant Dieu de vivre jusqu'au lendemain matin. La nuit était devenue le territoire d'Abaddon et de ses légions de l'enfer. Les vampires s'en donnaient à cœur joie, de même que les démons.
La plymouth noire s'arrêta dans un crissement de freins, et un sifflement retentit à l'intérieur. La dévastation de la ville était proprement hallucinante.
-Eh bien, fit Angel en se tournant vers Giles, je ne sais pas ce qui se passe par ici, mais il est largement temps d'intervenir.
-La disparition de Buffy et des autres me rend très nerveux, répondit l'observateur. Qu'allons-nous faire ?
-Ne vous inquiétez pas, Giles, fit Cordélia, confortablement installée à l'arrière avec Wesley. On va les retrouver.
-Tu as eu une vision ? demanda Angel.
-Non, rien pour l'instant. J'essaie de me concentrer, mais rien ne vient.
-Essaie encore, fit Wesley en regardant un groupe de vampires se rapprocher dangereusement de la plymouth. Angel, démarre ! Vite !
La voiture démarra sur les chapeaux de roues, au moment même où Cordélia était prise d'une vision. Elle agrippa machinalement le bras de son compagnon.
-Sang… démon… Dawn… Angélus… William… Bahal !
Elle revint brusquement à elle, terrifiée. Wesley l'étreignit, tout en échangeant un regard avec Angel dans le rétroviseur.
-Cordy, tu as parlé d'Angélus, fit-il, pressant. Tu sais où ils sont ?
La jeune femme déglutit et massa ses tempes douloureuses.
-C'est encore pire que tout ce que vous croyez, Giles ! dit-elle enfin. Bahal les a envoyés dans un univers parallèle, en… 1880. Et ils ont tout oublié de leur vie précédente… Quant à lui, je pense qu'il retient Dawn prisonnière en enfer !


Chapitre 7

Virginia Carpenter, tenancière et propriétaire de la charmante maison appelée " Angel's ladies " avait vu beaucoup de choses dans sa vie. Mais jamais deux jeunes gens de bonne famille aussi crottés et puants que les deux qui lui faisaient face. Heureusement, elle écoutait souvent son intuition, et celle-ci lui disait pour l'instant de les recevoir et de les entendre. Elle pinça son nez délicat et donna congé à la domestique.
-C'est bon, May, tu peux partir.
La soubrette fit une révérence, et se retira. Virginia observa attentivement les deux jeunes gens. Bonne famille, sans aucun doute. Cela se devinait dans leur maintien et leur attitude. Le jeune homme lui semblait familier. Dans son métier, il fallait avoir la mémoire des noms et des visages. Or, elle était certaine de l'avoir déjà rencontré. Les souvenirs lui revinrent alors qu'il rougissait sous l'observation dont il était l'objet.
-Sir William Graves ! s'exclama-t-elle. Quel plaisir de vous revoir !
Buffy jeta un coup d'œil à la fois dédaigneux et méprisant à son compagnon, qui se troubla davantage.
-Un modèle de vertu, n'est-ce pas ? ironisa-t-elle.
-Je ne suis venu que deux ou trois fois ! se défendit-il.
-Cinq, rectifia la tenancière. Et vous nous avez laissé à chaque fois un poème charmant…
Buffy se tourna vers elle.
-Nous avons des ennuis, madame, reprit-elle. Pouvez-vous nous aider ?
-Peut-être… Que demandez-vous ?
-Un abri pour la nuit, répondit William, impulsivement. Nous sommes poursuivis…
Buffy avait eu un sursaut en attendant la première partie de la phrase, mais elle comprit rapidement qu'il avait raison. Ils ne pouvaient courir le risque de rentrer dans leurs foyers en pleine nuit. Leurs poursuivants les guettaient sans doute, et ne feraient qu'une bouchée d'eux.
Virginia Carpenter savait reconnaître la peur lorsqu'elle la touchait du doigt, et ces deux jeunes innocents étaient vraiment effrayés. Mais elle sentait aussi que la terreur qui suintait par tous leurs pores n'était pas due à quelque chose d'humain. Elle faillit les renvoyer, mais pensa derechef que sa maison était bien protégée et recevait du beau monde jusqu'au bout de la nuit. S'il y avait un endroit où ils seraient en sécurité, c'était bien ici. Et puis, ils avaient franchement besoin d'un bon bain…
-Je vais vous conduire à votre chambre, fit-elle.
-Heu… Il nous faudrait deux chambres, je vous prie ! rectifia Buffy, gênée.
-Navrée, ma petite ! J'ai toujours une chambre pour les imprévus, mais toutes les autres sont en général occupées !
Virginia eut un demi-sourire en voyant la moue déconfite de la jeune fille, et celle, embarrassée, du jeune homme. Allons ! Dieu lui pardonnerait bien ce petit mensonge… Il y avait une attirance extraordinaire entre ces deux-là, qui ne demandait qu'à éclater au grand jour… ou en pleine nuit.
Elle les amena dans une chambre richement meublée, mais plutôt tapageuse. Un grand miroir ornait le plafond, au-dessus du lit, et Buffy ne put s'empêcher de devenir écarlate.
-Je vais vous faire monter de quoi prendre un bain chaud…
Virginia les quitta avec un clin d'œil coquin. William restait muet, et évitait soigneusement de regarder la jeune américaine.
-Ne restez pas planté là comme un imbécile ! ragea-t-elle. Et ne prenez pas vos désirs pour des réalités, nous ne prendrons pas notre bain ensemble !
-Il faudrait encore que j'en aie envie ! riposta-t-il, vexé.
Il lui tourna le dos, et elle lui tira la langue.
-Honneur aux dames, je ferai ma toilette en premier ! asséna-t-elle.
-Quelles dames ? Je n'en vois aucune, ici ! ironisa William.
Cette pimbêche commençait vraiment à l'énerver.
-Oh, vous ! hurla Buffy, tout aussi furieuse que lui. Sortez d'ici, immédiatement !
-Navré, Miss, mais je ne vois pas où je pourrais aller !
-Allez donc retrouver vos catins !
-Avec grand plaisir !
Et William partit en claquant la porte, laissant une Buffy totalement désemparée et malheureuse.
Dans le couloir, il tenta de se calmer, et se trouva nez à nez avec deux " pensionnaires " de l'endroit, fort légèrement vêtues de déshabillés diaphanes et de porte-jarretelles.
-Eh, mon mignon, fit l'une d'elles, tu as envie de compagnie ?
-Heu… non, merci, j'ai surtout envie d'un bain.
Et il dévala l'escalier menant au salons comme si le diable était à ses trousses, sous les rires des deux filles. Son sang bouillonnait à ses tempes. En bas, des gentlemen débraillés poursuivaient deux jeunes filles entièrement nues, à l'exception de leurs bas, et celles-ci faisaient semblant d'avoir peur. Elles poussaient de petits cris qui émoustillaient davantage leurs partenaires de débauche.
" Dieu du ciel ! pensa William. J'avais oublié quel antre de perdition était cet endroit ! "
De perdition. Et de plaisir. Lorsqu'une jeune femme aux courbes voluptueuses se pressa contre lui, le jeune homme comprit qu'il était à bout. Son bas-ventre lui rappelait douloureusement qu'il n'était qu'un humain, après tout…
Il poussa la porte de la première porte qu'il trouva, espérant un peu de calme pour remettre ses idées en place, et s'arrêta net devant le spectacle qui s'offrait à sa vue. Sur le lit aux tentures pourpres, une somptueuse amazone chevauchait fougueusement un jeune lord attaché aux montants du lit.
-Pardonnez-moi ! balbutia William avant de refermer vivement la porte.
Il remonta l'escalier quatre à quatre et ouvrit la porte de la chambre prêtée par Virginia à toute volée. Buffy poussa un cri.
-Vous pourriez frapper, espèce de malotru !
William ne répondit pas, fasciné. Dieu qu'elle était belle ! Sa peau rosie par la chaleur de l'eau, sa bouche semblable à un bourgeon de rose, ses seins ronds dont le contour se devinait à la surface…
Buffy se sentit troublée sous ce regard ardent. Elle voulut ouvrir la bouche pour le supplier de se détourner, mais ne put proférer un son. William était là, il empestait toujours autant, et elle n'avait pas eu le temps de se laver… mais rien de tout ça ne comptait. Se rendant à peine compte de ce qu'elle faisait, elle se leva, exposant sa silhouette superbe aux yeux éblouis du jeune homme.
-Je vous laisse la place, dit-elle, la voix rauque.
William ôta lentement sa veste. Une petite voix lui disait que c'était l'unique chance de sa vie de vivre ses fantasmes. Tous deux étaient pleinement conscients de ces songes érotiques où leurs corps se donnaient l'un à l'autre avec fièvre. De ces flammes ardentes qui parcouraient leurs veines…
-Inutile, parvint-il à répondre. Nous pouvons partager, la baignoire est assez grande.
Il acheva de se déshabiller, malgré tout un peu gêné. Buffy le contemplait avec un grand intérêt. Ces hanches étroites, cette poitrine musclée… Son regard glissa plus bas, et elle se sentit brûlante lorsqu'elle vit à quel point il la désirait.
Il se glissa dans l'eau, et attrapa le savon humide. Ses yeux dans ceux de Buffy, il commença à la laver. Ses mains glissèrent lentement sur ses seins, son ventre, ses jambes, exacerbant les sens de sa compagne, et finirent par l'endroit le plus intime de son anatomie. Il caressa délicatement les lèvres du sexe, et la jeune fille ferma les yeux, emportée par un torrent de sensations fortes.
Ses doigts continuèrent leur va-et-vient, de plus en plus fort, et au bout de quelques instants, elle s'accrocha à lui avec un petit cri, le corps secoué par l'extase. Il attendit qu'elle eut repris une respiration normale. Elle ouvrit les yeux et lui adressa un lumineux sourire.
-A mon tour, maintenant, murmura-t-elle.
Et elle entreprit de lui faire subir la même délicieuse torture. William, les yeux mi-clos, se retenait d'exploser sous les mains fines qui le frôlaient. Lorsqu'elle entoura de la main son sexe raide et douloureux, il ne put se retenir plus longtemps. Avec un ultime tressautement, il lui donna le meilleur de lui-même. Ils finirent leur toilette, puis William saisit sa compagne dans ses bras, et tous deux ruisselants, ils allèrent s'abattre sur le lit.
Timidement, la bouche de Buffy chercha la sienne et ils échangèrent un long baiser, empreint de sensualité et de désir. Le baiser de deux futurs amants. Quelque part dans leur mémoire, chacun sut qu'ils avaient déjà vécu cet instant, mais de façon nettement plus animale. Les sentiments en étaient absents. Ce soir, c'était l'amour qui les poussait l'un vers l'autre. Ils voulurent se l'avouer, mais leurs sens réclamaient l'assouvissement. Les paroles viendraient plus tard…
William prit entre ses lèvres les pointes durcies des seins de la jeune fille, et les suça tour à tour. Ses mains parcouraient le jeune corps souple. Sa langue partit ensuite à la découverte des monts et merveilles qu'il recelait. La tête en arrière, les yeux mi-clos, Buffy poussait de petits gémissements de plaisir. Il était en train de la rendre folle ! Lorsqu'il enfouit sa bouche au creux de son clitoris, le taquinant sans pitié, elle sut qu'elle n'en supporterait pas davantage.
Elle le força à s'allonger sur le dos à son tour, et décida de lui infliger le même supplice. Sa langue suça les pointes viriles, ses mains caressèrent le torse musculeux. William était au paradis. La bouche de Buffy descendit lentement jusqu'au bas-ventre. Le pénis dressé l'excitait. C'était si doux et si dur à la fois…
Elle l'entoura de la langue, léchant avidement les quelques gouttes salées qui s'en échappaient, puis, se décidant brusquement, l'avala tout entier. Ses mains autour des testicules, elle fit aller et venir sa bouche autour de la hampe raide.
William, fasciné, contemplait leur reflet dans le gigantesque miroir au-dessus du lit. La bouche de Buffy autour de lui, ses cheveux blonds éparpillés sur lui… Il faillit jouir devant cette vision troublante, accentuée par les sensations qu'il éprouvait. Il se retint encore un peu et saisit le visage de sa compagne pour le relever, puis l'embrassa à pleine bouche, savourant son odeur sur ses lèvres.
-Viens, William, viens maintenant…
Sa voix était suppliante. Elle était à bout, et lui aussi. Il la fit s'allonger sous lui tout en murmurant :
-Je ne veux pas te faire de mal…
-Tu ne me feras jamais de mal…
Il écarta doucement les cuisses fines, et glissa un doigt à l'intérieur de son intimité, évaluant la résistance de son hymen. Ce fut elle qui saisit son sexe et le ramena vers elle. Lentement, doucement, il la pénétra, puis s'immobilisa, lui laissant le temps de s'habituer à sa présence en elle.
Lorsqu'elle se mit à gémir et à onduler sous lui, il comprit qu'il était temps de les amener tous deux au septième ciel. Il se mit à bouger, à coups de reins puissants. Buffy haletait et se tordait, le ventre en feu, troublée par l'image que lui renvoyait le miroir. Le corps de William contre le sien, allant et venant en elle, ses mains à elle sur les fesses de l'homme, soudée à lui.
Un orgasme foudroyant la frappa soudain alors qu'il accentuait ses mouvements, et elle s'agrippa farouchement à lui. Alors, n'y tenant plus, il s'abandonna à son tour au plaisir vertigineux des sens…
Ils reprirent peu à peu une respiration normale, la bouche de William enfouie dans le cou de Buffy. Les dernières heures leur paraissaient irréelles. Ils se connaissaient depuis si peu de temps ! Et pourtant, c'était comme si de toute éternité, ils avaient été crées l'un pour l'autre. Ils s'étaient enfin trouvés.
William contempla le visage serein de sa compagne. Tant de sentiments naissaient en lui à cet instant qu'il en restait muet. Il avala péniblement sa salive, tentant de mettre de la poésie sur ce qu'il éprouvait, mais la seule chose qu'il trouva fut :
-Je t'aime, Buffy.
Et elle lui adressa le sourire le plus lumineux, le plus éblouissant, le plus amoureux qu'un homme puisse jamais recevoir. Le sourire d'une femme heureuse.
-Je t'aime aussi, William, murmura-t-elle à son tour.
Avant de lui donner un long baiser passionné.

Interude

Dawn était au comble du bonheur. Buffy avait perdu sa virginité dans les bras de William… C'était encore mieux que ce qu'elle espérait ! Pourtant, l'adolescente ne pouvait réprimer un sentiment grandissant de malaise. Que devenaient les autres ? Tara, Giles, Angel, Cordélia, Wesley… etc. Pourquoi Ravel fermait-il toujours à clef la porte de son appartement lorsqu'il la quittait ? Autant de questions sans réponses qui lui faisaient penser à un beau piège bien élaboré…
Elle secoua la tête avec vigueur. Non ! Elle ne pouvait pas mettre en doute l'amour de Ravel ! Si même cela n'était pas réel, alors son monde s'écroulerait. Et pourtant… Dawn jeta un coup d'œil à la porte. Ses jambes, comme animées par une volonté propre, l'amenèrent jusqu'à l'entrée. Elle tourna la poignée d'une main tremblante. La porte s'entrouvrit.
Dawn poussa un soupir de soulagement. Ravel lui faisait entièrement confiance puisqu'il n'avait pas fermé la porte, ce coup-ci ! Elle était vraiment idiote… Un éclat de rire lui échappa, et elle ouvrit tout grand.
L'horreur la figea sur place. C'était l'enfer, et pas seulement au sens figuré du terme. Des flammes ardentes, de la lave en fusion, des démons qui discutaient devant ce magma.
- Oh, merde ! murmura Dawn. Je suis en enfer…
Et elle claqua la porte. Puis se précipita devant la boule. Comment cela fonctionnait-il ?
- Montre-moi Sunnydale, ordonna-t-elle.
Rien ne se produisit. Dawn tapa du pied, excédée.
- Ecoute, ma vieille, je suis dans un sacré foutoir, alors montre-moi Sunnydale ! Vite !
Ce disant, elle toucha l'objet, qui réagit à son contact. Une image commença à se former. Le chaos. L'horreur. Des hordes de démons envahissant la ville. Giles, Angel et toute son équipe combattant côte à côte des vampires sortis de nulle part. Dawn se mit à trembler. Elle comprenait enfin la portée de ses actes. Sans la tueuse, la ville était à la merci de l'horreur.
- Mon dieu, qu'est-ce que j'ai fait ? !
- Ah, ça, tu as bien aidé notre cause, c'est certain !
Dawn sursauta et fit demi-tour pour se retrouver face au visage démoniaque de Bahal…


Chapitre 8 : Piégés

Dans les rues de Londres, un cab contenant trois jeunes gens impatients roulait à vive allure. Alex Harris, Anya Emerson et Willow Rosenberg avaient eux aussi quitté la soirée des Clary afin de retrouver la tueuse et le vampire du futur. Anyanka rageait de voir que la mémoire ne leur revenait toujours pas.
- Alors, demanda soudain Alex, vous les sentez ou pas ?
- Alex, je ne suis pas un chien ! rétorqua la démone. Je ne peux ressentir que la colère et la douleur…
- Dans ce cas, ça ne sert à rien, ce qu'on fait !
- Si tu as une meilleure idée, vas-y, gros malin !
Willow intervint pour calmer la discussion, qui menaçait de dégénérer.
- Ecoutez, si ce que vous nous avez raconté est vrai, la signature de leur présence dans l'espace-temps est différente de celle des gens de ce siècle… et nous devrions les retrouver facilement.
Anyanka et Alex la regardèrent d'un air ahuri.
- Heu… pardon, Willow ?
- Nous n'appartenons pas à ce siècle, reprit patiemment la jeune rousse. Donc notre présence doit avoir une forte connotation magique, facilement repérable pour des démons ou des sorciers.
Anyanka eut un sifflement admiratif.
- Eh bien, toi alors, on peut dire que tu en as dans la tronche !
- Merci, fit Willow avec un sourire modeste.
- Arrêtez ! hurla soudain la démone à l'attention du cocher. Bifurquez sur Montague street !
- Comment ? demanda Alex, stupéfait.
- Ils sont là, crétin !
Les yeux de la démone devinrent d'un noir d'encre.
- Oh, mon dieu ! Et ils ne sont pas seuls…
- Que voulez-vous dire ?
- Angélus, Darla et Drusilla sont là aussi…
Un tremblement d'effroi secoua sur le petit groupe tandis que le cab se garait dans Montague Street.
Ils avaient mis un peu de temps avant de retrouver la piste de leurs proies. Mais enfin, ils étaient parvenus à les localiser. Amusant de constater que les deux tourtereaux s'étaient réfugiés dans un bordel ! Qui plus est, celui dans lequel Darla avait officié autrefois ! Le trio était depuis longtemps des habitués de l'endroit… La coïncidence était ironique.
Angélus savait être charmant lorsqu'il le souhaitait vraiment. Aussi ce fut avec une divine élégance et un regard séducteur qu'il baisa la main de Virginia Carpenter.
- Ma chère, nous sommes à la recherche de grands amis à nous…
- Angélus, vous avez beaucoup trop d'amis pour que je me les rappelle tous ! fit Virginia avec un rire de gorge.
Le vampire l'enlaça par la taille. Quand le charme ne suffisait pas, il restait la crainte.
- Ils sont entrés ici, je le sais, ma chérie, murmura-t-il à l'oreille de la jeune femme.
Et la sourde menace perçue derrière la suavité de la voix arracha un frisson à la tenancière.
- Une jeune américaine, blonde et belle, ainsi qu'un jeune anglais romantique et un peu coincé.
- Je ne vois pas…
La pression sur sa taille s'accentua et la jeune femme déglutit alors que des doigts fins et racés venaient enserrer sa gorge.
- Un si joli cou… Comme ce serait dommage s'il venait à être brisé !
Angélus prit son visage démoniaque et Virginia crut mourir de terreur.
- Ils sont en haut ! La dernière chambre… la chambre aux miroirs.
Après tout, elle ne devait rien à ces deux jeunes amoureux, et elle aimait la vie… beaucoup trop pour la perdre sous les crocs d'un vampire !
Angélus eut un rictus triomphant. Il se tourna vers Darla et Drusilla.
- Attendez-moi ici, les filles. Je n'en ai pas pour longtemps ! Amusez-vous un peu.
Les deux jeunes femmes échangèrent un regard amusé, tout en fixant Virginia, apeurée.
- Tu n'as pas une petite faim, Dru ?
- Si.
Elles se jetèrent comme des animaux sauvages sur la pauvre femme, qu'elles vidèrent de son sang en quelques minutes. La domestique, May, fut le seul témoin. Elle assista, mi fascinée, mi terrorisée, à ce spectacle sanglant.
Lorsque ce fut terminé, Drusilla essuya soigneusement sa bouche.
- May, ma chère, fit-elle à la servante. Je crois que tu es la nouvelle patronne de cet endroit.
- Et je vous en remercie infiniment, mesdames, répondit celle-ci avec une petite révérence.
Elle avait clairement compris tout ce qu'elle avait à retirer de cette bonne fortune inespérée…
Pendant ce temps, Angélus avait monté quatre à quatre les escaliers menant à la chambre aux miroirs. Il entrouvrit délicatement la porte et savoura le spectacle qui s'offrait à lui.
Etendus sur le lit, deux corps nus au repos. Enlacés dans une étreinte que rien ne semblait devoir rompre, même pas l'éternité. Visages innocents, amoureux, apaisés. L'aiguillon aigu de la jalousie transperça soudain le vampire. Depuis combien de temps n'avait-il pas ressenti cela ?
" Bon sang ! Il me les faut ! pensa-t-il. "
Il les voulait tout à lui. Ils feraient deux vampires extraordinaires de cruauté et d'inventivité, c'était certain. Lentement, il s'avança vers le lit.
Buffy ouvrit les yeux, et vit cette figure démoniaque au-dessus d'elle. Elle poussa un hurlement et se leva d'un bond. Trop tard ! La saisissant d'une main, Angélus attrapa William de l'autre, et plongea ses crocs dans la chair tendre du jeune homme.
Horrifiée, impuissante, Buffy ne put que regarder l'homme qu'elle aimait mourir lentement. Son visage blanchissait tandis qu'il essayait désespérément de se libérer de l'étreinte mortelle. Buffy voulut se débattre, lui venir en aide, mais à mesure que les minutes passaient, elle ne put s'empêcher de ressentir une fascination perverse. Il y avait une telle sensualité dans cette scène…
Les canines acérées plantées dans le cou offert… La douceur avec laquelle la main du vampire caressait sa victime. L'abandon de William au fur et à mesure que la vie le quittait. Il y avait quelque chose de primitivement sexuel dans l'étreinte de ces deux hommes… Et la protubérance du pantalon d'Angélus donnait à penser qu'il le ressentait profondément.
Il buvait de plus en plus lentement, comme s'il jouissait de ce repas. William eut un dernier sursaut, et, tournant ses yeux déjà morts vers la jeune fille, ne put que murmurer :
- Fuis, Buffy… vite…
Elle se dégagea brusquement, s'enveloppa dans la courtepointe du lit et vola en direction de la liberté. Elle dévala l'escalier avant de s'arrêter brusquement, le souffle coupé.
En bas, on n'entendait plus que des cris de terreur et de souffrance. Darla et Drusilla s'en donnaient à cœur joie. Elles saignaient, buvaient et jouissait avec avidité de tout ce qui leur tombait sous la main. Un véritable carnage.
Au bord de la nausée, Buffy vit à ses pieds les cadavres démembrés de deux domestiques. Plus loin, baignant dans leur sang, les corps de deux gentlemen, les yeux grand ouverts, fixés sur l'éternité. Combien de minutes resta-t-elle à contempler ce spectacle ? Elle ne cessait de se dire qu'il lui fallait fuir… Malheureusement, ses jambes lui refusaient tout service. La jeune fille dut se retenir à la rampe de l'escalier pour ne pas s'évanouir. Elle recula d'un pas, et se retrouva prisonnière d'une étreinte musclée. Angélus. Celui-ci l'enveloppa dans ses bras, souriant.
- Allons, viens, enfant, murmura-t-il. Tu ne peux pas lutter. C'est écrit.
La couverture tomba à terre, et elle se retrouva nue, prisonnière de ce regard hypnotique, à la fois fascinée et révulsée.
- C'est comme cela que ça doit se passer, ma chérie… , ajouta-t-il. Viens, William nous attend avec beaucoup d'impatience.
Il la souleva dans ses bras, et remonta lentement l'escalier…

Interlude

Enfin, ils avaient réussi à trouver un endroit isolé pour réfléchir. Il était ironique que ce soit la boutique de magie de Giles et Anya. L'observateur posa ses lunettes sur le comptoir, et jeta un coup d'œil désespéré à Angel et son équipe.
- Bon, récapitulons, Cordélia. Dans ta vision, Buffy, Alex, Anya, Willow et Spike ont été renvoyés dans le passé, c'est ça ?
- C'est difficile de vous répondre, Giles, fit la jeune fille, les sourcils froncés. Apparemment, Bahal les a envoyés dans une dimension parallèle, dans laquelle Angélus, Darla et Dru existent, mais pas William. Donc, il a été obligé de renvoyer le Spike du futur, le nôtre, en le faisant redevenir tel qu'il était. Reste à savoir si cette dimension existe réellement, où s'il l'a créée de toute pièce.
- C'est effrayant, reprit Wesley. S'il a vraiment la capacité de recréer une dimension entière, ses pouvoirs sont phénoménaux !
- Et ça vous laisse imaginer comment sont ceux de son boss, Abaddon ! renchérit Cordy.
- Mais pourquoi n'ont-ils pas encore essayé de revenir ? demanda Angel.
- Parce que Bahal a effacé tous leurs souvenirs pour leur en fabriquer de nouveaux, fit soudain une voix féminine.
Toute l'équipe sursauta, et se retourna, aux aguets. Tara Maclay, la petite amie de Willow, se tenait sur le seuil, blême.
- Tara ! s'exclama Giles en se précipitant vers elle. Je te croyais disparue avec les autres !
- Apparemment, Bahal n'a pas eu assez de puissance pour me renvoyer avec eux. J'ai dormi pendant 24 heures puis je me suis réveillée, un peu déphasée, il faut bien l'admettre.
La jeune fille scruta les visages de ses compagnons.
- Je ne savais pas quoi faire, alors j'ai eu l'idée de venir à la boutique de magie pour essayer de trouver une solution…
- Et qu'as-tu trouvé ? demanda Giles, le souffle rapide.
- Ça ne va pas vous plaire…
- Annonce la couleur, bon sang ! gronda Cordélia.
- Il nous faut aller en enfer pour chercher Dawn. Elle seule peut tout arrêter. Si Ravel/Bahal l'aime sincèrement, il pourra se laisser convaincre d'annuler le sort…
- D'accord, fit Angel, pragmatique. Et comment va-t-on en enfer ?


Chapitre 9 : Vampires

La douceur de cette bouche qui courrait le long de sa peau lui arrachait des frissons de plaisir anticipés. Etendue sur le lit, les yeux mi-clos, Buffy se laissait aller. Sentir le regard brûlant d'Angélus sur elle, pendant que les mains fines de William la caressaient lui procurait une jouissance proche de la douleur.
William, son William, son corps désormais froid nu contre le sien. Angélus, son initiateur, son sire. Elle admira son long corps bâti en puissance pendant qu'il se déshabillait pour les rejoindre sur le lit. Son sexe long, épais, dont la raideur disait bien mieux que des mots à quel point il les désirait tous les deux.
- Prends-là, William, ordonna-t-il au jeune homme.
Celui-ci plongea son regard dans celui de la tueuse. Elle frissonna. C'était un regard dépourvu d'âme. Si différent de celui qu'il avait eu quelques heures auparavant.
- Je te préviens, Angélus ! gronda-t-il. C'est moi qui la transforme !
- Tu as déjà eu le plaisir de la dépuceler, fit le vampire doucereusement. C'est moi qui vais la transformer.
Le ton était catégorique. William lui jeta un regard noir, haine et adoration mêlés. Puis sans crier gare, il pénétra Buffy d'un coup de reins.
- Oui, William, fit Angélus en caressant son membre durci, entre en elle, plus lentement. Fais durer le plaisir.
La voix avait une douceur féline. Buffy s'abandonna au plaisir des sens, les yeux fermés. Sensation du sexe de William en elle, se frottant contre le sien, l'irritant, l'amenant à la jouissance. Bercée par le son de cette voix sensuelle.
- Dis-moi à quel point elle est étroite et chaude, mon petit William… Caresse-lui les seins… Laboure sa chatte… Tu sens comme elle est humide ?
Les yeux fixés sur le visage de la jeune fille, Angélus continuait à se masturber. Il se rapprocha, admirant les fesses fermes de William, qui se soulevaient au rythme lancinant de son va-et-vient. Les muscles déliés, la finesse des traits, les seins ronds et fermes… Quel couple superbe ! Le trio allait s'agrandir avec deux recrues de choix.
Buffy ouvrit soudain de grands yeux implorants.
- Oui, chaton, que veux-tu ? demanda Angélus. Dis-moi… Tu veux qu'il te fasse jouir… Qu'il te prenne jusqu'à la fin de la nuit… encore… et encore… Tu veux sa queue dans ta bouche… la mienne dans ton joli petit derrière… tu veux mes crocs dans ton cou… Eh, pas de ça !
Il attrapa William par les cheveux et tira violemment sa tête en arrière, l'empêchant de planter ses canines dans la jugulaire.
- Bourre-là à fond, dit-il, le visage vampirique. Le reste, c'est moi qui m'en charge !
Relevant la masse de cheveux blonds, il goûta à la jeune chair délicate, avalant avec volupté le sang frais. William ferma les yeux, pour ne pas voir sa bien-aimée être métamorphosée par son sire. Mais trop tard… Cette vision l'excitait au plus haut point. Il se sentit durcir encore et comprit qu'il allait bientôt jouir.
La saisissant aux hanches, il plongea plus profondément en elle, allant et venant avec de grands coups de boutoir. Buffy se sentit partir, plaisir et douleur étroitement mêlés. Elle ne savait plus si c'était la bouche d'Angélus ou le pénis de William qui la faisait jouir…
Son corps se cabra, en proie à un violent orgasme, elle se sentit mourir, tandis qu'Angélus lui disait d'un ton rauque :
- Bois, Buffy, bois…
Elle avala à son tour le sang chaud, si différent du corps froid. Angélus crut qu'il ne pourrait pas se retenir. William se retira de Buffy, et il se plaça à son tour au-dessus d'elle. La main de la tueuse enserra son sexe et amorça un mouvement de va-et-vient lancinant.
Il écarta doucement les cuisses fines tandis qu'elle buvait toujours, avidement, puis frotta son pénis roide contre le pubis encore humide du sperme de William.
" Enfer ! Je ne suis tout de même pas un puceau excité par sa première femme ! Je ne vais pas jouir avant de l'avoir pénétrée ! "
Il entra d'une poussée brutale, prêt à lui faire mal, mais ne provoqua chez elle que frénésie. Elle souda son corps au sien, accompagnant ses coups de reins, se soulevant pour l'engloutir en elle, toujours plus loin.
- Oh, mon dieu ! Angélus ! parvint-elle à crier, secouée de frissons de jouissance.
Son ventre était en feu sous les coups de queue du vampire. Son sang s'était mêlé au sien. Elle se transforma soudain et planta ses canines dans le cou de son amant. Toujours soudée à lui, elle le fit s'allonger sur le dos et s'installa à califourchon.
- Qu'est-ce que tu attends, imbécile ? demanda Angélus à William, immobile, tandis que Buffy le chevauchait.
William ne se le fit pas dire deux fois. Saisissant la lourde chevelure blonde, il amena ses lèvres à hauteur de sa hampe raide. Docilement, elle ouvrit la bouche et l'avala tout entier, entourant de la langue la peau fine et douce, le mordillant doucement, le faisant gémir de plaisir.
Angélus contemplait, fasciné, leur reflet dans le miroir. Soudain son corps se raidit et à longs jets puissants, il lâcha sa semence dans le vagin contracté. Il reprit son souffle et fixa le visage en sueur de William.
- Vas-y, ma douce… Avale, pompe-le… Regarde, il va décharger tout son foutre…
Et William, incapable de se retenir plus longtemps, éjacula dans la gorge avide de la tueuse. Elle s'allongea sur le lit, à son tour, et Angélus enfouit sa bouche dans le clitoris insatisfait.
- On ne va pas la laisser comme ça, la pauvre petite chérie, murmura-t-il.
Il darda une langue mutine le long du bourgeon de chair et elle frémit, le corps secoué de spasmes violents. Lui saisissant les cheveux, elle appuya plus fort sa tête contre son sexe et jouit avec violence.
- Tu as un goût de cannelle et de vanille… , murmura Angélus.
Ensuite, les trois vampires s'effondrèrent sur le lit, épuisés. Pas pour longtemps… La porte s'ouvrit sur Darla, une moue amusée aux lèvres.
- Dru et moi, nous vous avons gardé de quoi vous nourrir, en bas…
- Je meurs de faim ! s'exclama Buffy en se redressant.
- Moi aussi ! renchérit William.
Angélus éclata de rire.
- Si j'ai bien compris, reprit Darla, la famille s'agrandit ?
Sans répondre, son compagnon se leva et la rejoignit pour l'embrasser.
- Ça te dérange ? demanda-t-il avec douceur.
- Tu sais très bien que non, mon chéri. Plus on est de fous, plus on rit… Je ne me sens pas en danger… tant que tu ne les aimes pas plus que moi, acheva-t-elle d'un ton menaçant
Il l'embrassa à pleine bouche, voracement, avec bestialité.
- Tu es mon sire, Darla… Je ne l'oublie pas.
- Et tu fais bien ! Il faudra tout de même que je goûte à ces morceaux de choix qui nous ont tant fait courir, conclut-elle en fixant William et Buffy.
Ceux-ci s'étaient bien gardés d'intervenir dans la conversation, comprenant qu'elle ne les concernait en rien. Ils en avaient juste profité pour se rhabiller. Les quatre compagnons descendirent ensuite retrouver Drusilla.
Devant la maison close, un autre trio hésitait quant à lui sur la conduite à tenir. Devaient-ils entrer rechercher leurs amis ? Les cris et les hurlements qui avaient retenti quelques minutes plus tôt étaient quelques peu dissuasifs.
- Bon, allez, zou ! fit soudain Anyanka. C'est Spike et Buffy qui sont dans la merde !
- Oui, vous avez raison, renchérit Willow. Il faut y aller !
- Haut les cœurs ! ajouta Alex.
Cependant, aucun des trois ne bougea. De longues minutes s'écoulèrent, pendant lesquelles chacun resta plongé dans ses pensées. Tétanisé.
- On va tous y rester, dit soudain Anya.
Willow sursauta.
- Pourquoi dîtes-vous ça ?
- Parce que ma moitié démoniaque en est persuadée…
Un ange passa, puis Alex reprit la parole, plus décidé que jamais :
- Tant pis, il faut au moins essayer. Même si nous devons mourir dans une dimension qui n'est pas la nôtre… Ce sont nos amis.
Willow aquiesça, puis se dirigea d'un pas ferme vers la magnifique demeure. Après une brève hésitation, les deux autres lui emboîtèrent le pas. La main de la jeune fille ne tremblait pas lorsqu'elle sonna. Un domestique couvert de sang, terrorisé, leur ouvrit.
- Fuyez, vite, balbutia-t-il avant de s'effondrer.
En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le trio fut happé à l'intérieur.
- Mais non, voyons ! fit Dru avec un rictus. Joignez-vous donc à nous !
Les trois amis eurent l'impression de basculer dans l'horreur. En face d'eux, Buffy Summers, anciennement tueuse et élue, était en train de saigner à mort un jeune homme blond, celui-là même qui avait humilié William un peu plus tôt dans la soirée.
Elle releva la tête et sourit ironiquement en les voyant.
- Ah, enfin ! s'écria-t-elle. Après l'entrée, voici les hors d'œuvre et les desserts !

Interlude

Les yeux de Dawn s'emplirent de larmes. Sa tristesse égalait sa frayeur. Pourtant, elle osa lever la tête vers Bahal, et le regarder bien en face.
- Comment as-tu pu me faire ça ?
- Mais chérie, ironisa le démon, je n'ai fait que t'accorder un souhait !
- C'est faux ! se récria-t-elle avec force. Tu as tout organisé !
- Faux, Dawnie, répondit-il avec gravité. Je n'ai aucun contrôle sur les événements. Je n'ai fait que les renvoyer dans un univers parallèle, en 1880. Si ça s'est passé ainsi, c'est parce que c'était écrit.
- Je ne crois pas à ces conneries ! hurla la jeune fille.
Elle lui balança un crochet du gauche en pleine mâchoire, lui arrachant un grognement de frustration. Il la saisit par les poignets et la ramena brutalement contre lui, à quelques centimètres de son visage hideux.
- Tu disais que tu m'aimais, sanglota-t-elle.
Toute colère quitta soudain Bahal devant son air désemparé. Il lui caressa doucement les cheveux.
- Mais c'est vrai, mon amour. Tu es la seule, l'unique.
- Mais comment… ?
- C'est très simple, expliqua-t-il. Ravel t'aime. Donc moi aussi.
Dawn était perdue.
- Ce que Ravel ressent, je le ressens, reprit-il. Et ce que je ressens, Ravel le ressent. Nos sentiments et nos goûts sont étroitement liés. En fait, nous sommes les deux faces d'une seule et même personne.
- Jekyll et Hyde, mumura l'adolescente.
- En quelque sorte, fit-il en reprenant le visage de Ravel Dennison.
Dawn se blottit contre lui.
- Oh, Ravel, dit-elle, ses yeux baignés de larmes, j'ai l'impression que j'ai sacrément merdé sur ce coup-là…
- En effet.
Ils restèrent un instant silencieux avant qu'elle ne lève la tête vers lui.
- N'y a-t-il… vraiment… aucun moyen de tout annuler ?
- Dawn, exaucer ton vœu m'a énormément affaibli, soupira-t-il. Il est probable que je mourrais en essayant de l'inverser.
La jeune fille éclata en sanglots amers.


Chapitre 10 : Sunnydale, 2002

Tara se retourna lentement vers Angel.
- Il n'y a aucun moyen pour nous d'aller en enfer, dit-elle.
- A part… en mourrant, termina Giles.
Un silence désespéré s'abattit sur le petit groupe. Ce coup-ci, l'apocalypse semblait inévitable.
- Il y aurait bien un autre moyen, hasarda Wesley.
Quatre paires d'yeux se braquèrent sur lui. Encouragé, il continua :
- Nous pouvons essayer de contacter Bahal.
- C'est risqué, fit Giles.
- Et pour lui dire quoi ? demanda Cordy, toujours pragmatique. " S'il vous plait, monsieur le grand méchant démon, pouvez-vous annuler ce que vous avez fait ? "
Giles réfléchissait, sourcils froncés.
- C'est le seul moyen, Cordy, lâcha Angel d'un air sombre. Mais si nous sommes obligés de le tuer, ça n'annulera pas le sort et ils resteront prisonniers de cette autre dimension.
- Il y a un espoir, hasarda Giles.
- Lequel ? s'enquit Tara.
- Je pense que Ravel éprouve réellement des sentiments pour Dawn. Dans le cas contraire, il l'aurait tuée depuis un bon moment.
- Mais qui vous dit qu'elle n'est pas déjà morte ? fit Tara, désespérée.
- Nous aurions retrouvé son cadavre.
Giles se dirigea d'un pas décidé vers une étagère et en sortit un livre usé, corné à force d'avoir été lu trop souvent. Il le feuilleta. Les autres retenaient leur souffle.
- Voilà ! s'exclama-t-il après quelques minutes de silence. L'invocation à Bahal…
Se tournant vers les autres, il les jaugea longuement.
- Vous êtes prêts ?
Un hochement de tête général lui répondit. Giles traça un pentagramme sur le sol et chacun se plaça à chaque extrémité, une bougie dans les mains.
- Hécate, Némésis, Abaddon, vous les démons, vous les maîtres, commença Giles.
- …
- … de votre humble serviteur, daignez accorder le souhait…
- C'est la cata, murmura Cordélia à l'oreille d'Angel. Je suis morte de frousse.
- Chut !
- … faîtes que Bahal, votre puissant allié, apparaisse devant nous !
L'air sembla se remplir de souffre. Les flammes vacillèrent et un vent froid glaça le sang des cinq amis. Une forme tremblotante se mit à apparaître au centre du pentagramme. Elle se matérialisa de plus en plus rapidement, ses contours se solidifièrent. Quand ce fut fini, Ravel Dennison les regardait d'un air moqueur, tenant contre lui une Dawn terrifiée.
- Oui ? C'est à quel sujet ? demanda-t-il avec nonchalance.
Ce fut plus fort que lui. Angel avança d'un pas.
- Ne franchis pas le pentagramme ! cria Wesley.
Angel s'arrêta net et tendit le bras. Sa main ne trouva que le vide, passant au travers du corps de Ravel comme s'il s'agissait d'un fantôme.
- Angel, tu ne l'atteindras pas. Il n'est pas dans notre dimension, expliqua Giles.
- Eh oui, petit vampire ne mordra pas ! ironisa Ravel.
- Dawn, murmura doucement Giles, ignorant l'interruption, tu as fait quelque chose de dangereux, mon enfant…
- Je sais, Giles, sanglota-t-elle. Je… je ne… voulais pas ça…
- Que voulais-tu alors ? s'enquit Cordy, curieuse.
- Je… Je pensais… que si Buffy rencontrait William, avant qu'il ne devienne Spike, elle en tomberait amoureuse ! Alors j'ai souhaité qu'ils se rencontrent en 1880…
Giles poussa un profond soupir.
- Et à cause de ton vœu, la bouche de l'enfer va être ouverte de nouveau.
L'adolescente se mit à pleurer de plus belle.
- Oh, Giles ! C'est encore pire que vous croyez ! s'écria-t-elle. Buffy et William ont été vampirisés par Angélus, et ils s'apprêtent à tuer Anya, Alex et Willow !
Angel sursauta violemment. Un rictus de souffrance tordit ses traits.
- Maudit sois-tu ! gronda-t-il à l'adresse du démon.
Ravel prit les traits de Bahal, et s'inclina en une révérence moqueuse.
- A ton service ! Maintenant, que comptez-vous faire ? Essayer de me persuader de tout annuler ? Comme je risque ma peau en faisant cela, il faudra vraiment que votre offre soit à la hauteur !
- Nous n'avons rien à te proposer ! s'exclama Tara, au bord des larmes.
- Moi si.
Le silence tomba sur cette dernière affirmation, faîte d'un ton décidé par Dawn. Elle se tourna vers le démon.
- J'ai une proposition à te faire, seule à seul.
- Intéressant…
- Dawn, fit Giles, pressant. Que veux-tu faire ?
- C'est moi qui ai fichu tout ce bazar, Giles, affirma la jeune fille. C'est à moi de le réparer. Essayez de tenir le coup en attendant.
La silhouette du démon et de la jeune fille devint floue, puis disparut tout à fait.
- Nous n'avons plus qu'à lui faire confiance et espérer, conclut Wesley. Cette jeune personne m'a tout l'air d'avoir du cran…
- C'est une Summers, répondit Angel.
Un bruit violent les fit tous sursauter. La porte de la boutique de magie venait d'être déchiquetée par une hache. Une horde de démons griffus se tenait sur le seuil, tous aussi moches les uns que les autres.
- Coucou, c'est nous !
- Génial ! fit Cordy. On n'attendait plus que vous pour commencer la fête !
Ce fut une mêlée générale.
En enfer, une adolescente déterminée affrontait un démon au regard scrutateur. Bahal ne savait pas à quoi s'en tenir, et cela l'agaçait. Dawn pouvait être imprévisible, il l'apprenait à ses dépens.
- Je t'écoute. Qu'as-tu donc à m'offrir, qui mériterait que je risque ma peau ?
- Moi, répondit-elle calmement.
Le démon en resta bouche bée.
- Tu dis que tu m'aimes, et je te crois, reprit-elle. Mais je te demande d'annuler le vœu que j'ai fait. En échange, je resterai à tes côtés en enfer… pour toujours.
- La belle affaire, si je meurs !
- C'est à prendre ou à laisser.
Il se rapprocha d'elle, menaçant.
- Mais qui m'empêche de te garder de force ? Ou de te prendre de force ?
Il la jeta sur le lit et s'allongea auprès d'elle. Ses mains parcoururent brutalement le corps fragile.
- Tu auras tout ça avec mon consentement, répondit-elle avec un sourire qui n'atteignait pas ses yeux. Dans le cas contraire, je peux te promettre que tu ne violeras qu'un cadavre.
Bahal la scruta jusqu'au fond de l'âme, et Ravel refit surface. Elle disait la vérité. Il la voulait. Il l'aimait. A quoi bon lutter ? Il avait trouvé quelque chose qui valait la peine de mourir. Quelque chose qu'il ne retrouverait jamais.
- Marché conclu.
Il se leva et effectua la même préparation que Giles. Un pentagramme. Des bougies. Ensuite, il se plaça au centre, matérialisa un poignard, et sous le regard horrifié de Dawn, se saigna les veines. Le sang se mit à couler au centre de la figure géométrique, et atteignit rapidement les cinq côtés. Le jeune homme se mit à psalmodier dans une langue inconnue, le visage tendu dans une intense concentration.
L'adolescente, fascinée, observait le sang… et la puissance qui émanait du démon. Elle se sentit prise d'un vertige, et se concentra. Elle devait lui donner de sa force, le soutenir autant qu'elle le pouvait. Elle ne voulait pas qu'il meure.
Dawn comprit à ce moment-là toute la force de ses sentiments pour Ravel… et la mesure du sacrifice qu'elle avait consenti à faire pour sa sœur et ses amis.
A la boutique de magie, les cinq amis combattaient avec l'énergie du désespoir. Mais plus ils tuaient de démons, plus il semblait en arriver. C'était insoluble.
- On va tous crever ! hurla Cordy. Il faut s'enfuir !
Ni une ni deux. Chacun détala vers la sortie de derrière. Ils se retrouvèrent dans la rue, poursuivis par une horde assoiffée de sang et se précipitèrent sur la Plymouth. Angel démarra sur les chapeaux de roues, éjectant au passage quelques démons plutôt opiniâtres.
- Et maintenant, où allons-nous, Giles ?
L'ancien observateur échangea un regard avec Wesley. Ils avaient eu la même idée.
- Il n'y a qu'un seul endroit.
- Le lycée de Sunnydale, reprit Wesley.
- La bouche de l'enfer ? murmura Angel. Un bel endroit pour mourir… ou pour empêcher l'apocalypse !
- Prions pour que Dawn ait pu convaincre Ravel, souffla Tara.
Le sort du monde était désormais entre les mains d'une toute jeune fille…

Interlude

Le sol avait pris une teinte rouge. Le corps ensanglanté du démon reposait entre les bras de la jeune fille.
- Ne me quitte pas, Ravel, murmura-t-elle. Je t'aime…
Lentement, il ouvrit les yeux. Sa respiration était saccadée, son corps avait perdu de sa chaleur, mais au moins, il était vivant.
- J'ai réussi, Dawn, souffla-t-il. J'ai réussi.
- Ne parle pas, économise tes forces. Il faut te reposer.
- Je l'ai fait pour toi, chérie. Je ne l'aurais fait pour personne d'autre dans cet univers.
- Je sais, Ravel, sanglota-t-elle, émue devant ce corps si faible. Je n'aurais jamais d'autre amour que toi.
Elle approcha ses lèvres des siennes, et lui insuffla toute sa force vitale.
- Tu as besoin de te reposer, Ravel.
- Dawn, fit-il en ouvrant les yeux, tu peux regarder dans le cristal pour connaître la suite des événements. Mais si tu préfères rentrer pour combattre à leurs côtés, je comprendrai…
- Chut, tais-toi, je reste auprès de l'homme que j'aime…
Elle le berça doucement, et lorsqu'il se fut endormi, se tourna vers le cristal. Comme s'il n'attendait qu'un signe de sa part, celui-ci lui montra Sunnydal
e…

Chapitre 11 : Apothéose

Abaddon ne se tenait plus de joie. Enfin, la porte de l'enfer était en train de se rouvrir. Angel, prisonnier du vampire Drago, contemplait avec une fascination mêlée de répulsion l'ouverture béante, rouge sang, s'agrandir lentement. Des cris et des hurlements se faisaient entendre.
- Oui, mes amis, oui, mes frères, murmura le chef des légions infernales, venez à moi…
- Excuse-moi, je crois que tu as oublié un tout petit détail, fit soudain une voix bien connue.
Démons, vampires, observateurs, médium et sorcière se retournèrent comme un seul homme. Stupéfaits. Derrière eux se tenaient un petit groupe qu'ils ne pensaient plus jamais revoir vivants.
Buffy Summers, la tueuse, les poings sur les hanches, contemplait ironiquement Abaddon. A ses côtés, un vampire décoloré fit un clin d'œil goguenard à Angel, tandis que Willow, Anya et Alex envoyaient un petit signe de reconnaissance à leurs amis.
- Quel est donc ce détail que j'ai oublié ? demanda Abaddon, perplexe.
- Moi !
Sur cette affirmation péremptoire, la jeune fille lui sauta à la gorge. La tueuse était de retour. Elle commença à balancer des coups de tous les côtés. Spike, Alex, Anya et Willow n'étaient pas en reste. Mais il devint vite évident que les démons étaient trop nombreux.
- Il n'y a qu'un seul moyen, hurla Giles, il faut refermer la bouche de l'enfer !
Buffy se précipita sur Abaddon avec l'énergie du désespoir, mais fut brutalement saisie par une main griffue. Elle se trouva nez-à-nez avec un monstre qui bizarrement, lui sembla familier.
- Laisse, murmura le démon, je m'en occupe. C'est son sang qui doit refermer la porte et les renvoyer tous en enfer.
- Mais qui es-tu ?
- Non, tu es trop faible ! Tu ne peux pas le combattre !
L'exclamation de Dawn fit écarquiller de grands yeux à Buffy. Sa sœur était debout, à quelques mètres d'elle. La tueuse comprit aussitôt qui était ce démon.
- Ra… Ravel ?
- Pour te servir, tueuse, répondit-il en reprenant forme humaine. Mais appelle-moi donc Bahal.
Alors qu'Abaddon éclatait de rire, Buffy Summers comprit que sa sœur allait avoir bien des choses à lui expliquer.
- Bahal, mon fidèle lieutenant ! ricana le chef des légions. On dirait que ton plan n'a pas si bien fonctionné, après tout ! Tu te décides enfin à venir combattre à nos côtés ?
- Pas tout à fait !
Et le jeune homme se jeta sur son ancien seigneur. Celui-ci le renvoya à terre. Les deux démons s'empoignèrent, entamant une fascinante danse de la mort autour de la bouche béante. Alentour, chacun s'était arrêté de bouger pour contempler cet étrange duel.
Ravel avait pour lui la jeunesse, mais il était encore faible, tandis qu'Abaddon était fort et expérimenté. Au bout d'un temps qui leur sembla durer une éternité, le chef de la horde démoniaque jeta son subordonné à terre. Il leva son poignard ciselé et…
- Ravel, attrape !
Dawn s'était saisie d'une lourde épée, qu'elle envoya de toutes ses forces au jeune homme. Buffy contempla avec stupeur cette inconnue, forte et sure d'elle, qu'était devenue sa petite sœur. Machinalement, elle tua Drago, debout à côté d'elle, libérant de ce fait Angel.
Comme dans un rêve au ralenti, tous virent ensuite Ravel attraper au vol la massive épée, et la planter jusqu'à la garde dans le corps d'Abaddon.
- Désolé, gronda-t-il, c'est moi, le nouveau chef, maintenant !
Le sang d'Abaddon se mit à couler le long de l'ouverture, et celle-ci se referma lentement. Ravel poussa le cadavre à l'intérieur, puis se métamorphosa de nouveau en Bahal.
- Repartez en enfer ! ordonna-t-il aux démons. Notre heure n'est pas encore venue…
Ceux-ci contemplèrent le vainqueur du combat, leur nouveau chef, puis se jetèrent un à un dans l'ouverture infernale. Bientôt, le démon resta seul avec le petit groupe d'amis. Il redevint Ravel, regarda Dawn, et elle lui tendit la main.
- Tu as rempli ta part du marché, Ravel, murmura-t-elle. Je tiendrai la mienne.
Buffy sursauta violemment.
- Comment ? Que veux-tu dire ?
Giles posa une main réconfortante sur son épaule.
- Ils ont conclu un marché, Buffy, pour vous sauver.
- Buffy, dit gravement Dawn, j'ai promis à Bahal de le suivre en enfer, où je serai sa compagne.
- Ah, ça ! Hors de question ! hurla sa sœur.
Dawn sourit devant la panique de son aînée. Elle se sentait si mature, maintenant.
- Une promesse, c'est sacré, Buffy. Et surtout, c'est mon choix.
Toute l'équipe contempla ce sacré petit bout, et Buffy se dit que sa sœur était en train de devenir une jeune femme extraordinaire. Elle la serra très fort dans ses bras, et toutes deux ne purent retenir leurs larmes.
- Tu vas nous manquer, p'tit bout, souffla Spike, aussi ému que les autres.
Dawn prit la main de Bahal, et tous deux disparurent. Pour se retrouver à l'extérieur du lycée.
- Mais… je ne comprends pas, murmura l'adolescente.
Ravel eut un sourire tendre, infiniment triste.
- Dawn, tu m'as appris que l'amour, c'était aussi le sacrifice de soi. Tu m'en as offert la preuve la plus éclatante en acceptant de quitter ta famille et tes amis pour rester avec moi. Mais tu ne serais pas heureuse, en enfer. Alors, je te libère de ta promesse.
Les larmes coulaient doucement sur les joues de Dawn. Son cœur cognait à en exploser.
- Tu vois, tenta-t-il de plaisanter, moi aussi je sais faire preuve de générosité !
Elle ne put articuler qu'un seul mot :
- Merci.
Ensuite, elle se jeta à son cou, et ils échangèrent un long, passionné et sensuel baiser. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, sentant encore le goût de sa bouche contre la sienne, il avait disparu.
Alors, avec un profond soupir, elle alla rejoindre sa sœur et ses amis, qui l'accueillirent avec des cris de joie.
Des heures. Des heures qu'elle tournait dans sa chambre comme un lion en cage. Ils avaient tous eu une grande explication générale. Elle avait embrassé Giles, Wesley, souhaité (non sans un petit pincement au cœur) tout le bonheur du monde à Angel et Cordélia, puis avait longuement discuté avec sa sœur, tout en évitant soigneusement le vampire décoloré qui la scrutait du regard.
Juste avant de repartir, Angel lui avait doucement murmuré à l'oreille :
- Va le voir seule à seul et ayez une franche explication.
Elle avait aussi tenté de mettre des mots sur ce qu'Angélus leur avait fait subir, mais c'était trop dur, et le vampire s'était contenté de dire :
- Ne dis rien, je sais de quoi Angélus est capable. Je me doute de ce que vous avez vécu, et je ne peux que m'en excuser.
- Toi ? ! Mais tu n'étais même pas là !
Elle l'avait embrassé, et rassuré Cordy d'un sourire. Arès de longues discussions, chacun était rentré chez soi. Avec au moins un point positif : Alex avait raccompagné Anya et les deux jeunes gens étaient partis la main dans la main.
Elle allait devenir folle si elle ressassait encore tout ce qu'elle avait vécu en 1880. Les souvenirs étaient si frais, si présents à son esprit ! Avait-elle vraiment été cette jeune américaine aux toilettes somptueuses, incapable de tuer qui que ce soit ?
N'y tenant plus, Buffy attrapa sa veste et dévala l'escalier. Elle hésita un instant à l'idée de laisser Dawn toute seule. Sa sœur, assise sur le canapé du salon, semblait plongée dans ses pensées. Elle tourna la tête vers Buffy.
- Dawn, je vais…
- … à la crypte, termina l'adolescente. Buffy, est-ce que tu me pardonneras un jour ?
Buffy resta silencieuse un instant.
- De m'avoir permis de vivre l'expérience la plus magnifique et la plus terrifiante de mon existence ? Dawnie, tu es ma petite sœur. Je te pardonnerai toujours tout.
Elle sortit et s'enfonça dans la nuit de pleine lune.
Des heures. Des heures qu'il tournait dans sa crypte comme un lion en cage. Spike passa une main tremblante dans sa chevelure platine. Il n'en pouvait plus de revivre tous ces événements. Buffy… William… Leur nuit torride dans le bordel. Leur transformation par Angélus. Tout ça tournoyait dans sa tête comme les images d'un film… Il allait devenir dingue !
- Par l'enfer ! tempêta-t-il.
Avant de s'arrêter net. Il venait de sentir sa présence. Il alla ouvrir et la trouva sur le seuil, immobile, tremblante.
- Je crois qu'il faut qu'on parle, murmura-t-elle.
- Ah, quand même ? ! ironisa-t-il. Tu te souviens que j'existe ?
- J'aimerai bien oublier que tu existes, répondit-elle tristement, mais je n'y arrive pas.
Spike garda le silence, sa colère tombée.
- J'aimerai oublier tes mains sur ma peau, continua-t-elle, oublier ta bouche sur mes seins, et ce sentiment qui me liait à William.
- William, dit-il avec amertume. Pas Spike.
- Mais Spike, répondit-elle, étonnée, William, c'est toi. Tu ne l'as pas encore compris ? Il fera toujours partie de toi.
Spike, silencieux, constata avec une douloureuse surprise qu'elle avait entièrement raison.
- Je me souviens de la douceur de ta peau, murmura-t-il à son tour, de la sensation de plénitude que tu m'as apportée. Je me souviens de ta virginité… Je ne pourrai jamais oublier tout ça et ça va me rendre cinglé !
Il ferma les yeux, désespéré. Buffy sentit des larmes couler le long de ses joues. Elle ne pouvait plus nier la force de ses sentiments pour lui. Il était temps de cesser de lutter en vain.
- Que tu sois William ou Spike, je t'aime, mon amour.
Il la regarda, incrédule, se demandant s'il avait bien entendu, puis la serra contre lui à l'étouffer, fou de joie. Il était passé en quelques secondes du désespoir à l'euphorie. Elle le couvrit de baisers, riant et pleurant à la fois. Leurs bouches se rencontrèrent, se redécouvrirent et le vampire et la tueuse se laissèrent emporter par la passion.
- Je ne veux pas aller trop vite, souffla-t-il soudain en se détachant d'elle. J'ai peur de tout gâcher.
La tendresse se lisait dans les yeux de Buffy lorsqu'elle répondit :
- J'ai envie de toi, Spike, et de passer ma vie à tes côtés. Aussi, sois rassuré, tu n'iras jamais trop vite pour moi…
Les deux jeunes gens basculèrent doucement sur le canapé, sans cesser de se prouver par des caresses et des baisers toute la force de leurs sentiments…

Interlude final

Assise sur le sofa, Dawn contemplait les étoiles scintillantes. Elle sourit en songeant que sa sœur n'allait sans doute pas se montrer de la nuit. Aucune importance. C'était bien mieux ainsi. Elle envie d'être seule. L'adolescente se sentait triste, mais aussi bizarrement heureuse. Le cœur en liesse. Elle aimait, et elle était aimée. Et c'était merveilleux.
Buffy aimait Spike. Spike aimait Buffy. Et ça aussi, c'était fantastique. Dawn poussa un soupir de bien-être avant de murmurer doucement :
- Je t'aime, Ravel.
Quelque part dans une dimension infernale, un jeune homme en jean, occupé à jouer des arpèges sur sa guitare, leva la tête, sourit et répondit doucement :
- Et je t'aime aussi, Dawnie.





FIN



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Site mis en ligne le 12 mars 2003
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